Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.
Bordel je suis aigri en ce moment, Je n'arrive plus à être un peu drôle, léger, enculé de la langue française, je reste là à chouiner sur mon sort de trentenaire, au lieu de siroter quelques blagues à rire déployé… qu'est ce que c'est que c'est que cette manie se flageoler la tronche à coups de misères futiles dont tout le monde se branle sauf moi ?
Je me dis : « va courir tes kilos en moins »… Mais l'autre jour j'ai tellement forcé sur la foulée que je suis mis un coup à la motivation de recommencer très prochainement, crachant de milles toux quelques clopes passées par là pour me redonner un coup de cancer au moral… Et puis faut avouer que mon canapé a des arguments bien plus convaincants pour que je m'étale comme une petite chose somnolente…
Ouais ça m'arrive de courir, pour évacuer un peu, avec la musique dans les oreilles pour m'occuper l'ennui avant que l'endorphine ne fasse son petit effet, je suis là tout seul au milieu des champs de betteraves, à trottiner sur cette vie qui m'échappe depuis quelques mois…
Du coup j'ai envie de me monter un petit scénario dans la tête, genre le gars, il gagne le prix Goncourt, pas de demi mesure, quand je me filme un fantasme, j'y vais sans modestie, sans retenue, je me lâche la bite au vent souvent, mais là il n'était point question de montrer mon zizi en pleine course, en pleine rue, les gens n'y comprendraient rein, enfermés tout qu'ils sont dans leur pudeur, et la police non plus j'imagine, difficile d'expliquer :
- Voyez-vous monsieur l'agent pour le bien de mon esprit en pleure, j'ai besoin de me fantasmer un petit peu la libido voyez-vous ?
- En sortant votre bite dans la rue
- le grand air lui donne bonne mine
- Et la garde à vue ?
- Connait pas, mais elle peut vous faire le garde à vous…
Non il ne serait point raisonnable de « sexy bitionné », du coup je me suis imaginé humblement gagner le prix Goncourt, grâce à mon livre qui s'intitulerait :
« Suce-moi la bite salope »
Enfin j'étais hésitant, je me disais que peut-être ça allait être compliqué avec un titre pareil de gagner l'estime de l'élite littéraire, alors j'ai voté avec moi-même pour :
« Je t'aime encore »
Putain rien que le titre et j'ai versé une petite larme de génie, le contenu au combien bandant me donnerait mon ticket d'entrée pour des émissions à la con ou je pourrais rencontrer des petits nanas toutes mignonnes… et là j'avais décidé que ce serait « Louise Bourgoin », allez savoir pourquoi j'ai choisi cette beauté délicieuse ?
Bien sur elle tomberait folle de désir pour moi au premier regard, j'aurais la répartie d'un enfoiré au coeur tendre, la timidité d'un Desproges, et la verve d'un Bukowski bien grammé, j'inventerai le buz romantique, balançant quelques bonnes réparties bien dégueulasses aux guignols politiques invités à se rendre ridicule, et alors dans un moment de démagogie, Je me lèverai de mon siège, les gens présents braqueraient leur curiosité sur moi et j'irai dans un élan d'égo embrasser la belle Louise qui conquise par tant d'originalité, me rendrait mon baiser au gout d'insouciance, les applaudissements seraient à la mesure de mon audace…
Alors je serai interviewé de milles louanges, gêné par cette modestie qui me caractérise fort bien vous en conviendrez et à la fin, je raccompagnerais La belle au gout de bombasse dans ma demeure…
Nous serions remplis d'un désir purement animal, ma langue frétillerait d'impatience, mes doigts chatouilleraient la luxure de folies lubriques, jusqu'à l'orgasme de nos deux corps affolés de plaisirs charnels…Elle poserait sa tête sur mon torse, me dirait que je suis si différent, qu'elle n'avait jamais ressenti ça auparavant…
Voilà pourquoi j'ai rêvé de courir longtemps, pour gagner le prix Goncourt et me taper Louise…
A plus les copains
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À vélo de Rhode Island jusqu'à Los Angeles, nous suivons le long voyage de cet homme au fil des paysages, de ses rencontres aimables ou désagréables, sous la pluie, le froid ou le soleil.
Coups de pédale qui font défiler les souvenirs, pour comprendre ce qui le faisait courir, ce qui l'a fait déraper, en se vautrant dans cette vie minable d'obèse alcoolique et dépressif.
« Lire, c'est un peu comme pédaler. Une fois qu'on s'y est remis, ça va tout seul. Mais au début, les phrases s'entortillent dans la tête. »
Il pédale, il lit, il délivre des morceaux de son histoire ici et là, lorsqu'on ne lui ferme pas la porte en le prenant pour un gros lard et un clochard, pour que les mots ne s'entortillent plus dans sa tête, pour ne plus fuir sa vie.
Une écriture déchirante, solide, honnête, sans fantaisie, qui tranche dans le vif des sentiments, sans faire de cadeaux, avec un humour plein de tendresse. Pas de héros, mais un homme avec ses faiblesses, tellement perdu et vide, malgré la nourriture ingurgitée, qu'il n'hésite pas à enfourcher son vélo, sans aucune préparation, sans bagages, sans peur des rencontres et du regard méfiant qu'on portera sur lui, tout au long de son périple. Il n'a rien à perdre, et il pourrait même finir par se trouver…
Traverser les États-Unis, à coups de pédale, à coups de chagrin, de solitude et de peur parfois, pour ne plus fuir sa vie, ne plus être rien, pour s'alléger aussi.
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Pas une histoire de course à pied, mais une quête de soi à vélo et une grande histoire d'amour.
Un Américain obèse et alcoolique perd son père et sa mère dans un accident d'auto. Il découvre aussi que son unique soeur est décédée. Sans intentions précises, il fait un tour sur son vieux vélo. Un enchaînement de circonstances transformera cette randonnée en un long périple à travers les États-Unis, un voyage qui lui permettra de se retrouver, sous la graisse accumulée par des années de beuverie et de mauvaise alimentation.
Un roman à plusieurs facettes, un texte qui coule et se déroule aisément, comme les kilomètres d'asphalte parcourus par le héros qui vit cependant des aventures rocambolesques : happé par un véhicule, battu, blessé par balle, volé et presque mort de froid.
On y rencontre de nombreux personnages et beaucoup de bons sentiments : un pasteur généreux, un mourant, un camionneur, réparateur de vélo, des familles et des amoureux…
On y parle des difficultés de la vie et des moyens d'y faire face : la fragilité de l'existence et les deuils inévitables; les cicatrices de la guerre; la folie et le poids qu'elle représente pour les familles, pour les proches; la solitude du fauteuil roulant et de la conquête de l'autonomie; les rêves englués dans la routine, la bouffe et l'alcool qui anesthésient les émotions.
On y parcourt les paysages et les grands espaces américains, des collines verdoyantes et des rivières poissonneuses, des montagnes et des déserts.
Un roman dont j'ai beaucoup apprécié le regard sur la maladie mentale, mais qui a peut-être un peu trop de « tout » pour plaire à tous…
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lu en 2007, vu la critique d'un de mes amigos babelios, j'ai comme l'impression que j'ai mal jugé....Peut être qu'il va falloir le relire un de ces quatres !? (quatre quoi d'ailleurs !!!!!?)
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Mon père n'était pas du genre à parler comme un livre, mais je me rappelle qu'une fois, le jour où Bethany avait été raccompagnée par Winnie Prisco et qu'elle avait juré de se tuer, mon père, qui était assis dans la cuisine avec maman, avait entouré cette dernière de son bras et dit : "À certains, la Vie demande davantage qu'à d'autres." Après quoi il avait saisi Bethany par le bras pour la reconduire dans notre break à l'hôpital.
Et ça m'est tombé dessus dans la salle de musique, comme tout me tombe du ciel. Le hasard. J'étais telle une boule de billard se heurtant aux gens et aux choses. Ainsi, même si ma vie enfantine ne comprenait pas de plan particulier ni un semblant de ligne de conduite rationnelle, c'était ma modeste façon d'être au monde. Intégré à la totalité. Mais aujourd'hui, plus rien ne me tombe du ciel. Je ne suis plus une boule de billard. Ce n'est pas à cause d'une blessure, ni de Bethany ou d'autre chose. Seulement j'ai trouvé que la télé, la bière et les bretzels, c'était plus facile. On allume le poste, on boit une rafraîchissante blonde, on s'installe confortablement pour fumer - que demander de plus ?
Il faut assumer, être fort; et la meilleure façon d’être fort, c’est de compter sur les autres et d’avoir le courage de leur faire confiance. (p.330)
…de tout temps, des hommes courageux sont partis chercher des réponses aux grandes énigmes de l’humanité. On a écrit des livres sur ces gens qui parcourent le monde afin de trouver des réponses à ces questions. (p.289)
La mort est-elle urgente ? Je ne sais pas. C’est peut-être seulement qu’on a alors l’impression qu’il y a des choses à faire rapidement.