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EAN : 9791091365802
200 pages
Le Realgar (20/08/2019)
3.5/5   3 notes
Résumé :
« Qu’est-il arrivé à Monsieur Charles, surnommé Popotame, que l’on retrouve un matin gisant dans un champ d’avoine du domaine familial, « tout un nuage de grolles attablées dans les entrailles » ? La voix de la vieille Marceline raconte, modelée dans son accent de la campagne poitevine, enregistrée par le narrateur le temps d’un été, alors qu’il n’est encore qu’un jeune homme. Elle relate l’histoire attachante de Charles du Puy du Pin de la Chambue, jeune peintre d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je suis une lectrice de romans de terroir et le titre et la couverture, sobre, tons or et noir, dans un style japonisant (je suis très sensible au choix de la couverture des romans), « Tout était devenu trop blanc » m'a évoqué un paysage enneigé, un terroir montagneux dans une lande maigre, frustre, parsemée d'arbres comateux au-dessus desquels tournoient et nichent choucas et corneilles, et un scénario dans un milieu campagnard avec une intrigue à découvrir : qu'est-il arrivé à Mr Charles ?. Je me suis proposée pour recevoir ce roman, n'ayant jamais rien lu de cet auteur.
Alors, titre, couverture, et maintenant la « substantifique moelle » du roman.
L'histoire se passe à la campagne, pendant la première guerre mondiale, dans un ancien domaine agricole, « une vieille gentilhommière un peu décatie mais au sommet d'un tertre et ombragée de pins », avec en fond de roman l'évocation des rapins de la Butte-Montmartre ;
Une famille de nantis qui vit de ses rentes, sans travailler, sans compter son argent, qui reçoit pour le paraitre provincial, « pour d'eux-mêmes ériger, dans le trouble de l'époque, en baronnie leur fief de la Chambue, se couronnant barons du Puy du Pin de la Chambue, personne n'y regardant ni de prêt ni de loin, » pour boire et gueuletonner, où l'on soupe à 18h en temps ordinaire dans cette vie de province année 1910, une famille qui ne comprend rien à la peinture mais où il est de bon ton de compter un enfant peintre . Un père autoritaire, qui aime la chasse, et la bonne chère et le bon vin, bien rouges, fils de paysans nantis au passé laborieux et constructif. Une mère fille héritière d'un architecte de 1875 propriétaire terrien du domaine de l'Escastraire en Provence, couvert de vignes et d'oliviers, grosse famille de Bandol, « chichiteuse » à qui « il fallait de l'excellent, du délicat, du servi chez les princes et les altesses, de l'Escoffier, guide culinaire », un frère et une soeur , sans grande personnalité, désoeuvrés, au physique aussi sec que leur mère.
Et Charles Desmassoures, qui fut le professeur de peinture, vite dépassé par l'élève, distillateur itinérant, peintre du dimanche, , qui aura plaisir à enseigner sa passion et ses connaissances dans cet art qu'il a découvert au hasard de ses livraisons de quinquina à Paris, mort hémiplégique, ruiné par la guerre.
Deux familles du lieu, notables provinciaux bourgeois, les Laurencie-Peznec et les Bordier de la mare et leur jumeaux, de la faculté de Paris, qui s'opposent, sans jamais les saluer, aux jouissifs du Puy du Pin de la Chambue, héritiers de paysans nantis, « bons cambroussards » aux lointains ancêtres « au cul des vaches »
Et puis le narrateur : il retrouve des bandes magnétiques vieilles de 40 ans qui lui évoque le temps où, âgé de 19 ans, étudiant qui a besoin d'un petit job estival pour payer ses études de lettres, il avait mené une enquête pour valoriser le patrimoine et mieux connaitre les peintres exposés dans la galerie du musée de sa petite ville et pour laquelle il avait été amené à rencontrer, en 1975, cette vieille dame, 85 ans, pensionnaire en son temps d'une maison de retraite: Marcelline, cuisinière chez les du Puy du Pin de la Chambue avant 1936.
Il se souvient avoir découvert 2 petits tableaux, « sobrement encadrés » rencognés près de la meurtrière d'une tour du musée, peints par le jeune Charles du Puy du Pin de la Chambue, le 3è enfant de la famille, goulu dès sa naissance, gros voire obèse, à la peau laiteuse, et l'alimentation sucrée, faite de viande blanche, à l'inverse de son père chasseur, carnassier : « il faut du rouge, Marceline, du rouge ! ». Enfant à contre-courant de la mentalité de ses arrivistes et loufoques parents, dévoré par les « grolles cannibales » après avoir reçu 2 charges de chevrotines dans le ventre, « CPPC comme il signe ses toiles » et que son père va dénommer ironiquement « Popotame ». Ces 2 toiles abandonnées au domaine et données par la famille en 1936 lors de leur exil en Provence
Mais qu'est-il arrivé à Charles ?
A la fin du livre, enfin on va le s' avoir !

Hélas, la fin du roman m'a laissée sur ma faim, à mon sens elle est tronquée elle se termine en eau de boudin. La question qui est posée en 4è de couverture, une question dont on espère avoir la réponse au fil de l'histoire, apparemment la réponse n'a pas d'intérêt dans ce roman, qui nous laisse deviner que la peinture de Charles a du succès, mais on en saura pas plus, le domaine se vide, les personnages se meurent les uns après les autres, et puis rien ! A quels galeristes, chez qui ont été déposées les toiles de Charles, profitent les ventes des tableaux, quottés chez Sotheby's ?

Par contre, c'est une découverte de l'auteur et de ce style d'écriture, un langage parlé-écrit, une écriture du parlé, jouant de la virgule et du tiret pour ponctuer la phrase et la faire se déployer, comme lors d'une transmission orale le son sort de la bouche.
Une écriture riche, dense, copieuse comme la cuisine de Marcelline.
Je laisse à chacun le plaisir de découvrir le talent littéraire de Lionel-Edouard Martin, de le déguster comme je l'ai fait au fil des pages, reprenant phrase après phrase, mot après mot, pour mieux m'en imprégner et mieux l'appréhender.
C'est un livre qui se lit dans le recueillement, le calme d'un jour de repos, bien calé dans un canapé, entièrement concentré.
J'ai aimé côtoyer Charles, et je remercie Masse Critique et Les Editions le Réalgar pour m'avoir donné l'occasion de rencontrer Lionel-Edouard MARTIN, et le désir de le retrouver à la lecture d'un prochain roman.
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Grand merci aux Editions le Réalgar pour l'envoi du roman "Tout était devenu trop blanc" de Lionel-Édouard Martin.
C'est un roman à facettes dont l'intérêt ne réside pas d'emblée dans le fond mais plutôt dans la forme avec le "parlé" cocasse-terroir de Marceline et le "phrasé"magnétophone-décalé du narrateur.
C'est le passé de la passée, "la vache n'y retrouverait pas son veau" et notre syntaxe haut perchée en prend plein les mirettes :
Cette forme âpre, rurale, c'est un monde qui s'éteint avec une voix qui n'éxiste déjà plus, une voix qui raconte une mutation historique pile au démarrage de l'industrialisation, sur les terres des du Puy du Pin de la Chambue (le nom est déjà un roman, appropriation douteuse d'une noblesse pour une famille qui a commencé "au cul des vaches"). Chez ces PPC on trouve un Charles tout en rondeur, surnommé Pototame, tout est dit. Ce Charles, "nouant en couvre-chef les 4 coins de son mouchoir" est un peintre fauve-Douanier Rousseau qui sera retrouvé le ventre dévoré par des grolles, "ces oiseaux noirs", "charognards et compagnie" au moment où un "blanc lourd", plâtre et carrière envahit la campagne bientôt amnésique.
Avec empathie on suit Marceline qui déroule un discours teinté de patois Poitevin plein de bon sens et on regarde interrogateur le narrateur qui les attrape avec un filet à papillon constitué de phrases sans verbes, de participes présents vivants, de séquences de films qui se déroulent dans notre cerveau, dame, c'est bien le but, de garder en mémoire ces trésors-là !
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Le livre commence ainsi « … Vous savez, les grolles, on appelle ça des grolles, nous autres, mais en bon français - parce c'est du patois grolle, pas du bon français, en bon français, les grolles, c'est ce qu'on appelle corbeaux, pies, tous ces oiseaux noirs - »

Le narrateur réécoute un enregistrement qu'il avait fait alors que, jeune homme, Il effectuait un stage dans le petit musée local de M***. Intrigué par un petit tableau, il en demande l'historique auprès du grainetier, autrement nommé, l'érudit local qui l'envoie vers Marceline Alamichèle dans son Ehpad. Elle fut la cuisinière des du Puy du Pin de la Chambue.

Les du Puy du Pin de la Chambue, famille paysanne enrichie a modifié son nom après la Révolution. de Puydupin, on a rajouté deux particules, plus le nom d'une parcelle leur appartenant. Bien sûr, comme tout sang rouge devenu bleu, un blason est arrivé, l'argent permet beaucoup de choses !

Dans cette famille du Puy du Pin de la Chambue, le fils, Charles, dit Popotame pour sa silhouette généreuse détonne quelque peu. Pensez, le père hobereau féru de chasse, mangeaille, troussage de jupons ne comprend absolument pas ce fils toujours dans les jupes de sa mère.

Charles, genre hermaphrodite, asexué trop blanc, trop amorphe, trop ou pas assez, « le garçon flasque, là, sans désir. Pas même le "bouais" qui se redresse, s'il en a un » qui se cache du soleil sous un grand parapluie a des prédispositions à l'art. Monsieur Desmassoures, pardon Desmassoures, on ne s'embarrasse pas de monsieur dans ce milieu, lui tient lieu de professeur. Il s'avère que l'élève est doué. Tendance le Douanier Rousseau dans un premier temps, plus tard, il trouve son propre style. Depuis peu, alors qu'il est mort, ses tableaux se vendent chers chez Drouot et autres vendeurs aux enchères.

C'est la Marceline qui raconte son Charles. Dame, elle l'aimait !« Je le voyais, moi, par mes yeux, c'était un regard de tendresse. Un regard de tendresse, ce sont des lunettes en couleur qu'on se pose sur le nez pour voir le monde comme il n'est pas : j'avais des lunettes roses quand je le regardais, moi, monsieur Charles, des lunettes roses, oui, tout garçon qu'il était, parce que le bleu lui allait mal, que le bleu va mal à ces gros garçons qui, torse nu, jambes nues, vous affichent une belle panne de porcelet ... ». Ce n'est pas à lui qu'elle aurait dû faire la déclaration faite à son père qui voulait la trousser : "Rangez-moi ça, monsieur le baron, ou je vous le coupe". Ses relations avec les jumeaux voisins empirent lorsqu'ils exploitent la carrière et que tout l'alentour est recouvert d'une poussière blanche, que l'eau de la rivière est blanche, que l'étang est blanc… Tout ce blanc qui défigure SON paysage.

Est-ce pour cela que l'on retrouve mort, avec les grolles sur le ventre ? On ne connaît pas la et le baron fait vite fermée l'enquête… Pas de vagues.

Marceline dans un patois avec des tournures élaborées raconte, à travers son Monsieur Charles, la période de la première guerre mondiale dont il est question en filigrane, mais qui ne perturbe par la vie châtelaine. Quant au narrateur, quelle voix chantournée, quel vocabulaire et tout cela, sans que cela soit pesant, non, l'ironie, le sourire, l'ironie sont là en filigrane, prêts à fuser.

J'apprécie chez Lionel-Edouard Martin son écriture qui va du terroir au langage châtié, presque savant, cela fuse du ventre et de la tête. A chaque page la poésie est présente, évanescente ou rabelaisienne avec rythme et amour de la langue

Lire ses livres est un vrai dépaysement linguistique, un réel plaisir. Je découvre également une nouvelle maison d'édition

Icare au Labyrinthe - Mousseline et ses doubles - Nativité cinquante et quelques
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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J'ai découvert ce livre grâce à Masse Critique, le titre m'ayant intriguée, le résumé m'ayant attirée. j'aime bien les romans du terroir, m'immerger dans le quotidien campagnard. Mais j'avoue être restée sur ma faim. Les paroles de Marcelline n'ont pas réussi à m'imaginer dans la campagne profonde, les aller-retour entre l'histoire de Popotame et du narrateur m'ont dérangé. Les personnages évoqués par Marcelline m'ont semblé fades et lisses. J'ai été déçue ...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Du coup, ça doit blanchir la peau, tout ça, même en été, la rendre fragile. Blanc comme un linge, Monsieur Charles, blanc comme ma batiste, et craignant le soleil, les fortes chaleurs, au point que c'en était ridicule, il ne sortait que sous un parapluie. Un gros garçon tout pâle, vous imaginez, sous un parapluie? C'était une habitude qu'il avait prise vers ses douze treize ans. Cela faisait rire la baronne et mademoiselle, le baron, lui haussait les épaules, un peu scrogneugneux: "Potame! Tu me fait honte, pourquoi pas une ombrelle, tant que tu y es?" - Bref, ce genre de propos d'homme, de mangeur de viande rouge, mais il avait beau dire, rien à faire, c'était le parapluie dès qu'il sortait, monsieur Charles, dès qu'un rayon se posait sur la campagne, et malgré le chapeau.
"Évidemment ça gloussait partout. "Qu'on n'aurait pas voulu que son fils, etc", vous voyez le genre.
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...c'était comme si monsieur Charles avait suivi sa pente, un peu comme le plant de tomates sans tuteur qui vous rampe à même le sol pour semer plus à son aise ce qui le turlupine dans sa tête de tomate - les pépins -, sans souci de beaux fruits bien mûrs - mais tout bourru de gourmands, rampant que je te rampe, tâchant d'atteindre au plus loin du pied pour planter ses petits, dans une espèce d'idée fixe om la tomate se fiche pas mal de sa propreté - que même elle se vautre avec plaisir dans la bouillasse.
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Puis ces messieurs rentraient, remisaient les fusils, photographiaient le tableau de chasse - le clou, c'était la bécasse ou la tourterelle frappée sans débord d'une balle en pleine tête - ces dames s'extasiaient d'une "telle adresse", qui arrivaient à la sonnée de midi voiturées par des chauffeurs en tenue, Peugeot, Renault, Delage, mais plus fréquemment calèche, victoria, c'était l'orangeade - "par cette chaleur" - avant de prendre place à table, et débutait le gueuleton monumental long comme un jour sans pain, prolongé tard, café, liqueurs, les enfants jouaient sur les pelouses.
Vie de province 1910.
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Le soleil, la lune, sont des oranges et ce sont pourtant des masses énormes de pierre, de feu.
Qu'on tient dans sa paume, de jour, de nuit, pour peu qu'on lève un bras -
la lune, surtout, quand elle pend lourde à l'arbre invisible où elle est mûre.
Tout est dans l'œil, oui, dans le regard qui seul ordonne, qui place au juste rang dans la profusion tumultueuse de l'univers.
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- Laissez-le peindre : la peinture est un exutoire.
- Un exutoire ?
- Un exutoire. Votre étang, quand vous le trouvez trop plein, qu'est-ce que vous faites ? Vous le débondez, l'eau s'écoule dans le ruisseau, vous pouvez pêcher la carpe. C'est ça l'exutoire : l'excès dont on s'épure.
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Videos de Lionel-Edouard Martin (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel-Edouard Martin
Lionel-Édouard Martin - Mousseline et ses doubles .Lionel-Édouard Martin vous présente son ouvrage "Mousseline et ses doubles" aux éditions du Sonneur. Rentrée littéraire 2014. http://www.mollat.com/livres/martin-lionel-edouard-mousseline-ses-doubles-9782916136769.html Notes de Musique : ?Peas Corps? (by Podington Bear). Free Music Archive.
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