Viens

C'est dans le cadre de ma participation au défi collectif dont l'objectif est de critiquer les livres de la rentrée littéraire de septembre 2022 que j'ai choisi de lire "Viens" un recueil de nouvelles de Barbara Molinard. Je dois dire que c'est la Préface de Marguerite Duras qui m'a motivée car ce livre a été publié pour la première fois au Mercure de France en 1969. Il s'agit donc d'une réédition des éditions Cambourakis avec l'ajout de dessins peints à l'encre de Chine par Barbara Molinard entre 1970 et 1986. Ils sont vraiment très beaux et sombres et illustrent parfaitement l'atmosphère angoissantes des histoires racontées à la première personne.
Ces textes sont très forts, ils nous emmènent dans les cauchemars de l'autrice et font faire des cauchemars à la lectrice que je suis. J'ai été perturbée sans pouvoir lâcher le livre. On est entre Franz Kafka pour l'absurde et le suspense et Edgar Poe pour le mystère et le fantastique. J'y ajouterais beaucoup de cruauté. On y retrouve toujours une personne seule, homme ou femme, sur laquelle le sort s'acharne avec des membres coupés, souvent des mains, des lieux clos avec des trous étroits où il faut se faufiler dans le noir et des sons qui ne sortent pas de la bouche. de l'épouvante à l'état brut.
Dans le dernier chapitre Marguerite Duras à un entretien avec Barbara Molinard qui semble assez perturbée notamment quand elle dit que la mort doit être mieux que la vie. D'ailleurs, c'est sa seule publication car elle déchirait ses écrits. Elle a pourtant été encouragée par Marguerite Duras et cela ne me surprend pas car si son style n'a rien à voir, Duras adore les folles et traite souvent de la folie dans ses romans.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge ABC 2022-2023

Quel étrange recueil de nouvelles ! "Viens" de Barbara Molinard se lit comme on se laisse porter par un rêve. Tout dans ces histoires relève du hasard ou de la mystérieuse fatalité qui frappe des personnages perdus dans leur univers. Les apparences y sont trompeuses et les personnages victimes de leur quête de l'insaisissable. Les thèmes de la mort et de la solitude sont l'essence même du recueil qui est d'une grande cohérence.
L'histoire même de son autrice est intrigante : elle déchirait tous ses écrits et n'a jamais rien publié avant que Marguerite Duras, qui signe la préface du livre, ne l'y pousse.
Le livre est ponctué de dessins peints à l'encre de Chine par l'autrice elle-même, qui offrent un décor en parfaite résonance avec l'impression que laisse chaque histoire.
Une lecture sombre et énigmatique qui séduira les plus curieux.