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EAN : 9782130442714
296 pages
Presses Universitaires de France (01/03/1992)
5/5   1 notes
Résumé :
Comment les individus parviennent-ils à prendre une décision en commun ? En réduisant les conflits par une solution de compromis qui les met d'accord, répondaient les spécialistes. Mais les recherches des vingt dernières années ont établi que la participation de chacun à la discussion approfondie des problèmes, aboutit à une évolution et une polarisation des choix, donc à un changement des opinions ou des jugements, voire des normes du groupe. Ce livre inscrit l'étu... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[Polarisation, taille et diversité du groupe]

Augmenter la taille du groupe serait une manière indirecte d’aiguiser le conflit, du fait qu’on augmente les chances d’y inclure des individus hétérogènes. L'expérience la plus connue est celle de Teger et Pruitt (1967) qui composent des groupes de trois à cinq personnes. La tâche proposée consiste à résoudre les dilemmes d’un protagoniste en optant pour une solution comportant un risque plus ou moins élevé. Les auteurs demandent à ces groupes de se mettre d’accord sur une alternative prudente ou hardie, soit en comparant leurs avis en silence, soit en les discutant à haute voix.

Le constat est simple : les choix communs sont beaucoup plus extrêmes dans les groupes de cinq personnes que dans ceux de quatre personnes, eux-mêmes plus extrêmes que les groupes de trois. En outre, ils polarisent davantage lorsqu’ils discutent entre eux que lorsqu’ils procèdent à un échange muet de notes.

Une autre expérience (Vidmar et Burdeny, 1963), appuie l’hypothèse qu’un groupe étendu doit inclure, statistiquement, une plus large gamme d’opinions qu’un groupe restreint. D’où la probabilité d’y rencontrer une opinion extrême qui aiguise les tensions. Ceci se traduit à son tour par des tentatives affirmées d’aplanir les différends au moyen de discussions plus intenses dans lesquelles chacun s’implique davantage. C’est un résultat inhérent à cette procédure que les décisions sont polarisées. Inversement, on peut exprimer ce résultat ainsi : en réduisant le nombre et la variété des participants au débat public, on augmente les chances d’aboutir à la modération et au compromis.

Nous disposons d’indications plus directes de ce que nous venons d’avancer. Au lieu de confier au nombre le soin d’accroître la diversité, il suffit de composer des groupes hétérogènes ayant les qualités voulues. Recourant au même type de questionnaire sur les décisions en matière de risques, Vidmar (1970) classe les individus selon le degré élevé, moyen ou faible du risque qu’ils prennent. Ainsi que vous l’imaginez, il forme ensuite avec eux des groupes de cinq personnes, les uns purs, comprenant des individus préférant le même niveau de risque (tous « audacieux » ou tous « prudents ») les autres mixtes, composés par exemple de deux « audacieux », un preneur de risques modérés et deux sujets « prudents ». Le groupe une fois constitué discute les divers dilemmes concernant la prise de risque qui devrait être conseillée à un personnage donné, et il se met d’accord sur une des solutions possibles. De manière surprenante, ce sont les groupes mixtes qui choisissent les solutions les plus risquées, alors que les groupes purs ne bougent pas et convergent vers une espèce de moyenne.

Le péril d’extrémisme, si souvent mentionné, ne vient pas, si l’on se fie à ces observations, des opinions outrancières, excessives, des individus, mais simplement des différences qui les séparent. C’est précisément pour conjurer ce péril lointain que les sociétés ont créé et ordonné des disciplines militaires et religieuses. Elles n’ont pas pour but de supprimer, comme on le prétend, le déviant et l’excessif, mais d’organiser la création difficile de ressemblances à un type, extrême ou moyen, peu importe. Est-ce une affirmation vague et gratuite ? Nous allons en juger sans nous laisser rebuter par les études ingrates. Voyons donc le parallèle établi entre la tendance à prendre des risques et les interactions des membres d’un groupe. A savoir : plus le nombre de fois où la discussion est relancée augmente, plus on prend des risques élevés. Proposition parfaitement raisonnable et confirmée à plusieurs reprises. Ainsi, selon le procédé décrit, Willems et Clark (1971) composent des groupes mixtes et des groupes purs réunis dans deux conditions différentes. Dans la première, les individus échangent des informations sur leurs positions respectives ; dans la seconde, ils discutent ensemble. Employant le même matériel que les auteurs précédents, ils observent que les groupes mixtes, plus divers, font preuve de choix plus extrêmes dans l’une et l’autre condition que les groupes purs. Ce résultat semble assez bien établi, de sorte que les auteurs peuvent suggérer que : « le degré de diversité d’opinions dans un groupe est en fait une condition nécessaire pour le déplacement vers le risque observé dans les groupes. Quand les membres du groupe sont d’accord, on n’observe pas de déplacement ; mais quand ils font preuve d’un désaccord substantiel, un déplacement substantiel vers le risque est observé ».
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Il faut être deux pour faire une vérité
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Vidéo de Serge Moscovici
Peut-on encore rêver dans un monde prisonnier du réel ? .Serge Moscovici,Nikos Kalampalikis,Bruno AmbroiseCC-BY-NC-ND 2.0Quel rôle notre société peut-elle encore donner à l?imaginaire ? Quelle vision les différents groupes élaborent-ils tout en agissant sur elle ? Dans un monde toujours plus complexe traversé de conflits, de luttes idéologiques, nous créons des métaphores, des images, des symboles et des mots qui forment des représentations sociales. Celles-ci permettent de questionner les tensions entre individu et société, psychologie et culture, identité et altérité, croyance et connaissance. Chercheurs et artistes ont un rôle fondamental à jouer dans l?expression de ces relations sociales.
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