Dans les centenaires de l'Ouest américain, j'avais en tête Jack Crabb dans
Little Big Man de
Thomas Berger ou encore le légendaire Gueule-Tranchée de
Glenn Taylor et voilà que je découvre ce
Frank Mayer mort à l'âge de 104 ans. Pas un héros de fiction celui-là, un vrai de vrai qui a tout connu : clairon durant la guerre de Sécession, "coureur" de bisons, vétéran des guerres indiennes, rancher puis à 80 ans passés chercheur d'or ! Sacré tableau, je me dis que ce petit livre doit être fort intéressant et que les propos recueillis avant la mort du bonhomme et retranscrits dans ce petit livre passionnants.
Autant vous dire que c'est tout le contraire...
Frank Mayer n'a rien d'un héros du Far West, c'est juste un de ces nombreux types attirés par l'argent facile. En 1872, la peau d'un bison valait 3 dollars ce qui faisait beaucoup d'argent à cette époque. Mayer et deux acolytes parcourent les plaines et tuent du buffalo à tout va simplement pour les dépecer et vendre leur peau. Portrait typique de l'homme blanc qui par appât du gain se sert et pille la nature, détruit tout pour son profit : bisons, baleines, séquoias géants... Mayer n'éprouve ni fierté, ni honte. Il essaye de justifier que la fin du buffalo est orchestrée par l'Etat car la fin du buffalo rime avec l'asservissement des indiens "si on tue le buffalo, on conquiert l'Indien". Pourtant je pense que de nombreux chasseurs y voient avant tout un pur business plutôt qu'un acte charitable qui permet d'épargner la vie des indiens. Mayer nous raconte le type de fusil qu'il utilise Remington, Sharps, les calibres utilisés, les marques de poudre, la bonne façon de tuer un buffalo. C'est un personnage suffisant qui, a plusieurs reprises, dit tout connaître des fusils américains "du fusil à silex aux fusils modernes". Il explique que les chausseurs des années 1950 ne valent pas ceux des années 1870, de son époque.
L'épisode des fioles de poisons est risible ! Cela consiste à se trimballer avec une fiole de poison et de croquer dedans si on se fait capturer par les indiens, comme ça ils ne vous scalpent pas. Ils ne mutilent pas un homme mort, venant de la part de ces coureurs de buffalo intrépides qui ne prennent pas les mêmes considérations avec ces mêmes indiens ou encore avec les millions de bisons exterminés en même pas dix ans.
Bref, peut-être un témoignage précieux sur la vie à cette époque par ce qui est sans doute le denier
tueur de bisons mais pas un livre indispensable dans ma bibliothèque, loin de là. Je vais donc faire un place de plus sur mes étagères. Si vous souhaitez lire un livre passionnant sur les bisons, ces animaux majestueux des Grandes Plaines ainsi que sur l'histoire de leur chasse dans les années 1870 (il y a des chiffres très détaillés), lisez l'excellent Les bisons de Broken Heart de Dan O'Brien !