Ahoooouuuuu ! Ahhooouuuuuu !
C'était un plaisir de me fondre à nouveau dans ce décor blanc immaculé des montagnes en compagnie de
Jean-Marc Rochette.
J'ai retrouvé dans cette histoire celle de Et vous passerez comme des vents fous, sauf qu'ici c'est
le loup qui prend la place de l'ours.
Gaspard est un vieux berger qui vit en ermite dans la montagne avec son chien. Il s'enferme dans la solitude, tout particulièrement après la mort de son fils militaire au Mali.
Alors, quand un louveteau blanc apparait dans le paysage, né d'une magnifique louve abattue quelques mois plus tôt en plein parc régional par Gaspard, ce dernier va s'enferrer dans une lutte à mort contre l'animal et son propre désespoir.
Une lutte qui va l'emmener très loin, au bout de lui-même et des à-pics rocheux.
Un conte noir mêlé au sang dans lequel le sombre l'emporte malgré la blancheur des glaces et des neiges. Conte qui donne à réfléchir sur la relation homme-animal sauvage, au coeur d'une lutte ancestrale pour les territoires.
Cet album aborde les relations complexes engendrées par ce retour à leur habitat naturel de prédateurs longtemps disparus des paysages avec lesquels les jeunes bergers (peu nombreux) doivent composer, dans l'espoir d'une cohabitation pacifiée plutôt qu'un affrontement sanguinaire.
Cependant, si la condition difficile des bergers, dont les aides financières de l'Etat ne compensent pas la perte d'un troupeau mené tout entier dans l'abîme par un animal déchainé est bien décrite, j'ai été moins séduite par cet ouvrage que par La dernière reine.
Dans ce récit pourtant simple, (ce qui n'est pas un problème en soi, mais là peut-être un peu trop simple à mon goût), il y a plusieurs incohérences ; Gaspard fait preuve d'une force de vie surhumaine pour un homme de son âge, à lui les iron-man pour vétérans ! Je me suis demandé s'il n'allait pas se transformer en godzilla armé de fulguropoings.
Par ailleurs, je n'ai pas bien compris si Gaspard vivait seul ou non puisqu'il est dit à plusieurs reprises qu'il est seul, mais aussi que sa femme a sombré dans une forte dépression au décès de leur fils, sans qu'elle n'apparaisse jamais dans le roman graphique, là n'est pas l'essentiel me direz-vous à juste titre, mais mon petit esprit cartésien a tiqué : bon alors, il est seul ou il n'est pas seul ? il faudrait savoir...
Même si le coup de crayon qui tranche à vif reste agréable, il ne m'a pas portée aux sommets cette fois comme La dernière reine l'avait fait. Ce Loup reste une belle aventure en montagne, vous pouvez enfiler raquettes et crampons !