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EAN : 9782070272419
Gallimard (20/02/1970)
4/5   5 notes
Résumé :
Autobiographie poétique, ce Mémorial est un portrait, en multiples tableaux, de l'auteur, depuis son enfance dans un village glacé des hauts plateaux péruviens jusqu'à la maturité, où il devient le chantre reconnu de la Révolution prolétarienne. C'est une galerie de tableaux sombres ou clairs, de scènes grotesques, furieuses ou passionnées, par un grand poète engagé.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je m'attendais à un peu plus de ce recueil de poèmes du grand Pablo Neruda lui-même. Je n'en suis pas à ses premiers poèmes et, s'il est effectivement unique, son style ne me rejoint pas. du moins, ce qu'il en reste après la traduction. Je ne disposais pas du texte original en espagnol donc il m'est difficile de vraiment juger. Je ne critique pas le traducteur Claude Couffon. S'il est un genre particulièrement difficile à traduire, c'est bien la poésie. C'est toujours le même choix déchirant : faut-il privilégier les sonorités, les rimes, le rythme ou bien le sens des mots et celui, plus général, du message et des émotions véhiculées? C'est vers ce dernier que Couffon a penché.

Mémorial de l'île Noire, c'est un bouquin composé de cinq recueils distincts (Là où naît la pluie, La lune dans le labyrinthe, le feu cruel, le chasseur de racines puis, enfin, Sonate critique), écrits la plupart vers la fin de la vie de Neruda, certains parus de manière posthume. On pourrait donc croire qu'ils constituent le meilleur de l'auteur. Dans tous les cas, ils empruntent des thèmes milles fois évoqués en poésie : l'amour, l'injustice, la nature, les voyages et quelques lieux chers à Neruda. Il est question de quelques villes d'Europe et, étrangement, la Birmanie revient à quelques reprises, avec son fleuve imposant, l'Irriwaddy. Y était-il diplomate? Je ne comprends pas pourquoi ce pays l'a marqué. Et le majestueux paysage chilien, où est-il? Absent, ou presque. D'autres thèmes mineurs aussi, dont la guerre, mais ces poèmes-là m'ont laissé plutôt indifférent. Il faut dire que plusieurs étaient sombres, mais pas d'une beauté terrible, non. Plutôt du genre à donner une petite frousse. Je m'attendais à tellement plus. Ou, au contraire, sa poésie est-elle tournée vers la modernité et c'est moi, avec mon esprit classique, qui n'est pas capable de reconnaitre sa grandeur.
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Cette autobiographie poétique de Pablo Neruda, le mémorial de l'Ile Noire, publiée en 1964, est le pendant poétique à ses mémoires en prose intitulée J'avoue que j'ai vécu. le poète, pour célébrer ses soixante ans, tente un pari poétique suprême avec ce mémorial, transformer le souvenir de l'expérience de toute une vie en une nouvelle expérience d'écriture quasi philosophique : l'existence humaine comme une épique poétique.

Ce lumineux mémorial de l'Ile Noire est écrit à un moment de plénitude et d'équilibre dans sa vie, donc à un moment de grande authenticité et de maturité où le poète réexamine une vie et une oeuvre qui ont créé un autre monde possible enchâssé dans un bonheur durable de vivre et d'écrire. Entre émotion et profonde réflexion, il met en scène une déclaration de principes de l'artiste et celle de l'homme.
Evitant le sophisme du genre biographique, Pablo Neruda construit une oeuvre fulgurante où événements et souvenirs intimes se confondent dans une immersion en lui-même, évoquant ses aspirations, ses réflexions, et sa quête de substances dans les paysages de sa patrie chilienne, dont se nourrissent son histoire personnelle et sa géographie poétique.
Cette épique poétique permet enfin au poète de s'extraire de sa dimension intime pour atteindre l'autre dans une solidarité et une fraternité qui réintègrent son oeuvre et sa fonction de poète dans l'universalité du genre humain.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
PAMPOÉSIE



Poésie, patrimoine étoilé :
il fallut découvrir peu à peu ventre vide et sans guide
ton terrestre héritage,
la clarté lunaire et l’épi secret.

La clef, de la solitude à la foule,
se perdait dans les rues et dans les bois
et sous les pierres et dans les trains.

La condition obscure en est le premier sceau,
l’ivresse grave avec un simple verre d’eau,
le corps rassasié sans avoir mangé,
le cœur qui mendie avec son orgueil.

Et bien d’autres choses que taisent les livres
remplis d’une splendeur sans joie : il faut
entamer peu à peu la pierre qui écrase,
dissoudre peu à peu le minerai de l’âme
jusqu’à ce que tu sois celui qui lit,
jusqu’à ce que l’eau chante par ta bouche.

Ce qui est plus facile que la mer à boire
et plus difficile aussi que naître sans fin.
C’est un étrange office qui te cherche
et qui se cache quand on l’a cherché,
c’est une ombre au toit crevassé
mais où dans chaque trou il y a une étoile.


/ Traduction Claude Gouffon
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L'AVENIR EST ESPACE

L'avenir est espace,
un espace couleur de terre,
couleur de nuage,
couleur d'eau, couleur d'air,
un espace noir pour de nombreux rêves,
un espace blanc pour toute la neige,
toute la musique.
(...)
En avant, échappons
au fleuve suffocant
où tant d'autres poissons nous naviguons
de l'aube à la nuit migratrice
et maintenant dans cet espace découvert
envolons-nous gagnons la pure solitude.
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LA PREMIÈRE MER

Griseries des fleuves,
rives de noirs fourrés et de parfums,
pierres soudaines, arbres brûlés
et terre pleine et solitaire.
Fils de ces fleuves
Ma vie passa
à courir sur la terre,
au long des mêmes rives
et vers la même écume ,
et quand la mer de ce temps là
croula comme une tour blessée
et se redressa toute fureur hérissée
je sortis de mes racines ,
ma patrie se fit plus spacieuse,
L'unité du bois se brisa :
La prison des forêts
ouvrit une porte verte
par où entra la vague et son tonnerre.
Alors un coup de mer
étendit ma vie dans l'espace.
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Et ce fut à cet âge... La poésie
vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où
elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.
Je ne sais ni comment ni quand,
non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas
des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,
des branches de la nuit,
soudain parmi les autres,
parmi des feux violents
ou dans le retour solitaire,
sans visage elle était là
et me touchait.


Je ne savais que dire, ma bouche
ne savait pas
nommer,
mes yeux étaient aveugles,
et quelque chose cognait dans mon âme,
fièvre ou ailes perdues,
je me formai seul peu à peu,
déchiffrant
cette brûlure,
et j'écrivis la première ligne confuse,
confuse, sans corps, pure
ânerie,
pur savoir
de celui-là qui ne sait rien,
et je vis tout à coup
le ciel
égrené
et ouvert,
des planètes,
des plantations vibrantes,
l'ombre perforée,
criblée
de flèches, de feu et de fleurs,
la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.


Et moi, infime créature,
grisé par le grand vide
constellé,
à l'instar, à l'image
du mystère,
je me sentis pure partie
de l'abîme,
je roulai avec les étoiles,
mon cœur se dénoua dans le vent.

Traduction Pierre Clavilier
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LE TRAIN DE NUIT
Oh! long Tain de nuit,
souvent
du sud en direction du Nord,
au milieu des ponchos mouillés,
des céréales,
des bottes que la boue raidit
en troisième,
tu as déroulé la géographie.
C'est peut-être alors que j'ai commencé
la page terrestre,
que j'ai appris les kilomètres
de la fumée,
l'étendue du silence.

Nous passions Lautaro,
des chênes, des champs de blé, une terre
à la clarté sonore, à l'eau
victorieuse:
les longs rails continuaient très loin,
et plus loin les chevaux de la patrie
traversaient
des prairies
argentées,
soudain
le haut pont du Malleco,
fin
comme un violon
de fer clair,
puis la nuit, est ensuite
le Train de nuit
qui roule, roule entre les vignes.
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Vidéo de Pablo Neruda
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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