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EAN : 9782259206280
420 pages
Plon (03/01/2008)
3.88/5   42 notes
Résumé :

Amok et Shrapnel sont des immigrés africains. Amandla, elle, vient de la Caraïbe. Tous trois ont vu le jour sur des terres lointaines. Ils n'ont pas la couleur des enfants du Nord.

Cette différence est leur héritage commun, mais chacun l'habite à sa manière. Amok refuse que sa couleur conditionne son identité.

Shrapnel, au contraire, revendique une filiation globale et aspire à l'unité, de l'Afrique aux Amériques. Quant à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai passé près de quinze jours sur ce livre. Je suis contente d'être allée au bout mais je dois avouer que si ce livre ne m'avait pas été offert par Babelio en échange d'une critique sur mon blog, j'aurais sans doute abandonné en cours de route.
L'histoire se passe en Europe, mais il est principalement question de l'Afrique, jamais nommée, mais omniprésente. Les trois personnages sont noirs et chacun vit douloureusement ses origines et sa couleur.

Amok est né en Afrique dans un milieu aisé qu'il a fuit pour venir étudier en France. Après ses études il n'est pas retourné dans son pays, se contentant en France d'un modeste travail. Il est révolté par la condition des noirs mais considérant tout combat perdu d'avance, il se réfugie dans la solitude et la médiocrité.

Shrapnel vient du même village qu' Amok, mais contrairement à son ami il est issu d'un milieu très pauvre. Lui aussi est révolté, mais pas désespéré. Il rêve que chaque noir se mobilise pour qu'enfin une place leur soit faite sur terre. Il n'a pas de haine envers les blancs et apprécie particulièrement les femmes de couleur blanche, surtout quand elle sont blondes.

Amandla est le personnage le plus révolté des trois. Elle n'est pas née en Afrique mais rêve d'y vivre un jour. Elle milite dans un mouvement ultra-radical (le Kémitisme) qui attribue aux africains le passé glorieux d'héritiers des pharaons d'Egypte. Ce mouvement milite pour que justice soit rendue, tenant le Nord responsable du déclin du "peuple élu".


J'ai beaucoup de mal à faire une synthèse ce livre très ambitieux. Ce que j'en retire c'est la difficulté pour la diaspora africaine de trouver une place dans le monde. Vivre en Afrique est difficile pour eux en raison de la pauvreté qui y règne, de la corruption de beaucoup de régimes… mais vivre hors d'Afrique est tout aussi compliqué car les hommes de couleur peinent à s'intégrer, où qu'ils aillent. En outre, certains vivent mal ce qu'ils considèrent comme une fuite, rongés par la culpabilité de ne pas oeuvrer pour leur continent.

Ce livre ne peut que nous questionner, nous blancs du Nord, sur notre responsabilité dans tout cela. N'est-ce pas nous qui avons appauvri l'Afrique ? Questionnements aussi sur le modèle que nous prônons. Est-il le seul possible ?
J'aurais préféré que l'histoire de nos trois personnages et de leur rencontre soit plus développée. La partie "essai" prend trop de place à mon goût. Les paragraphes sont longs, sans doute pour créer un malaise chez le lecteur afin qu'il soit en empathie avec les personnages. C'est réussi, mais le lecteur étouffe et s'essouffle. La musique occupe une certaine place dans le livre, mais je suis incapable d'en parler, ma culture musicale étant trop limitée pour cela.


Une lecture intéressante mais difficile
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Amok habite un immeuble où il entend souvent son voisin brutaliser sa femme. Un soir, il finit par se résoudre à appeler la police tellement cela devient inquiétant. Cela lui rappelle son enfance avec sa soeur Ajar et la violence de leur père...
Aux yeux de Schrapnel, son meilleur ami, Amok est un mélancolique qui est trop tourné vers le passé. Schrapel , qui bénéficie d'une bourse d'études qui lui permet de renouveller régulièrement son titre de séjour, est un rebelle.
Amok retrouve au sein de "La fraternité" - une organisation dont le but est de s'occuper de "tout un peuple à redresser, dont les enfants naissent enchaînés, par une dette qu'ils n'avaient pas contractée" - Amantla, une jeune femme métisse.

Qu'ont en commun ces trois personnages ? Ils ont tous la même couleur de peau : ils sont noirs.

"Tels des astres éteints" est construit autour de ces trois personnes. Plus qu'un roman, je pense qu'on peut parler d'essai, voire de pamphlet qui pose une question essentielle : Qu'est ce qu'être noir aujourd'hui sur "le continent" ? Et être noir n'est pas la même chose qu'on s'appelle Amok, Schrapnel ou Amantla. Pourtant tous les trois ont une difficile hérédité en commun à assumer.

De l'apparition d'un présentateur noir à la télévision en passant par la lutte contre l'esclavage, l'apartheid, Léonora Miano connaît très bien l'histoire de son peuple et surtout de ses souffrances. On sent qu'elle a à coeur de nous faire prendre conscience du poids de cette hérédité sur la vie des Noirs mais aussi sur le regard que nous pouvons parfois, nous les Blancs, y porter.

Ce livre est un livre ambitieux, qui pose beaucoup de questions. Mémoire, crise identitaire, héridité, il existe plusieurs façons de se penser noir mais toujours une même difficulté à le vivre. Ce livre est prenant, il contient une certaine violence et lorqu'on le referme on ne voit plus les choses de la même façon. On y apprend aussi beaucoup de choses.

Ce n'est pas un livre gai mais je pense que c'est un livre qui comptera. Et malgré sa difficulté, on le lit rapidement tant la force de l'écriture nous pousse à tourner les pages.
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Oublions l'introduction et la conclusion de ce ivre qui sont relativement pesantes.
Ce roman traite de problèmes qui sont au coeur de nos sociétés contemporaines, l'immigration et tout particulièrement celles des africains et des habitants des DOM.
Trois jeunes gens : Amok, petit-fis d'un dignitaire africain ayant pris fait et cause pour les colonisateurs, Shrapnel issu d'un milieu très pauvre et Amandla, venu des territoires d'outremer et élevée par une mère militante mais terriblement isolée.
Amok et Shrapnel viennent de la même ville, du même pays. Il semblerait que ce soit le Cameroun (les pays ne sont jamais nommés).
Chacun des trois vit sa couleur de manière différente. Amok vit dans la honte et la culpabilité, sa famille a trahi son peuple. Il veut devenir anonyme et invisible.
Shrapnel veut créer un espace pour mettre en valeur la vraie culture africaine au sein même de la métropole afin de créer un réel sentiment d'appartenance commune pour les africains et les afro-américains.
Léonora Miano pose les questions, il faut maintenant travailler à trouver les réponses.
Amandla, quant à elle, veut aller vivre sur le continent, créer une école, participer à un mouvement de reconstruction de l'Afrique par les Africains ; faire de l'Afrique un pays libre et indépendant.
Ils ne reconnaissent pas dans le pays où ils vivent et ne s'y sentent pas reconnus.
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Sans parler de l'écriture savoureuse Léonora, je suis éffoustoufflée par la lucidité de cette jeune femme sur l'être humain. Tout au long des pages, elle a un regard franc, direct, sans complaisance sur l'histoire de l'homme.
Pour ma part, je ressens deux livres en un. À savoir: nous sommes au milieu d'histoires d'amour touchante de vérité, de simplicité dans la narration, tout en étant au plus profond de l'âme humaine.
Et puis, elle nous conte l'histoire des Kémites descendant des pharaons d'Égypte.
Mais à la réflexion...
Cela rend le livre plus léger tout en nous apportant une réflexion sur l'homme d'hier et d'aujourd'hui.
Dans l'intra-muros, Amok, Shrapnel sont nés en Afrique. Amanda a grandi dans un territoire d'outre-mer.
Trois parcours différents, une même couleur de peau vécue différemment.
Le rapport des personnages s'entrecroise, se sépare pour mieux se retrouver.
Ce livre parle de l'identité de l'homme. Il est à découvrir et à faire découvrir.

Lien : http://liberta-revolutiona.o..
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Léonora Miano met en scène trois personnages qui amènent à réfléchir sur l'identité noire et son émancipation post-coloniale, le militantisme et la diaspora : Tels des astres éteints est un roman incisif, nuancé, lucide, instructif, d'une auteure qui m'a totalement conquise. Léonora Miano est pour moi un contrepoids à toutes les bêtises qu'on peut entendre à l'heure des crispations identitaires, politiques, religieuses.
(...) Avec ce roman, l'auteure apporte un regard incisif, lucide, sur les questions clivantes de notre société. Au-delà du panafricanisme, du black power, qu'en est-il de l'immigration et de l'émigration ? Que sont le racisme et le radicalisme ? Qu'offre la France à sa jeunesse ? Comment les leaders d'opinion (les « intellectuels » chouchous des médias) malintentionnés peuvent-ils reprocher aux personnes marginalisées par la société d'être communautaristes, alors que l'esprit communautaire est au fondement même de l'humanité ?
Je vois Léonora Miano comme une sculptrice qui travaille son matériau, les problématiques sensibles, dans tous les sens, sous différents angles. Elle le fait avec un soin constant des mots, du vocabulaire, et une conscience profonde de l'altérité, de l'autre en tant qu'être humain. Je n'ai pas senti de mépris, de hauteur, de dogme, d'agressivité. Ses romans sont aussi très riches en références culturelles et historiques, sans pour autant que ça fasse « étalage de connaissances » comme chez d'autres auteur-es.
Voilà un roman passionnant, qui fait contrepoids à toutes les bêtises relayées trop largement et trop facilement par les médias. Lire Léonora Miano ne peut laisser personne indifférent, et sa voix est nécessaire à l'heure des crispations identitaires, politiques, religieuses. Je mesure combien la lecture peut ouvrir l'esprit, nous faire voir tout ce qu'on ne perçoit pas de notre petit bout de place qu'on occupe dans la société.
Bref, je suis conquise, et j'espère vous convaincre de lire Léonora Miano !

L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/tels-des-astres-eteints-leonora-miano-a127586792
Lien : http://www.bibliolingus.fr/t..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le petit s'endormit avant la fin du conte. Shrapel posa le livre sur la table de chevet, et l'embrassa sur le front. Il eut envie de hurler, sentant ce vide autour de lui. C'était l'autre deuil de sa vie, et c'était le plus cruel. Il n'aimait pas son fils.
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L'âme de nombreux Kémites était si pervertie à présent, qu'ils ne savaient poser sur les leurs qu'un regard dédaigneux. Ils se disaient modernes, soucieux de l'avenir, ce qui signifiait simplement qu'ils avaient adopté la tournure d'esprit de l'oppresseur. Ils se disaient des métis culturels, avaient appris à aimer les barreaux de leur cage.
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Des vigiles noirs lui tournaient le dos. Il était inutile d'entrer pour s'apercevoir qu'ils étaient tous les deux grasouillets, incapables de courir après le moindre voleur à l'étalage. Ils étaient noirs, cela suffisait à effrayer, dans ce magasin comme dans d'autres"
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Ici seule la couleur nous définit.
Le moindre chercheur noir cachait une forêt d'illettrés.
On n'atteignait pas des buts élevés en plongeant les mains dans la boue.
Le regard des autres ne doit sa puissance qu'à la valeur qu'on lui accorde pour se définir.
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C'était toujours de Shrapnel que venait l'initiative du contact. Il téléphonait. Il prenait le métro comme aujourd'hui, pour voir si son ami avait survécu au raz de marée intérieur qui le laissait toujours exténué, sur les rives d'une existence qu'il se refusait à conduire. Amok se tenait, chancelant, à l'orée de son existence.
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Videos de Léonora Miano (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léonora Miano
Romancière, essayiste, prix Médicis en 2013, Léonora Miano s'interroge dans son nouveau livre sur ce qu'elle nomme « le problème blanc » et la blanchité. de quoi décontenancer tous ceux qui veulent évacuer la question fondamentale du racisme et du colonialisme. Entretien dans « À l'air libre », où il est aussi question de mémoire, de migrations et du couple hétérosexuel.
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