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EAN : 9782714305411
397 pages
José Corti (30/11/-1)
3.17/5   6 notes
Résumé :
Chacun connaît le Voyage en Orient, dont il existe de multiples éditions ; Lorely, Souvenirs d’Allemagne reste une œuvre méconnue et rarement publiée. Nerval, cependant, n’a fait qu’un séjour en Orient, alors qu’il s’est rendu sept fois outre-Rhin, irrésistiblement attiré par ces contrées qu’il parcourt encore six mois avant sa mort, y rédigeant en partie son ultime chef-d’œuvre, Aurélia. En 1852, année durant laquelle Gérard s’efforce de prouver au public et à la c... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
J’ai franchi bientôt les remparts, la place de Meer, la Place-Verte, pour gagner la cathédrale et y revoir mes Rubens : je ne trouvai qu’un mur blanc, c’est-à-dire rechampi de cette même peinture à la colle dont la Belgique abuse, - par le sentiment, il est vrai, d’une excessive propreté. « Où sont les Rubens ? dis-je au suisse. (…) - Ils sont à la restauration » répondit le suisse avec fierté.

O malheur ! Non contents de restaurer leurs édifices, ils restaurent continuellement leurs tableaux. Notez que la même réponse m’avait été faite il y a dix ans dans le même lieu. J’ai songé alors avec émotion à ce qui s’était passé un peu avant cette époque au musée d’Anvers. L’histoire est encore bonne à répéter. On avait confié la direction du musée à un ancien peintre d’histoire, enthousiaste de Rubens, quoique très fidèle au goût classique et n’admirant son peintre favori qu’avec certaines restrictions. Ce malheureux n’avait jamais osé avouer qu’il trouvait quelques défauts, faciles du reste à corriger, dans les chefs-d’oeuvre du maître. Ce n’était rien au fond : un glacis pour éteindre certains points lumineux, un ciel à bleuir, un attribut, un détail bizarre à noyer dans l’ombre, et alors ce serait sublime. Cette préoccupation devint maladive. N’osant témoigner ses réserves ni s’attaquer en plein jour à de tels chefs-d’oeuvre, craignant le regard des artistes étudiants et même celui des employés, - ils se levait la nuit, ouvrait délicatement les portes du musée et travaillait jusqu’au jour sur une échelle double à la lueur d’une lanterne complice. Le lendemain, il se promenait dans les salles en jouissant de la stupéfaction des connaisseurs. On disait : C’est étonnant comme ce ciel a bleui, c’est sans doute la sécheresse, - ou l’humidité… Il y avait là autrefois un triton… La couleur d’ocre l’aura noyé par en effet de décomposition chimique. - Et on pleurait le triton. On s ‘aperçut de ces améliorations trop rapides bien longtemps avant d’en pouvoir soupçonner l’auteur. Convaincu enfin de manie restauratrice, le pauvre homme finit ses jours dans un de ces villages sablonneux de la Campine où l’on emploie les fous à l’amélioration du sol.
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Que dire de Bruxelles que l’on n’ai pas dit : c’est une ville qui ne vaut pas Gand comme étendue ni comme situation. Et d’abord, ainsi que je disais l’été dernier à propose de Munich, il n’y a pas de grande ville sans fleuve. Qu’est-ce qu’une capitale où l’on n’a pas la faculté de se noyer ?… Gand a l’Escaut, Liège a la Meuse ; Bruxelles n’a qu’un pauvre ruisseau qu’il intitule la Senne, triste contrefaçon. Imaginez ensuite au centre du pays le plus plat de la terre une ville qui n’est que montagnes : montagne de la Cour, montagne du Parc, montagne des Larmes, montagne aux Herbes potagères, etc.; on y éreinte les chevaux ou les chiens pour une course de dix minutes; tout flâneur y devient poussif; des rues embrouillées au point de passer parfois les unes sous les autres; des quartiers plongés dans les abîmes, tandis que d’autres se couronnent de toits neigeux comme les Alpes; le tout offrant du reste un beau spectacle, tant d’en haut que d’en bas. On rencontre dans la rue Royale, qui longe le parc, une vaste trouée, d’où l’on peut voir, à vol d’oiseau, le reste de Bruxelles mieux qu’on ne voit Paris du haut de Notre-Dame. Les couchers de soleil y sont d’un effet prodigieux. Sainte-Gudule s’avance à gauche sur sa montagne escarpée comme une femme agenouillée au bord de la mer et qui lève les bras vers Dieu; plus loin, du sein des flots tourmentés que figurent les toits, le bâtiment de l’hôtel de ville élève son mât gigantesque; ensuite vient un amas confus de toits en escaliers, de clochers, de tours, de dômes; à l’horizon brillent les bassins du canal, chargés d’une forêt de mâts; à gauche s’étendent les allées du boulevard de Waterloo, les bâtiments du chemin de fer, le jardin botanique avec sa serre qui semble un palais de féerie, et dont les vitres se teignent des ardentes lueurs du soir. Voilà Bruxelles dans son beau, dans sa parure féodale, portant, comme bijoux d’ancêtres, ses toits sculptés, ses clochetons et ses tourelles. Il faut redescendre et plonger dans les rues pour s’apercevoir qu’elle a revêtu les oripeaux modernes et n’a gardés du temps passé que sa coiffure étrange et splendide.
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J’ai été assez heureux pour pouvoir raconter au savant poète une légende que j’avais recueillie dans un précédent séjour à Bruxelles. - L’architecte qui construisit cet hôtel de ville eut le désagrément d’abord de ne pouvoir accomplir son oeuvre. L’aile gauche, établie sur un terrain peu solide, s’écroula tout entière. On pensa qu’il s’agissait d’un terrain marneux, et on planta des pilotis : la construction s’effondra une seconde fois, laissant paraître un vaste abîme. On crut qu’il y avait là d’anciennes carrières, et l’on y versa des tombereaux de gravois ; mais plus on en versait, plus le trou devenait profond. Enfin le malheureux architecte fut contraint de se donner au diable. Dès lors les constructions s’élevèrent avec facilité. Il mourut le jour même où l’on posait le bouquet sur le toit achevé, et l’on n’apprit qu’alors le fatal secret. L’archevêque de Malines fut appelé pour bénir l’édifice. Un craquement soudain se déclara dans les murs, et tout rentra dans le troisième dessous. On aspergea le gouffre d’eau bénite ; des ouvriers munis de scapulaires osèrent y descendre, et dans le fond on trouva une tête colossale en bronze ornée de cornes portant des traces de dorures. C’était, selon les unes, une tête antique de Jupiter-Ammon, selon d’autres le buste officiel de Satan. Cette même tête a été appliquée depuis sur les épaules du maudit que transperce la lance de saint Michel sur la flèche du monument. On redore maintenant ce groupe magnifique, qui s’aperçoit dans un rayon de six lieues.
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