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EAN : 9782842638641
125 pages
Le Dilettante (10/02/2016)
2.8/5   5 notes
Résumé :
Mérindol, nom rêvé pour un village, ou pour un couteau de poche, l’un qu’on respire fleuri à souhait, l’autre, fidèle, à la main. En l’occurrence, notre Mérindol à nous, Pierre, né Gaston Didier, c’est un zigue de première, complice de Robert « Bob » Giraud, l’auteur du Vin des rues, l’Homère des rades, et Robert Doisneau, l’Orphée du Rolleiflex. Formé après-guerre, le trio triole à souhait quelques années puis s’explose, chacun prenant sa voie : R... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
2015- 20 novembre 2022

Déjà plus de deux semaines que j'ai achevé cette lecture déroutante !
Une lecture complètement impromptue, imprévue...d'un livre offert par un ami, en 2015...retrouvé au fil de rangements incessants...de rayonnages surchargés !

Ami, libraire- Éditeur, aujourd'hui disparu, avec ce petit post-it griffonné, glissé à l'intérieur et retrouvé :
" J'aime les livres exhumés
Qui revivent comme celui-là "

Ces quelques mots ont réveillé à la fois de la curiosité et de la culpabilité pour ma " négligence oublieuse "...

Étant largement " sa cadette"...je n'avais même jamais entendu ce nom: Pierre Merindol...(** pseudo de Jean Didier)

Un récit bien singulier,à l'image de ce samedi tristounet,
" grisaillou " et automnal.Ambiance de lecture me faisant songer aux " Maigret", interprété par Jean- Richard, dans un Paris sépulcral, en noir et blanc, accumulant des paysages brumeux et inquiétants...

...Notre narrateur, routier solitaire, rencontre dans un bistrot un drôle de gars, Edouard, qui va faire un certain temps " tandem" avec lui, pour " avaler la route" et livrer toutes les marchandises et denrées possibles, confondues...
Jusqu'au jour où ils prennent en stop, une jeune femme paumée, en errance et solitude extrême, Françoise...qui va perturber le duo de " nos" camarades- routiers...
Je n' en dévoilerai pas plus...bien que la" vie en rose " ne semble pas trop décidée à pointer son nez , dans cette aventure humaine ou trop brièvement..!

Un récit incroyable qui décrit fort bien l'univers de " la Route" , des routiers, de leur addiction à la Route...mais aussi leurs existences empreintes de "Solitudes épaisses à couper au couteau" !!...Cette " séduction traîtresse " de la Route !

"Pour parvenir au domaine pur de la route- légende il faut passer par toutes les épreuves de la médiocrité qui en fait le prix.Et puis, ce n'est pas payer trop cher l'envoûtement de prendre la route et de pénétrer la plus rude aventure singulière...Tout ça vient lentement envahir ceux qui vivent avec les routiers et pour un gamin de seize ans qui a lu Miller et pas Jules Verne (ou enfin on peut le penser) il y a là une chance à courir dans la recherche de destinée étrange qui tient maintenant les gars comme avant les prenait l'envie des épopées napoléoniennes. "...

Je reviens un moment sur le parcours de l'auteur : figure de la bohème parisienne de l'après-guerre, ami de Robert Giraud et de Robert Doisneau ( **débutant tout juste sa carrière de photographe), il tâta un moment de la Brocante, notamment pour le galeriste, Pierre Loeb, avant de se "ranger" et de devenir journaliste à " Franc-Tireur" et au " Progrès de Lyon"...

Malgré l'ambiance sombrissime, ce roman est attachant à plus d'un titre...entre le Paris de l'après-guerre...les deux grandes familles représentées à la fois par les anciennes Halles de Paris ainsi que le monde particulier des " Routiers"...formant comme " des fraternités " !

J'ai eu, au départ, un peu de mal...avec ce texte...et au fur et à mesure, la magie a opéré...

Une ambiance brumeuse, mélancolique...enrichie heureusement par la camaraderie et la solidarité des
" camionneurs"...Une plume détonnante...un style, une "patte" d'une virtuosité incontestable : de l'extrême poésie, à la parole populaire, même argotique d'un " Titi parisien ", restant malgré tout , empreinte d'une belle sensibilité pour le " monde marginal" des " avaleurs de la route" , de la communauté qui " camionne"....


Des pensées vers cet ami qui m'a fait connaître tant de ses " chouchous " littéraires parmi les singuliers , les excentriques méconnus, " Les Clochards célestes ", selon l'expression de Thomas Vinau...

Un Merci posthume ( et je le regrette) ajouté à tous ceux que j'ai heureusement adressés du vivant de cet ami, passionné , entre autres, de l'oeuvre de Alexandre Vialatte...De moi-même, je n'aurai sûrement pas eu l'élan de cette lecture !


Je suis d'autant plus réjouie d'avoir fait la connaissance de cette plume...avec cet unique roman...dont son auteur ne semblait pas très acharné à faire publier !
Les éditions de Minuit ( *excusez du peu !) ont distingué
ce texte et l'ont édité en 1950...et aujourd'hui l'excellente édition du Dilettante a pris le relais, pour faire redécouvrir Pierre Mérindol...

Je ne peux résister à ajouter un dernier extrait , évoquant la fascination ambivalente et réelle de la Route...un style vraiment étonnant, qui, à son tour, nous fascine :

"Même Édouard était très chic avec le gosse et il avait fini par lui promettre de l'emmener en route au cours d'un des voyages suivants, ce que Jules espérait depuis longtemps, comme on peut le penser.La route devenait pour lui une obsession, à nous entendre énumérer des noms de villages, des marques de pièces détachées, de bonnes adresses, de mauvais lieux, de vieux souvenirs, des dates de crus, des dimensions de roues et tout ce qui fait la mythologie de la route entêtante comme les taches arc-en-ciel de mazout aux quais de Pantin ou les feux d'herbe en septembre prématuré. de tout ca, il suintait une traître séduction qui chez Jules tournait à la hantise et le fameux jour, où il prit place dans la cabine à côté d'Édouard, ça devrait lui virer la tête comme les chevaux de bois."



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Fausse route est le seul roman de Pierre Mérindol. Il fut publié en 1950 aux Editions de Minuit. L'histoire et surtout son contexte à savoir la route et la fascination du bitume sont propres aux années 1950.

Le récit est d'abord une succession de flash-backs expliquant les différentes rencontres du narrateur, chacune bouleversant sa vie et son comportement. D'abord, il rencontra Edouard au hasard d'un verre. Celui-ci s'immisça l'air de rien dans son boulot de routier. C'est justement sur la route que ces deux hommes croisèrent Françoise, jeune femme un peu perdue. S'installe alors un trio pas vraiment amoureux mais uni par des sentiments. Celui du pouvoir, du partage et d'une forme de liberté. Les deux hommes vivent une histoire simultanée avec Françoise. Finalement, c'est Edouard qui s'installe avec elle. Seul le narrateur continue de rouler. le trio disparaît au profit d'un autre, avec le jeune Jules.

Ce court roman est emprunt d'un profond désespoir qui n'est pas perceptible tant que les personnages bougent. L'auteur donne même l'impression que c'est le seul moyen qu'ils aient trouvé pour faire illusion, comme si tout allait bien. Les premiers chapitres nous plongent dans des longues traversées de France en camion Berliet. La vie à deux puis à trois dans la cabine du camion semble paradisiaque. Mais loin du camion et du mouvement, Edouard et Françoise dépérissent à leur manière. La deuxième partie du roman se concentre sur cette vie de couple plus classique. Elle est plus tranchante, les deux personnalités étant enfouies de plus en plus dans l'ennui. le narrateur, toujours sur la route, porte sur eux un regard douloureux.

Lien : https://tourneurdepages.word..
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"Une paire de drôles, le conteur et son pote Edouard, se camionnent la France en tous sens. Ils héritent en cours de route de la Françoise, une drôlesse finaudement mélancolique qui devient leur part à deux, à la pause ou sur les cageots de légumes, et finit par se mettre avec Edouard, ouvrant un bar de poche rue Mouffetard. Sortie de route prévisible, hélas, quand se joindra le gars Jules, nigaud ardent et brouilleur de cartes....."
(3me de couverture...)
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critiques presse (1)
LeFigaro
03 mars 2016
Les personnages hauts en couleur de l'unique roman de Pierre Mérindol sont les héros d'une tragédie se jouant dans la France et le Paris de l'après-guerre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Même Édouard était très chic avec le gosse et il avait fini par lui promettre de l'emmener en route au cours d'un des voyages suivants, ce que Jules espérait depuis longtemps, comme on peut le penser.La route devenait pour lui une obsession, à nous entendre énumérer des noms de villages, des marques de pièces détachées, de bonnes adresses, de mauvais lieux, de vieux souvenirs, des dates de crus, des dimensions de roues et tout ce qui fait la mythologie de la route entêtante comme les taches arc-en-ciel de mazout aux quais de Pantin ou les feux d'herbe en septembre prématuré. De tout ca, il suintait une traître séduction qui chez Jules tournait à la hantise et le fameux jour, où il prit place dans la cabine à côté d'Édouard, ça devrait lui virer la tête comme les chevaux de bois.

( p.98)
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Pour parvenir au domaine pur de la route- légende il faut passer par toutes les épreuves de la médiocrité qui en fait le prix.Et puis, ce n'est pas payer trop cher l'envoûtement de prendre la route et de pénétrer la plus rude aventure singulière...Tout ça vient lentement envahir ceux qui vivent avec les routiers et pour un gamin de seize ans qui a lu Miller et pas Jules Verne (ou enfin on peut le penser) il y a là une chance à courir dans la recherche de destinée étrange qui tient maintenant les gars comme avant les prenait l'envie des épopées napoléoniennes.

( p.72)
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Pour un gamin qui n'a jamais connu autre chose que la pension en province (et quelle province ! ) ou la compagnie d'un père à la vie trouble et forte comme un ricard quarante-cinq, on sait ce que c'est de débarquer à Paris par un matin d'hiver avec la neige sale qui traîne le long des murs comme une mousse de bière au fond d'un demi oublié et on imagine toute la montée de l'ennui et de la peur progressive et lente, à en perdre la tête et rester là devant une assiette de légumes les yeux en brouillard.
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Préface de Philippe Humm

(...) Ça parle biographiquement d'un gars qui se prénomme Robert Giraud. Bob pour les intimes.Et ses intimes à Bob, c'est rien que des parias, des gens de peu, du rebut qui piaule à la cloche dans le Paris d'après-guerre. (...)

Giraud sert et ressert un lectorat qui aime gloutonner à bas prix de l'authentique, du pittoresque ; s'encanailler sans se frotter le bout des godillots.
Seulement le roi Bob n'est pas loin d'être fainéant. Alors il se dégotte un autre zigue comme lui.Moitié broc ' aussi, moitié journaliste et moitié moins costard de la plume
( les lecteurs attentifs auront remarqué que ça fait trois moitiés. ) .Ce mecton là, c 'est Pierre Mérindol. (..)
Là-dessus s'en pointe un, avec une bouille de piaf et l'air pas trop chiant.On l'enrôle pas plus tard que tout de suite.Son nom ? Robert Doisneau.Dont les presque premières photos seront celles-là. Avec tantôt Giraud, tantôt le Mérindol dans le champ.

( p.7-8)
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Edouard me racontait sa vie comme s'il lisait une fiche signalétique de police (...)

Trente-deux ans, études moyennes en province ( licence en droit) et puis le coup de bambou, le départ pour Paris, en vue de je ne sais quel destin d'auteur dramatique, la guerre, une femme et puis d'autres.La place provisoire dans une administration en attendant la réussite, les bistrots ( le soir), et puis l'administration pendant des années, la petite lampe verte huit heures par jour, les petites révoltes, la merde quoi !

Alors, il avait démissionné et depuis plusieurs mois, il traînait ses godasses dans Paris, à la cloche. Ce n'était pas là l'aventurier que je pensais, mais un type comme les autres et qui avait sûrement envie d'être de plus en plus comme les autres, avec les autres...

( p.30)
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