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EAN : 9782708244702
96 pages
ATELIER (16/06/2016)
3.61/5   9 notes
Résumé :
Pour des millions de personnes, pas de travail du tout, ou pas assez pour en vivre. Pour des millions d'autres, trop de pression, des journées à rallonge...à n'en plus finir. Comment sortir de cette répartition inégalitaire et insupportable du travail? Comment combattre ce chômage endémique qui ronge la dignité, le présent, l'avenir, l'espoir? En facilitant les licenciements? En assouplissant le Code du travail? Non. Il existe une autre voie.
S'appuyant sur ... >Voir plus
Que lire après Einstein avait raison : Il faut réduire le temps de travailVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'idée que la liberté, c'est-à-dire le règne de l'humain, ne commence qu'au-delà de l'emprise de la nécessité et que l'homme ne surgit comme sujet capable de conduite morale qu'à partir du moment où, cessant d'exprimer les besoins impérieux du corps et sa dépendance du milieu, ses actions relèvent de sa seule détermination souveraine ; cette idée a été une constance de Platon à nos jours. Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, pour que cette critique ne soit pas exposée à un contresens de lecture, il faut réaffirmer en préambule de ce commentaire que le travail qui consiste à produire et reproduire les bases nécessaires à la vie ne relève pas pour nous de la liberté ; et que l'accroissement sans précédent de la productivité par le capitalisme doit permettre à notre avis la réduction du temps consacré au travail matériel déterminé par le besoin ou par des buts extérieurs.


Le livre de Pierre Larrouturou et de Dominique Méda, s'il a bien pour sujet la réduction du temps de travail, a de toutes autres raisons que les nôtres. La rationalité économique capitaliste est en effet au fondement de l'ouvrage et une indéniable révérence devant l'argent et le pouvoir politico-industriel s'y dévoile. Pour nos deux auteurs, paraphrasant Tancredi, avec moins de panache et de lucidité sans doute que lui, « pour que tout reste comme avant, il faut que tout change ». le choc actionnarial des dernières décennies, c'est-à-dire l'exigence de dégager une rentabilité des capitaux sans précédent, a nécessité d'imposer plus encore les désirs des capitalistes. le régime libéral a pour cela entrepris de produire des affects joyeux et intrinsèques. Totalitarisme confondant la vie de travail et la vie tout court, il a imposé dernièrement à tous la réalisation de soi dans et par le travail. Pierre Larrouturou et Dominique Méda, en bons prébendiers, veulent oublier cela et rassurer leurs mandants, sous-chapitres 7 : « La RTT n'a en rien plombé la compétitivité de la France », « La RTT n'a certainement pas dégradé la valeur travail ».


Entre 2008 et aujourd'hui, sans compter ceux, invisibles, qui sont sortis du marché du travail, le nombre d'inscrits à « Pôle emploi » est passé de 3,5 à 6,5 millions ; la croissance n'est pas au rendez-vous et les coûts du chômage, de 80 à 100 milliards par an, ont explosés. Dont acte. Pierre Larrouturou et Dominique Méda, de façon exclusivement comptable, hors de tout rapport de force véritable, invitent à faire le lien entre les gains de productivité très importants réalisés ces trente dernières années, leur mauvais partage et l'augmentation du chômage et de la précarité. Ils plaident, après tant d'autres et avec le succès que l'on sait, pour une moralisation et une rationalisation du capitalisme. Ne doutons pas qu'ils seront entendus et que la force intrinsèque de leur solide bon sens sera suffisante. Une réduction forte et généralisée du temps de travail est, en effet pour les deux auteurs, le seul moyen d'obtenir des créations d'emploi significatives. Pour en assurer leur financement, ils préconisent une exonération des cotisations sociales représentant 8% du coût du travail et ceci exclusivement pour les entreprises ayant réduit leur durée réelle hebdomadaire à 4 jours - 32 heures et ayant créé au moins 10% d'emplois en CDI (6,4 % seraient à la charge de l'Unédic qui verrait le nombre de ses chômeurs à indemniser fondre comme neige au soleil et le reste à celle de l'état). Cette exonération, assortie d'un blocage des salaires mais aussi de l'abandon de certains avantages sociaux et d'avantages sociaux certains, permettrait de garantir le financement intégral de la mesure car il faudrait qu'elle ne coûte rien au patronat. L'écriture est d'une absolue platitude et toute cette « épicerie » élémentaire est répétée ad nauseam, c'est à s'en décrocher la mâchoire.


Il vaut décidément cent fois mieux que vos idées soient attaquées par Pierre Larrouturou et Dominique Méda que défendues par eux tant leur démonstration est peu convaincante. L'utilisation importante et brouillonne de sources journalistiques et de ternes rapports technocratiques (ceux des auteurs ne sont pas les moins édifiants) au détriment d'une littérature de fond pourtant riche sur la question, la mobilisation de quelques cas anecdotiques sont symptomatiques d'un certain renoncement et d'une méconnaissance certaine. Les arguments invoqués et les textes cités en référence concernent des périodes très différentes qui ignorent royalement la spécificité de la crise financière actuelle (aux deux sens du terme : ne pas savoir mais aussi négliger). Les démonstrations sont déroutantes et contradictoires. Larrouturou et Méda marquent, sans apparemment s'en apercevoir, contre leur propre camp. Ils observent ainsi qu'une forme ou une autre de partage du travail a bien été instaurée, avec plus d'emplois précaires, plus de temps partiel, sans qu'il y ait eu le moindre effet sur le chômage. L'économie n'est pas en effet, n'en déplaise aux essayistes, qu'affaire de robinetterie, de baignoires qui se vident et se remplissent. Elle est autant une question de politique économique. Nous ne résistons pas ici au plaisir réjouissant de citer, à titre d'exemple de source invoquée fort médiocre, la prose du très médiatique Patrick Artus. Un article, où l'ignorance le dispute à la prétention d'une économie de l'addition et de la soustraction ornementée de grand P, grand N, petit t, grand W, donne quitus à la formule Larrouturou de partage du travail. L'économiste, sans sourciller, additionne en tête d'article emploi et productivité horaire et égale le tout à la baisse de la durée du travail. Nous en restons bouche ouverte et bras ballants et nous ne pouvons qu'être très, très inquiets pour le cercle des économistes, l'autorité des marchés financiers (AMF), la recherche économique de la banque Natixis et l'administration de Total à qui Patrick Artus offre ses services.


Le titre tapageur « Einstein avait raison » (intemporalité et omniscience du physicien) faisait craindre le pire, nous n'avons eu que de l'insignifiant.
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Einstein avait raison, il faut réduire le temps de travail. Amoureux des romans à l'eau de rose ou polards, passez votre chemin. Pierre Larrouturou et Dominique Méda nous expliquent à l'aide de cas concrets comment la semaine de quatre jours a créé des emplois (chez Mamie Nova, brioches Pasquier, Groupama…par exemple) avec une exonération des cotisations UNEDIC en contre partie. C'est facile à comprendre, s'il n'y avait pas de chômage, point besoin d'allocations aux chômeurs, donc pas de cotisation. Partager le gâteau « travail », c'est de cela qu'il s'agit. Entre zéro heure pour les chômeurs et 40, voir 50 pour les cadres, il y a un vaste champ libre à tout homme de bonne volonté pour remédier aux problèmes du surmenage au travail. On y découvre comment les trente-cinq heures ont été détricotées sous la pression du MEDEF. « Les 35 heures sont une aberration » répétait inlassablement le baron Ernest Antoine Sellière. En réalité, l'aberration vient plutôt du côté des opposants à la réduction du temps de travail. Il faut « travailler plus » martèlent les politiques amis du patronat sans argumenter leur conviction. Soit ils n'ont rien compris, soit le chômage les arrangent bien, permettant ainsi aux employeurs de mettre la pression aux employés trop contestataires. « Tu vois la porte : Si tu n'es pas content, il y a 6 millions de chômeurs pour prendre ta place ! » Est-ce la bêtise ou la malhonnêteté qui mène une campagne de dénigrement contre la semaine de quatre jours qui pourrait réduire considérablement le chômage ? Dans les programmes de la droite, on retrouve l'abolition des trente-cinq heures, alors que la loi « quelle connerie » en sortant du sénat l'aura définitivement achevée ! le progrès technique, on le sait détruit des emplois. A Lyon, à partir de 1850, les pauvres canuts se sont retrouvés tous nus comme le dit si bien la chanson. Ils travaillaient 18 heures par jour avant l'arrivée des nouveaux métiers à tisser ! « Il faut améliorer la productivité, la compétitivité des entreprises, il faut travailler plus longtemps » martèlent à longueur de journées les cadors de la politique, les spécialistes, les économistes réputés…Or, on le sait bien, améliorer la productivité, c'est supprimer des emplois, améliorer la compétitivité, c'est baisser les salaires, c'est tout tirer vers le bas. Si Einstein l'a dit, il ne faudrait peut-être pas le prendre pour un imbécile ! Lorsqu'on se dirige vers Marseille et que l'on aperçoit des pancartes indiquant Lille, Roubaix, Tourcoing, c'est que l'on s'est trompé de direction !
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le livre est pertinent et la démonstration magistrale, sur l'intérêt économique, social et humain de la semaine des 32 heures, comme le font déjà depuis plusieurs années de entreprise très rentables, à condition de revoir complètement l'organisation du travail.
Il rappelle également l'histoire du temps de travail (et notamment que c'est Chirac qui avait le premier poussé la semaine de 4 jours avec les lois de Robien).
On aimerait le faire lire à tous les politiques dont la posture irrationnelle vise systématiquement à décrier les 35 heures et considérer que travailler moins encourage la fin de la valeur travail...
On aimerait lire quelques arguments inverses, mais il est vrai que le livre est très orienté !
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Je ne l'ai pas encore fini, mais voici ce que je peux déjà en dire.
Ce livre est accessible aux non-initiés...mais peut être fatigant. Des chiffres, des % partout, des lois, ça peut être rédhibitoire.
Nous avons beaucoup à apprendre sur la réduction du temps de travail, et je pense que cet ouvrage rassemble pas mal d'infos intéressantes. Les auteurs ne se contentent pas de banalités sur le chômage, mais approfondissent jusqu'aux inégalités homme-femme.
Cet ouvrage a demandé beaucoup de travail!
Le troisième quart du livre s'attarde sur les résultats des entreprises ayant appliqué la RTT.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
N'en déplaise à Nicolas Sarkozy et à tous les libéraux de droite ou de gauche, le sens de l'histoire n'est pas de travailler plus (pour gagner plus) mais bien de travailler moins. Nettement moins ! Qu'on le veuille ou non, qu'on soit de droite ou de gauche, français, belges ou allemands, on travaille tous 2 fois moins que nos ancêtres qui vivaient il y a un siècle. On est passé de 7 jours à 6. Puis de 6 jours à 5. On a interdit le travail des enfants. Réduit la durée de la journée de travail et donné à tous des congés payés... Nous travaillons tous 2 ou 2,5 fois moins que nos ancêtres et avons considérablement gagné en niveau de vie. Tous ceux qui disent que la question de temps de travail ne se pose pas, peuvent-ils contester ce mouvement historique ?
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Le chômage n'est donc pas seulement une des conséquences les plus graves de la crise. il en est aussi l'une des causes premières. comme on l'a dit, c'est à cause du chômage et de la précarité que la baisse des salaires a été aussi forte et générale. c'est à cause de cette modération salariale qu'on a poussé les peuples à s'endetter.
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Vidéo de Dominique Méda
Limites planétaires #3 : Comment vivre dans un monde fini ? Conférence enregistrée en public pour la sortie du livre "Dernières limites" (Rue de l’échiquier, 2023) de la journaliste Audrey Boehly. Avec la participation de l’océanographe Philippe Cury, de l’agronome Marc Dufumier, et de la sociologue Dominique Méda.
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