Écrits sur l'eau
Francis de Miomandre se présente comme une comédie légère et primesautière qui débouche presque sur une comédie de moeurs, peut-être malgré son auteur difficile à dire, qui aborde la vie d'une petite bourgeoisie de province
Goncourt en 1908 le ton aujourd'hui semble quelque peu artificiel, désuet et il faut se glisser dans l ‘ambiance pour en apprécier la texture.
Ce canevas littéraire met en scène un jeune fils de famille Jacques de Meillan , future sommité littéraire croyant posséder des dons de littéraire, flâneur, frivole, insouciant et idéaliste en quête de l'amour fou qui s'épanouit dans la mollesse chez son père , rentier désargenté et en mal de liquidités fraîches qui s'est promu en entrepreneur incorrigiblement optimiste et persévérant, toujours sur la trace d'une bonne affaire.
Confident d'une amie de son âge en mal d'amour il rencontrera l'amour fou sous les traits d'Anne femme mûre rencontrée chez un parfumeur et qui mène grand train
La passion éprouvée pour cette femme blonde ne sera pas partagée de la même façon.
Le monde dans lequel évoluent ces personnages est celui de la bourgeoisie du début du XX composée de rentiers qui doivent s'adapter à l'économie mondiale naissante. Les rentes ne suffisent plus les placements sont aléatoires et bon nombres d'entre eux se métamorphosent en entrepreneurs pour le meilleur et le pire Tout autour de ces rentiers qui ont épuisé bon nombre de leurs ressources gravitent un monde de filous de toutes sortes, d'écornifleurs et escrocs, d'usuriers prêteurs qui en font leur choux gras.
Les salons permettent la rencontre des futurs époux, mariages entre bons partis si possible et pour d'autres, occasions de libertinage pour les femmes déjà mariées
Comédie de caractères car les personnages sont très typés. le jeune oisif bébête comme une oie dont la méconnaissance des femmes lui sera fatal car toutes (au moins deux) le trahiront L'une par rouerie car femme d'un âge ayant de la bouteille en matière de libertinage et l'autre très jeune mais ne perdant pas de vue ses intérêts réintégrera le cocon familial. Un père bouffon et affairiste en diable gogo qui préfère changer d'air lorsque les créances flambent. Une confidente Juliette très fleur bleue et jalouse de sa mère et une femme dévoreuse d'homme qui croque la vie du bon coté
En fait un petit drame du moins pour Jacques, très rafraîchissant qu'on imagine aisément joué au « théâtre ce soir » sans prétention