Si vous fouinez un peu du côté des littératures de l'imaginaire espagnoles, le premier nom sur lequel vous tomberez est certainement celui de
Javier Negrete, prolifique auteur que vous apprécierez si vous êtes friands du mélange histoire/fantasy/science-fiction. La pentalogie « Chronique de Tramorée » s'inscrit clairement dans cette catégorie puisque l'on bascule au fil du récit d'un univers relevant uniquement de la fantasy à de la science-fiction pure et dure. le glissement de l'un à l'autre ayant fort heureusement été astucieusement préparé, le lecteur ne se retrouvera pas complètement chamboulé par ce revirement qui se fait ici plus marqué. Quelques indices laissaient en effet déjà entendre depuis un moment que la Tramorée était probablement née après la destruction de notre bonne vieille Terre par la volonté d'êtres maîtrisant une forme de technologie si avancée qu'ils s'apparenteraient à des dieux. Pour logique et attendu qu'il soit, le tournant pris par le récit risque d'en décevoir plus d'un, et je dois malheureusement me compter parmi ceux-là. L'auteur fait en effet appel à plusieurs reprises à des concepts si complexes qu'ils peuvent à mon sens difficilement être abordés et assimilés sans un certain bagage scientifique qui, en ce qui me concerne, m'a fait défaut. On en arrive au point où certains échanges entre les personnages en deviennent tout bonnement incompréhensibles pour le néophyte qui décrochera certainement à plus d'une reprise.
N'allez cependant pas croire que la lecture est pour autant déplaisante car c'est loin d'être le cas. En effet, si tout le côté technique/scientifique m'a profondément barbé, la plupart des chapitres mettent à nouveau en scène la Tramorée et ses habitants. On retrouve donc avec un plaisir intact au bout de quatre tomes Derguin, Kratos, Linar, le Gourdin ainsi que le reste des personnages emblématiques de la série, tous suffisamment complexes et nuancés pour être convaincants tout en restant pour la plupart imprévisibles. On pourrait cela dit regretter la discrétion si ce n'est carrément l'absence de presque toutes les figures féminines majeures qui occupaient certes le devant de la scène dans le précédent opus et qui réapparaîtront certainement pour le grand final. La série n'a cela dit plus grand chose à voir désormais avec les deux premiers volumes qui s'étaient révélés bluffants car portés par un souffle épique d'une rare intensité. Ce quatrième tome se révèle ainsi plus avare en scènes d'action en général, et en scène de bataille en particulier, la plupart des personnages se contentant d'avancer vers leur destination sans vraiment rencontrer d'obstacles majeurs sur leur chemin. L'auteur limite également ici les interactions entre les différents personnages qui ne communiquent que très peu les uns avec les autres et s'enfoncent au contraire dans leurs réflexions intimes ce qui, sans être déplaisant, n'est pas toujours passionnant pour le lecteur.
La convergence des personnages vers la même énigmatique destination nous indique clairement que la fin est proche et, si je reste impatiente de connaître la conclusion de la série, je dois avouer que mon intérêt a considérablement diminué avec ce quatrième tome qui se détache complètement de la fantasy pour lorgner davantage du côté de la science-fiction. Mais peut-être
Javier Negrete parviendra-t-il à me réconcilier avec son oeuvre dans son tout dernier opus... ?