"Je suis un misanthrope peu mondain, un solitaire bavard" confie au lecteur
Jean-Pierre Marielle, ce pudique versatile, qui se met pourtant à nu sans fausse modestie dans
le grand n'importe quoi, une autobiographie sans complaisance qui est tout sauf du n'importe quoi.
L'acteur connu, à présent âgé, le comédien reconnu qui joue sur tous les registres, reste flou sur son intimité (trois mariages, deux divorces, un enfant), ce sont plutôt ses souvenirs qu'il classe ici en un précieux abécédaire (on pense au dernier Philippe Claudel Parfums en moins poétique), ses amitiés indéfectibles (de Jean-Paul Belmondo le copain de toujours à Henri Salvador qui lui manque), son admiration pour
Ingmar Bergman "le cinéaste ultime",le conservatoire,ses débuts au cabaret avec
Guy Bedos,ses grands films (comme Les grands Ducs ou La petite Lili),ses habitudes au café de Flore...etc
J'avoue que le fait de savoir que
Jean-Pierre Marielle aime le thé plus très chaud mais pas encore froid m'a laissée tiède! par contre j'ai apprécié les définitions pertinentes et pétillantes distillées dans
le grand n'importe quoi (ex: "J'habite une langue plutôt qu'un pays.Je me sens ainsi partout chez moi" ou "les zoos me dépriment: fait-on visiter des prisons aux ours et aux girafes?" ou à propos de sa moustache: "je pense être né avec" ou au sujet du désespoir: "être confronté au réel sans rien pour le colorier").
De plus j'ai apprécié la personnalité sensible (fidèle en amitié,discret,drôle,observateur,modeste,franc,exigent,solitaire,chanceux,attaché à la terre) de ce grand acteur qui se dessine entre les lignes.
Enfin ce que j'ai trouvé intéressant pour le lecteur ce sont ses confidences de comédien qui joue pour "s'inventer un destin", qui éprouve de la "compassion" pour les personnages qu'il doit interpréter, des personnages qui sont pour lui "comme un voyage".