Béchu qui dans sa carrière d’avocat eut souvent à plaider dans de pénibles affaires où des parents poursuivaient les médecins de leurs filles mortes d’anorexie lui avait parlé un soir qu’ils dînaient tête à tête à la Cucinotta, une de leurs cantines napolitaines, du nombrilisme féroce des filles qui balançaient entre anorexie et boulimie.
— Si l’égoïsme est l’amour excessif de soi et l’égotisme la manie de parler de soi, ces nanas conjuguent l’un et l’autre. Le grand public se figure que ces filles se détestent, n’aiment pas leur corps, s’emploient à le détruire. Elles le détruisent peut-être, mais cela ne les empêche pas de l’aimer. Le « C’est moi qui l’ai tuée, ma Carmen, ma Carmen adorée » s’applique aussi à l’autodestruction. Ces filles n’aiment que soi, ne s’intéressent qu’à soi, et le chantage moral qu’elles exercent sur leurs proches avec leur réelle ou prétendue fragilité, leur réelle ou prétendue envie de mourir, est un jeu pervers qui ne mérite ni sympathie ni indulgence. Les anorexiques, les boulimiques sont de vrais scorpions.
50 ans après avoir été victime de Gabriel Matzneff, le plus célèbre écrivain pédo-criminel de la Vème République, Francesca Gee raconte, évoque les politiques, éditeurs et journalistes qui le protégeaient.