New York, fin des années 30. Depuis l'abolition de la prohibition, c'est le jeu qui alimente les caisses de la Mafia. Les tensions qui règnent entre les différents clans qui dominent les bas-fonds new-yorkais ne s'estompent pas pour autant et la fragilité des alliances est toujours de mise. C'est au sein de ce climat tendu qu'Anthon' Poucet continue de veiller sur Anne, son amour de jeunesse. Mais lorsque Madame Queen lui propose de quitter le clan de Big B., sa destinée amorce un nouveau virage et le choix risque bien d'être lourd de conséquence...
Après un premier cycle flambé au whisky prohibé, "La cuisine du Diable" remet donc le couvert avec ce diptyque intitulé "La poussière des anges". Ce nouveau plat bien épicé et saignant à souhait est à nouveau concocté par
Damien Marie et
Karl T. et se base sur la même recette explosive. Et que ceux qui viennent de se mettre à table soient immédiatement rassurés : même si les clients de longue date apprécieront d'apprendre ce qu'il est advenu d'Anthon' et de sa bien-aimée, il n'est cependant pas nécessaire d'avoir gouté au mets précédent, pour apprécier celui-ci.
C'est donc six ans après les péripéties de [i]La cuisine du Diable[/i] que le lecteur retrouve les quartiers malfamés de la Big Apple. Après al Capone et Eliott Ness,
Damien Marie intègre d'autres personnages mythiques au casting, tels que Bugsy Siegel, Lucky Luciano ou Dutch Schultz. Cet ancrage historique à travers les plus célèbres représentants de la pègre américaine, permet à l'auteur d'accroître le réalisme de sa fiction.
Au centre de cette saga, le jeune Anthony Poucet continue de mettre le feu à un cocktail ethnique et mafieux particulièrement explosif. Après des mésaventures impliquant les gangs de Chinatown et les clans irlandais, ce sont maintenant les afro-américains de Madame Queen qui se mettent en travers du parcours tumultueux de ce gangster italien à la dualité intrigante. Capable du meilleur comme du pire, cet orphelin rendu attachant par sa destinée tragique et son amour inébranlable envers Anne, ne parvient cependant pas à quitter cette route balisée par le désespoir et la violence.
Usant d'un ton sombre, le scénariste exploite à merveille l'âge d'or du mythe du gangster et propose un récit, certes très conventionnel, mais parfaitement mené et porté par la personnalité d'un héros très attachant. Malgré l'enchaînement un peu rapide de certains événements en deuxième partie d'album, le lecteur ne perd jamais le fil de cette première partie de diptyque, livrée sous forme de long flash-back. Visuellement, le dessin réaliste de
Karl T. et l'emploi judicieux de teintes sépia restituent parfaitement l'ambiance de début de XXe siècle et contribuent à entretenir une atmosphère sombre et prenante.
Un deuxième cycle qui ravira les fans de sagas mafieuses.