AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021388855
1168 pages
Seuil (09/09/2021)
4.25/5   16 notes
Résumé :
Cet ouvrage d'une ambition exceptionnelle présente sous une forme accessible à un large public une histoire inédite de l'esclavage depuis la Préhistoire jusqu'au présent. Il paraît vingt ans après le vote de la loi Taubira, alors que la prise de conscience du passé esclavagiste est chaque jour plus aiguisée au sein de la société française. L'histoire de l'esclavage, trop longtemps tenue pour une forme de passé subalterne, est ici replacée au coeur de l'histoire mond... >Voir plus
Que lire après Les mondes de l'esclavage : Une histoire comparéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Comment résumer Les mondes de l'esclavage : Une histoire comparée, une somme brillante de plus de 1000 pages écrites par plus de 50 auteurs ? Et que m'en reste-t-il ? Je confesse qu'à la fin de ce livre lu de A à Z, au vu de la profusion d'informations, je n'ai peut-être pas tout retenu... Ce n'est de toute façon pas le but de ce genre d'ouvrage. J'ai cependant l'esprit de synthèse, aussi puis-je (brillamment) résumer ce gros millier de pages en (seulement) deux mots : diversité et universalité.


On pourrait parler indéfiniment de ce qui relève ou non de l'esclavage, de la frontière entre libre et non-libre. C'est une question complexe et chacun a sa définition. Mais au fond peu importe. de tout temps et en tout lieu des hommes en ont dominé d'autres, domination allant parfois si loin qu'on peut parler d'esclavage.


Au delà de la traite négrière, qui est et reste pour différentes raisons dans les consciences comme l'archétype mondial de cette aimable pratique, l'esclavage fut (et est ?) une pratique (quasi) universelle qui n'apparut pas avec l'agriculture et la sédentarisation comme on l'entend souvent mais semble, à la lecture de ce livre, être, malheureusement, quasiment une caractéristique du genre humain. Peut-être faudrait-il que les individus comme les peuples en aient pleinement conscience, pour pouvoir avancer plus sereinement vers l'avenir et enfin dépasser les structures, les imaginaires et les cultures forgés par ce passé qui imprègnent encore nombre de sociétés, et cela sans se dédouaner ni se victimiser. Nous n'y sommes pas encore.
Commenter  J’apprécie          210
Il m'aura fallu quasiment deux mois pour venir à bout de cette somme de plus de 1000 pages qui retrace, avec rigueur, précision et clarté, l'histoire de l'esclavage sous toutes ses formes, à toutes ses latitudes et époques.

Ainsi, Les mondes de l'esclavage, fruit du travail conjoint d'un nombre impressionnant d'historiens internationaux, sous la direction de Paulin Ismard, se compose de trois parties complémentaires, qui permettent non seulement un éclairage mondial sur l'esclavage, mais aussi de faire comprendre comment les différences d'évolution des sociétés ont pu faire évoluer tout aussi différemment la notion même d'esclavage, tant dans son fonctionnement que dans sa réception, dans son acceptation comme dans son refus, dans son développement, ou non, à grande échelle, comme dans le cas du commerce triangulaire profondément lié au capitalisme - même s'il ne porte pas encore ce nom -, dans son désir, ou non, de réparation des dommages subis par celles et ceux qui ont été esclaves, ou qui descendent d'esclaves.

D'abord, avec Situations, l'on découvre strictement l'histoire de l'esclavage, de la Préhistoire à notre époque, lieu par lieu, époque par époque ; puis, avec Comparaisons, l'on met en parallèle ces différentes situations historiques selon des thématiques pour en faire saillir les points communs et/ou différences ; enfin, avec Transformations, l'on comprend comment et pourquoi l'esclavage a évolué ainsi au fil des siècles.

Une lecture passionnante, nécessaire, qui plus est extrêmement abordable, qui ne doit pas rebuter par son nombre de pages.
Commenter  J’apprécie          170
Je vous l'avoue : je ne l'ai pas encore terminé. Il faut dire qu'il s'agit là d'une compilation d'articles écrits par une cinquantaine d'auteurs de langues et nationalités différentes. Il s'agit d'un outil indispensable pour quiconque s'intéresse à la question et que toute bonne bibliothèque devrait posséder - notamment les bibliothèques universitaires. Je n'ai lu pour l'instant que quelques articles, je consulterai les autres au fur et à mesure de mes intérêts.

Tous les articles sont référencés et les notions abordées ont des renvois à d'autres pages du manuel. le livre est aussi pourvu d'un index des lieux et d'un autre index des noms pour faciliter la navigation. Il est indispensable à mon sens de le lire en se servant de la table des matières: la première partie rassemble les études des situations historiques de la Préhistoire à aujourd'hui dans toutes les parties du monde où l'esclavage a existé - c'est celle que j'ai le plus consultée pour l'instant ; la deuxième intitulée "Comparaisons" compare les notions liées à l'esclavage (Affranchissement - Justice - Captifs - Maîtres - Résistances etc.) à travers les différentes situations historiques. Enfin la dernière partie évoque les "Transformations" de la notion à travers L Histoire : l'esclavage est protéiforme.

La lecture sous forme de colonnes me gêne: les marges sont larges à l'extérieur et pas suffisamment à l'intérieur ce qui ne facilite pas la lecture. Les quatre cartes à la fin du manuel sont en gris clair et gris un peu moins clair: vu la qualité du reste, je pense que quatre planches en couleurs auraient eu leur place, quitte à augmenter légèrement le prix - 29,90€ ce qui n'est pas cher payé pour un ouvrage de référence comme celui-ci.

Malgré ces quelques réserves, je n'ai aucun regret concernant cet achat.
Commenter  J’apprécie          90
Un livre considérable, par sa taille d'abord (1 200 pages), puis par le nombre de chercheurs et chercheuses qui ont travaillé sur les contributions composant cet ouvrage et enfin par le périmètre géographique et historique couvert. Toutes les époques, tous les continents et toutes les formes d'esclavage y sont abordés.
Je pensais savoir beaucoup de choses sur l'esclavage et la traite des humains, mais ce livre à la particularité de décentrer le regard du lecteur en l'invitant à découvrir les manifestations et les rouages de l'esclavage (passé et actuels) dans des dimensions culturelles, temporelles et spatiales très différentes (depuis la préhistoire jusqu'à nos jours). L'esclavage n'est ainsi pas abordé comme un phénomène unique mais comme une réalité composite qui évolue en fonction des contextes historiques et des sociétés qui la pratiquent.
Un ouvrage majeur !
Commenter  J’apprécie          51
Ce livre, issu de la collaboration d'une équipe internationale de chercheurs, philosophes.., nous donne à penser et réfléchir sur l'esclavage.
Sa définition, son histoire, son abolition et ses versions contemporaines (travail forcé, employés domestiques au Moyen-orient).
C'est une lecture prenante, ardue mais indispensable à notre époque.
Certains refusent la repentance exprimée par quelques politiques sur les conduites de nos prédécesseurs.
Osons regarder en arrière et accepter de reconnaître notre ignominie (qu'elle soit de pays occidentaux, européens, d'Afrique et du Moyen-Orient) pour mieux lutter sur ce qui arrive maintenant pour des millions de femmes, d'hommes et d'enfants.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (2)
LeMonde
13 octobre 2021
Un volume d’histoire comparée, sous la direction de Paulin Ismard, montre l’étendue des pratiques d’asservissement d’humains par d’autres, du néolithique à nos jours et pratiquement partout. Une somme monumentale – non sans point aveugle
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
03 septembre 2021
Proposant une histoire comparée des différentes formes d’esclavage depuis l’Antiquité, ce livre collectif d’historiens, juristes, anthropologues permet de nourrir une réflexion dépassionnée de cette question et de ses incidences actuelles.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le destin de l'ancien esclave Green Cottenham, arrêté en 1908 en Alabama pour vagabondage, raconte à lui seul la violence de ce nouveau mode d'exploitation [le système de louage des prisonniers auprès d'entreprises privées (convict lease system)]. Green Cottenham fut tout d'abord condamné à une peine de trente jours de travaux forcés, assortie d'une amende. Après qu'il se fut déclaré incapable de la verser, le juge étendit son incarcération à une année entière. Dès le lendemain de son arrestation, L’État d'Alabama loua Cottenham à l'US Steel Corporation pour un montant de 12 dollars par mois et l'affecta au travail d'une mine. Enchaîné, vivant jour et nuit à l'intérieur de la mine, il devait en extraire plusieurs tonnes de charbon par jour. La mortalité à l'intérieur de la mine était particulièrement élevée. L'année de son incarcération, soixante hommes y moururent de maladies ou d'accident, les gérants ne prenant même pas soin la plupart du temps de leur accorder des funérailles. Cottenham lui-même mourut moins de six mois après son arrivée, au mois d'août 1908. Un administrateur d'une des prisons du sud des États-Unis exprime en quelques mots la violence inouïe de cet esclavage pénal:

Avant la guerre, on possédait les nègres [We owned the negroes]. Si un homme avait un bon nègre il pouvait se permettre de le garder pour lui. Mais ces condamnés, on ne les possède pas. L'un d'entre eux meurt, tu en prends un autre [But these convicts, we don't own'em. One dies, get another] (M. Mancini).
Commenter  J’apprécie          170
[Esclavage en Angola]
Le décret du 25 février 1853 stipula que toutes les personnes des deux sexes qui avaient alors le statut d'esclaves étaient déclarés libres, sans exception. Mais, au même moment, le législateur [portugais] créa la figure juridique des /libertos/ (littéralement "libérés"), qui était, en pratique, un statut transitoire entre celui d'esclave et celui de libre. Les /libertos/ étaient contraints de continuer à travailler pour leur maîtres en échange d'un petit salaire. Afin de documenter et de différencier leur statut, les autorités coloniales marquaient leur poitrine au fer rouge avec le symbole de la liberté.
Commenter  J’apprécie          191
En 1782, lorsque les hommes du Deane prirent le Regulator bermudien, ils trouvèrent à bord un équipage de soixante-quinze hommes, dont soixante-dix étaient des esclaves noirs. En dépit de la jurisprudence selon laquelle ces esclaves auraient dû être vendus aux enchères en tant que bien confisqués, les juges de la cour de la vice-amirauté du Massachusetts offrirent la liberté aux esclaves du Regulator lors du procès. Ceux-ci refusèrent tous, choisissant l'esclavage. Ils demandèrent à être renvoyés dans leurs foyers bermudiens à l'occasion de la trêve suivante, en tant que prisonniers de guerre. Leur rejet du statut de libre ne révèle pas seulement que la liberté pouvait ne revêtir aucun sens pour certains groupes et s'avérer, dans des circonstances particulières, une solution encore pire que l'esclavage, mais aussi que les gens comprenaient précisément la différence entre le statut de libre et celui d'esclave.
Commenter  J’apprécie          110
La vocation de l'esclave public serait ainsi de rendre invisible l’appareil d’État, comme le suggère le cas de l'Athènes classique (Ve-IVe avant notre ère). Assurant le fonctionnement de l'administration civique par-delà la rotation régulière des magistratures, les esclaves publics incarnaient d'une certain façon la bureaucratie de la cité grecque. Or, en confiant à des esclaves de telles tâches, les Athéniens visaient à dissimuler, en la projetant dans une figure d'altérité absolue, la part bureaucratique inhérente au fonctionnement du régime démocratique. En rendant invisibles, car esclaves, ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l'apparition d'un État qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle. L'esclavage public peut y être interprété comme une forme de résistance de la société civique à l'émergence d'un appareil d’État (P. Ismard).
Commenter  J’apprécie          70
Il ne semble pas qu'aucun de ceux [les mamelouks] qui en eurent les moyens ait jamais cherché à revenir sur leurs pas, à recouvrer leur nom et leur identité première, à se faire une seconde fois renégat. /A contrario/, de jeune hommes nés libres et musulmans aux confins de la Syrie se faisaient volontiers passer pour esclaves afin d'intégrer par ce filtre le cursus enviable des mamelouks. L’Égypte et la Syrie offrent ainsi au XVe siècle l'étonnant exemple d'une société où les esclaves étaient choisis et éduqués pour un jour devenir les maîtres.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Paulin Ismard (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paulin Ismard
Paulin Ismard vous présente son ouvrage "Le miroir d'Oedipe : penser l'esclavage" aux éditions Seuil. Entretien avec Nicolas Patin. Rentrée Sciences-Humaines automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2918527/paulin-ismard-le-miroir-d-oedipe-penser-l-esclavage
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : esclavageVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..