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EAN : 9782021409239
176 pages
Seuil (03/01/2019)
2.96/5   13 notes
Résumé :
Un jeune homme débarque dans un petit village de la Drôme. En plein hiver. Il arrive du Sénégal, sans-papier, il a dû se frayer un chemin à travers l'Espagne, mentir, endurer foyer, centre de rétention pour arriver jusque-là. Et il cherche monsieur Denis. Ils se sont connus là-bas, en Afrique, monsieur Denis travaillait pour une ONG et David Sedar était son guide. Avant de partir, monsieur Denis lui a fait une promesse - et David Sedar tient à ce qu'elle soit honoré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après deux romans parus aux éditions des Equateurs en 2004 et 2008, Jean-Yves Martinez arrive au Seuil, dans la récente mais déjà réputée collection Cadre Noir. L'homme est inconnu de nos services, fiché nulle part, discret donc, ce qui donne d'autant plus de force à ses Enchaînés, que l'on n'attendait pas.

Au bout d'un parcours éprouvant depuis le Sénégal, David Sédar, sans papier, arrive dans un petit village de la Drôme où il compte retrouver monsieur Denis, qui travaillait pour une ONG en Afrique et lui a fait une promesse avant de partir. C'est l'hiver, les choses ne se passent pas comme le jeune homme l'avait prévu, et il se retrouve dans une maison au milieu des bois, en compagnie de la femme de monsieur Denis, qui, lui, a disparu. Pendant ce temps, sur la commune, on abat les chiens errants à vue afin d'éviter une épidémie de rage …

Sur un canevas de départ plutôt original, Jean-Yves Martinez pose en 170 pages à peine un récit à lire d'une traite, installant dès les premières lignes une atmosphère délétère. Laissant volontairement dans l'ombre les principaux éléments clés du récit, l'auteur immerge le lecteur dans une espèce de brouillard dont n'émergeront que progressivement quelques embryons de réponse.

Rien ici n'est vraiment net, précis. Les contours des personnages, comme leurs motivations, restent flous. Sans être un véritable huis-clos, Les enchaînés en utilise quelques éléments et tout, dans le décor, contribue à imposer une sensation de malaise. Mais, au-delà de ce cadre noir (clin d'oeil) et de cette ambiance étouffante, c'est bien un roman sur le mensonge et la manipulation que l'on tient dans nos mains. Que s'est-il réellement passé au Sénégal ? Où est monsieur Denis ? Que veut sa femme ? Quelles sont les vraies attentes de David Sédar ? Lorsque la vérité semble vouloir apparaître, elle éclaire chacun(e) d'une lumière nouvelle et démontre qu'ici, personne n'est ce qu'il (elle) prétend être.

Ce sont les rapports particuliers unissant ces personnages qui donnent son titre au roman et l'on comprendra rapidement que les liens entre deux personnes peuvent se resserrer au point de devenir entrave ; c'est à ce stade qu'en arrivent les protagonistes de ce texte, unis bien malgré eux dans la noirceur du mensonge et de la manipulation. Texte court et tendu, Les enchaînés constitue une excellente découverte de ce début d'année.
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Bonjour,

Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Les enchaînés" de Jean-Yves Martinez aux éditions du Seuil.

David Sedan Ndong, 32 ans, Sénégalais, a traversé l'Espagne pour venir clandestinement en France retrouver son patron, Monsieur Denis, qui travaille pour une ONG. David était son chauffeur et guide. Ils se sont connus en Afrique, et Denis avait fait une promesse à David qui est donc venu en France pour l'honorer.

Mais arrivé dans le village de Monsieur Denis, il est recueilli par sa femme Diane. Elle lui annonce que son mari a disparu. Mais surtout, Denis a laissé derrière lui un mystérieux carnet noir où il a consigné tous ses écrits sur l'Afrique. Et avec son récit des questions restées en suspens. Seul David peut apporter des réponses. Dehors, la neige tombe à gros flocon, le gendarme rode et les chiens aussi…

Un bon roman noir qui trouve là une magnifique histoire sombre, bien noire, à raconter, un soir d'hiver, sans électricité, avec cette mort omniprésente en dehors qui ne peut franchir les murs de la cabane qu'occupent nos deux protagonistes.

Un huis clos dans cette bicoque qui abrite le Mal et renferme les secrets les plus inavouables. Cette tension accentuée par l'évènement de la disparition du mari, le jeune sénégalais qui sait des choses que la femme ignore, tout ça se mélange dans cette ambiance lugubre.

Que s'est-il passé en Afrique ? Pourquoi Monsieur Denis a disparu et où a-t-il pu bien aller ? Que veut réellement Diane ? Pourquoi David est-il venu jusqu'en France ? Quelles sont ses attentes réelles ?

Entre abandon, manipulation, mensonge, les personnages vont éprouver leur lot de douleur et de souffrance. Chacun cherche des réponses que l'autre ne peut lui révéler. le flou qui évolue autour de l'histoire renforce ce sentiment d'obscurité.

La fin magnifique conclue admirablement ce récit aussi surprenant que singulier. Un roman court, efficace, qui se lit d'une traite, avec lequel on s'attache très vite.

Bonne lecture, amis lecteurs !
Lien : https://lecture-chronique.bl..
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« Je sais moi que jamais il n'aurait pris la plume pour écrire à la main à quelqu'un en qui il n'aurait eu une confiance totale, alors je vous en supplie, dites-moi ce que vous pensez de ces phrases, de ce poids trop lourd, de ce qui a été, de ce qui me révoltera. Ce sont des mots très durs. Je ne sais pas sur quelle piste sont partis les gendarmes, ils ne me disent jamais rien de convaincant, mais moi… moi je suis sûre que Denis parle de quelque chose qui s'est passé au Sénégal, quelque chose de grave qui l'a affecté au plus profond de lui-même. Je connais mon mari depuis qu'il fait ce métier, il a toujours été immunisé contre le désespoir et la dépression, mais cette fois-ci, lorsqu'il est rentré, ce n'était plus le même. »

C'est peu de dire que Jean-Yves Martinez soigne l'atmosphère générale de son roman noir. le jeune sénégalais David Sedar affronte pour la première fois les froidures de l'hiver (dans la pays du facteur Cheval), se réfugie dans une bicoque isolée où vit l'épouse de son protecteur puis survient une panne d'électricité. A cela s'ajoute la présence malsaine du policier municipal qui abat les chiens errants. de plus, l'auteur laisse planer un trouble qui transparaît dans la confusion des propos des personnages.
De ce huis clos naît une extrême tension qui pourrait s'apparenter aux romans d'épouvante. Jusqu'au bout du bout on reste dans un brouillard de pensées équivoques, sans que l'auteur ne nous délivre les clés. Que s'est-il réellement passé ? Où est passé Monsieur Denis ?
Les Enchaînés est un Cadre noir puissant qui expose la confrontation de ces deux êtres abandonnés. Manipulation et mystification sont au coeur de ce splendide récit.

Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Je passe totalement à côté de ce roman noir qui n'a rien éveillé en moi à part l'incompréhension.

Je n'ai pas compris ce qui devait se dégager du roman. Je suis restée en trait des émotions de David Cedar, de Diane. Je n'ai pas compris les chiens, je n'ai pas compris pourquoi. Bref, j'ai pas rien compris au livre mais le but m'échappe.

L'écriture est très bien mais en fait, c'est par moment bien trop flou. Je n'ai pas eu la sensation qu'on essayait de m'induire en erreur mais juste que tout était flou comme si on savait pas trop. Diane est dans une urgence que je n'ai pas saisi et que le tempo du livre ne rend pas non plus, on avance à deux vitesses, des personnages pressés et une lecture molle.

Une lecture tout de même rapide (parce que je lis vite) mais trop molle et dont je n'ai pas tout compris, j'en ressors perplexe.


Lien : https://loeildesauron1900819..
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David Sedar, sénégalais, sans-papier, arrive dans le petit village de Hauterive par une froide journée d'hiver. Il cherche Monsieur Denis.Or Monsieur Denis a disparu. Il est accueilli par la femme de ce dernier qui vit seule dans une maison isolée et qui cherche à comprendre ce que son mari a fait en Afrique avant de disparaître. Un roman noir qui plonge le lecteur dans l'envers des missions humanitaires.
Lien : https://www.conseilslittéraire..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
...jouissance et douleur confondues, traumatisme indélébile, fêlure inhérente à l’être, et surtout méfiance et rage à jamais, car désormais tu devras vivre avec cette cicatrice d’amour sur les lèvres, ce bec-de-lièvre de l’âme qui deviendra plus tard on ne sait quoi de tragique et de vil chaque fois que tu ouvriras la bouche pour donner un baiser à la vie, oh ma bien-aimée, tu te demandes si je délire, n’est-ce pas ? mais non ! j’ai simplement compris, sans thérapie, sans grand déballage, que chez moi ce bec-de-lièvre, cette perversion originelle est devenue par je ne sais quelle transmutation cynique, quelle alchimie maudite,l’envie, le besoin, le désir irrépressible de contempler de près la misère des autres, de scruter à la loupe leurs famines, leurs maladies, leurs souffrances, j’ai besoin de ces fléaux comme d’un antidote, d’une drogue...
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C’est vrai, là-bas en Espagne il n’était encore qu’un fantôme, mais ici en France c’est fini, il a un destin tout tracé, il va d’abord redevenir David Sedar Ndong, trente-deux ans, de l’ethnie des Sérères, guide et traducteur officiel pour AfriquAlter, une ONG française à M’bour, Sénégal, c’est ce qu’il est vraiment, pas un illettré ni un crève-la-faim, non, il est diplômé de l’université de Dakar, il parle quatre langues, il est quelqu’un maintenant, un personnage, un vrai, comme le lui a dit monsieur Denis, « Tu n’es pas n’importe qui, David Sedar, tu es très particulier, très spécial, nous avons tellement de choses en commun. Je pars mais pour moi, désormais, tu existeras autrement, mon frère sérère, ailleurs, dans le livre, tu vivras dans le livre que je publierai en France, tu auras ton histoire, je te le promets, tu existeras… »
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Parfois je ne sais plus si j’ai vécu ces trois jours ou si je les ai rêvés.

Les visages et les lieux se brouillent dans mes souvenirs mais, même quand je ne suis plus sûr de rien, j’entends encore des hurlements de chien et une détonation sèche qui fige l’averse de neige au-dessus de moi.

Des gendarmes apparaissent, avancent comme en apesanteur dans le brouillard laiteux qui m’enveloppe. Je ne peux retenir aucune pensée, ni articuler aucun mot, mais j’ai conscience que c’est moi qu’ils tentent de ranimer en premier. Moi et pas l’autre qui gît à mes côtés, le regard vitreux.

Et lorsque l’un des gendarmes se penche sur mon voisin inerte pour abaisser ses paupières d’un geste grave et théâtral, j’éprouve cette sensation intense et douce de venir enfin au monde.
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Et tout à coup, il se sent cloué sur place : 0 °C ! Zéro degré Celsius ! Température zéro ! Partout ! Dans l’air, par terre, sur sa peau, dans sa bouche, dans sa tête ! Zéro degré ! Le chiffre si rond, si opaque, le chiffre ventouse qui avale les âmes, les pétrifie et les recrache dans la poussière comme de misérables cailloux arrachés à la matière. Jamais il n’aurait imaginé ce zéro ailleurs que sur le thermomètre de la chambre de congélation du port de M’bour, là où le poisson entreposé encore vivant crève en quelques secondes. Alors peut-être que ce village fantôme a déjà été terrassé tout entier par le froid d’ici. Peut-être qu’il a été raccordé à cet écran électronique qui égrène seconde après seconde les chiffres de son agonie.
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Je sais moi que jamais il n’aurait pris la plume pour écrire à la main à quelqu’un en qui il n’aurait eu une confiance totale, alors je vous en supplie, dites-moi ce que vous pensez de ces phrases, de ce poids trop lourd, de ce qui a été, de ce qui me révoltera. Ce sont des mots très durs. Je ne sais pas sur quelle piste sont partis les gendarmes, ils ne me disent jamais rien de convaincant, mais moi… moi je suis sûre que Denis parle de quelque chose qui s’est passé au Sénégal, quelque chose de grave qui l’a affecté au plus profond de lui-même. Je connais mon mari depuis qu’il fait ce métier, il a toujours été immunisé contre le désespoir et la dépression, mais cette fois-ci, lorsqu’il est rentré, ce n’était plus le même.
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