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sur 1543 notes
Le Nothomb 2022 n'étonne pas, mais reste un bon moment de lecture. le prétexte de ce (presque)-conte est cette fois la relation fusionnelle entre deux soeurs ; l'aînée Tristane s'est toujours occupée de sa petite soeur Laetitia, et ce depuis sa toute petite enfance. Encore une fois l'autrice imagine la vie des bébés en leur prêtant des capacités d'adulte. Délaissées par des parents trop tournés vers leur couple pour s'intéresser à leur progéniture, ces deux filles sont dotées, comme toujours chez Nothomb, de talents inégalés. Une est brillante et va finir par suivre des études de lettres à Paris ; l'autre ne pense et ne vit que pour le rock.

Cette longue nouvelle distrait, amuse parfois, étonne dans ses excès et, finalement, a tout d'un récit Nothomb (marque et concept déposés).
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Pour son trente et unième roman, Amélie Nothomb a accouché d'une famille atypique, voire psychotique, comme ce fut le cas avec des précédents livres.
Elle choisit de situer son « conte » avant l'ère des portables ( elle fait d'ailleurs partie des rares écrivains à déclarer ne posséder ni ordinateur, ni smartphone) !


Elle campe donc un couple plus que fusionnel, Florent ( 30 ans) et Nora (25 ans).Ils vont vivre cette passion durant trois ans avant qu'un bébé vienne s'immiscer dans leur intimité. Avoir des parents déficients, n'est-ce pas une source de romanesque ?
La romancière enfante souvent des « enfançonnes » surdouées, des êtres brillants, mais qui souffrent de carence affective.
Elle aime aussi ponctuer son récit de dates de naissance, d'âges des protagonistes dont on suit l'évolution au fil des ans.

La première fille de ce couple «  forteresse », Tristane se révèle d'une intelligence hors norme, elle acquiert la lecture avant d'entrer à l'école.
Une fillette qui rappelle par sa précocité, Diane, l'héroïne de Frappe-toi le coeur. C'est elle qui va apprendre à lire à sa cadette, Laetitia.

On est témoin de l'indéfectible et puissante complicité qui va se nouer entre les deux soeurs. Dès l'enfance, c'est un bonheur pour Tristane de contempler «  l'amour de bébé endormi ». Elles préfèrent jouer ensemble plutôt que de rester rivées à l'écran et deviennent inséparables. Inséparables comme Amélie Nothomb et sa soeur Juliette

En fréquentant l'école, elles peuvent constater leurs différences…, en particulier le grand investissement des autres parents auprès de leur progéniture. Elles se résignent à avoir des parents défaillants, qui vivent dans leur bulle idyllique. Ne les ont-elles pas appelés « papa et maman », d'une seule entité inséparable.

On subodore que les pédiatres vont crier haro devant le comportement irresponsable des parents des deux fillettes qui les gavent de télé, vivant dans leur bulle amoureuse.
Des parents immatures au point de laisser leur progéniture seule la journée, sans baby- sitter quand tous deux reprennent le travail. Si bien que Tristane va se tourner vers sa tante Bobette pour obtenir des renseignements pratiques… et se livrer aux confidences. N'a-t-elle pas été humiliée, blessée par son père, traumatisée par les paroles de sa mère ( après avoir surpris une conversation à son sujet?)
Comment se débarrasser ensuite du complexe profondément ancré de « petite fille terne », puis de fille « fadasse » qu'on lui a collé au collège?
Comme on sait, les mots détruisent.

Faute de reconnaissance de la part de ses parents, Tristane nourrit une affection sans bornes pour sa tante, et pour sa fille Cosette dont elle est la marraine. C'est un coup de massue pour le lecteur quand Tristane obéit à l'injonction de sa cousine aimée.

L'anorexie est au coeur de ce roman, maladie dont souffrent plusieurs héroïnes de l'auteure, sujet qu'elle maîtrise pour en avoir été victime. Celle de Cosette est lourde de conséquences.

Comme Monica Sabolo, Tristane effectuera elle-même les démarches administratives pour obtenir une bourse afin de poursuivre ses études et de gagner son indépendance, ne rechignant pas à enchaîner les petits boulots pour couvrir ses dépenses.

L'écrivaine se fait toujours un malin plaisir de glisser son mot fétiche «  pneu », cette fois, il est porté au sommet, puisqu'il se métamorphose en nom de groupe de musique/band : Les Pneus ! Car The tires , ça sonne mal.
Et on rêve de les voir dans les « charts ». Mais créer un groupe demande une cohésion entre les différents musiciens /membres. Des tensions, des rivalités amoureuses naissent. Comment va-t-il progresser ? Sera-t-il en concert à Bercy ? La fan de Metal développe une réflexion sur la musique.

Parmi les points communs qu'Amélie Nothomb partage avec son héroïne, on peut lister sans hésiter le goût du rock ( metal), de la lecture, les études de lettres.
Comme dans Les aérostats, Amélie Nothomb met en exergue le pouvoir des mots, l'utilité d'apprendre le grec, le latin, valorise la littérature, « un moyen comme un autre de devenir présidente de la République ». D'ailleurs elle enrichit notre connaissance du français, glissant toujours un ou deux termes peu courants, comme ici «  apophtegme » : parole mémorable ayant une valeur de maxime. Ou encore l'emploi du mot «  dormition » pour décrire l'étreinte amoureuse des parents.

Comme Tristane , la romancière a longtemps partagé sa chambre avec sa soeur, lieu propice aux confidences, avant de prendre son indépendance à Paris, « la Jérusalem des lettres françaises ». Comme elle, elle connaît l'ivresse de la lecture. D'ailleurs, elle rédige des « blurbs » pour le bandeau de livres qui l'ont conquise. (1)
Quant à la ressemblance de Tristane avec son père , elle convoque cette phrase si souvent entendue par l'Académicienne  : «  Amélie, c'est Patrick. » , et qui la révoltait , petite, car troublée qu'on ne voie pas qu'elle était une fille.
Last not least , on devine l'épistolière invétérée quand, dans le roman, les deux soeurs recourent à la correspondance pour leurs confidences à l'insu de leurs parents !
( En 1991, la ligne fixe Maubeuge-Paris est onéreuse et ne permet pas l'intimité.)

Dans ce conte, Amélie Nothomb explore à nouveau les relations familiales, qui peuvent être conflictuelles entre parents et enfants, incarnant cette expression « famille je vous hais ». Les réactions des parents déçoivent, surtout celle de la mère à l'annonce de la réussite de Tristane. Que penser de parents peu enclins à encourager les études de leurs enfants et qui dénigrent la lecture ? « Le coup de matraque » qui s'abat sur Tristane , dans le dénouement, sidère tout autant le lecteur.

Par le titre, le livre des soeurs,l'écrivaine rend un hommage indirect à sa soeur adorée Juliette, avec qui elle forme un duo soudé depuis l'enfance et entretient un amour paroxystique. de nombreuses interviews relatent d'ailleurs leur osmose.

Quant au style, même s'il vise à l'épure, le conte n'est pas encore pour cette fois réduit à un haïku. «  Dans trente ans, mon livre sera peut-être un haïku », boutade que l'écrivaine a formulée dans la presse !

Amélie Nothomb signe un roman vibrant au rythme d'un amour sororal absolu, de la musique de Led Zeppelin, de Queen, de David Bowie, de Lou Reed, de Patti Smith. le récit est hélas assombri par le destin tragique de deux protagonistes. Mais « la mort n'est pas la cessation de l'amour », on peut continuer de dialoguer avec les défunts. Si le groupe Les Pneus, touchant seulement les «  happy few », ne figure pas dans le Top 50, ce roman, lui, surfe sur la vague du succès. «  Amor fati » pour credo.

(1) : Vincent Delareux fut un des chanceux adoubés. « Le cas Victor Sommer » lui vaut l'admiration d'Amélie Nothomb et cette phrase en jaquette du livre :
« Un récit à mi-chemin entre les Evangiles et Pyschose ! Une réussite. »

P.S :
A noter que la photo de la couverture est signée Nikos Alagias.
On peut lire une interview du photographe dans le Hors-série anniversaire de Lire Magazine Littéraire, paru en juillet 2022
Quant à Perry Salkow, friand d'anagrammes, il a transformé le titre le livre des soeurs en Soleil des rêveurs.
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Avatar de sa production annuelle récurrente nous ayant habitué au pire et au meilleur, on trouvera cette fois le pire, avec une impression de travail bâclé. le début du roman avec une Tristane capable de raisonnement d'adulte à peine sortie du ventre de sa mère étonne, mais peut laisser l'illusion d'une originalité annonciatrice intéressante. Malheureusement pour le lecteur, l'incertitude ne dure pas longtemps et la bascule a lieu dans le mauvais sens. L'accélération temporelle rapide de la narration suggère plus une envie d'en finir de l'autrice, (moins de pages, moins de travail) que son souci de rester à la hauteur de sa réputation. L'excellence est t'elle compatible avec une production annuelle purement commerciale ?
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Après Soif et Premier Sang, Amélie Nothomb revient pour son cru 2022 à un conte concentré sur une famille atypique de Maubeuge, dans les années 1980. Tristane et Laetitia sont les deux filles d'un couple fusionnel. Bien que très différentes et avec cinq années d'écart, elles développent une relation entre elles qui leur permettront de chacune suivre sa voie : l'une dans la littérature, l'autre dans le rock.
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Ce roman débute sur l'amour entre deux personnes Nora et Florent, inconditionnel, passionnel. Au sein de ce couple nait le fruit de cet amour qu'ils nommeront Tristane. Quelle est la place de cette enfant ?
L'amour filiale est assez froid, distant, c'est en tout cas ainsi qu'il est ressenti par Tristane.
Elle relate l'instant où elle se retrouve seule dans sa chambre alors qu'elle n'aspire qu'à rester avec ses parents le soir qui s'aiment outrageusement.
Elle comprend vite qu'elle doit se taire, ne pas faire trop de vagues.
Et puis arrive Laetitia, une petite soeur, une alliée enfin !
A elles deux, elles vont construire des remparts autour de leur complicité. Elles sont des soeurs fusionnelles, bienveillantes l'une envers l'autre.
Le rapport entre soeurs est également traité sur le binôme Nora et Bobette, toutes deux si différentes sans aucun sentiment à partager.
Tout n'est pas forcément très cohérent dans cette histoire, ce qui peut nous ramener à la légèreté du conte. Tristane communique avec sa cousine dans l'au-delà par exemple.
Certains thèmes comme les troubles alimentaires chez l'adolescent sont abordés sans être analysés. La construction de soi, dès la petite enfance est le sujet principal il me semble.
Face aux comportements des adultes, de leurs paroles parfois destructrices, l'enfant grandit, se façonne. Est-il capable petit de comprendre cette phrase à laquelle l'auteure donne une grande importante puisqu'elle constitue le résumé de la quatrième de couverture : Les mots ont le pouvoir qu'on leur donne ?
J'ai eu cette impression déjà ressentie à la lecture de cette autrice, qu'elle pointe le doigt sur des sujets d'une profondeur inouïe sans les analyser en détail comme pour laisser cette liberté et ce pouvoir au lecteur.
Très subtil madame Nothomb !
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L'univers d'Amélie Nothomb lui est propre.
On l'apprécie beaucoup ou pas du tout.
Je fais partie des lecteurs qui l'apprécient beaucoup même si ces dernières années, il a fallu faire preuve d'imagination pour retrouver la qualité littéraire des premiers titres.
Pour cette 30ème parution, je me suis lancée dans l'aventure sans trop d'attente et j'ai été délicieusement enchantée.
Un roman court, certes, mais ponctué d'un vocabulaire qui fait mouche pour exposer le propos, un propos qui m'a touchée avec une résonnance personnelle indéniable.
La chute est abrupte mais finalement pas plus que la globalité du texte dans lequel les sentiments et émotions sont taillés au couteau, leur donnant une force désopilante.
Bref, je me suis régalée

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Complètement addictif. Amélie NOTHOMB a le don de me faire pénétrer dans ses univers à une vitesse vertigineuse… mais courte. Et c'est là le reproche que je pourrai faire à cette nouvelle histoire, de deux soeurs qui s'adorent, et que les parents délaissent par leur indifférence, tellement ils sont amoureux fous l'un de l'autre. Il ne faut pas que les enfants dérangent. Et ça Tristane le saura vite, très vite d'ailleurs.

Il y a aussi Bobette, soeur de Nora, mère des deux fillettes, qui vit à l'opposé de sa soeur et que Tristane adore, plus que sa mère. Il y a Laetitia, petite soeur de Tristane, qui l'a prendra en charge. D'ailleurs sa mère le lui a bien dit : « voilà ta petite soeur, je l'ai faite pour toi ».

Amélie NOTHOMB explore les relations entre filles, mère, tante et l'absence ou l'indifférence du père. C'est selon. Difficile de résumé ce livre, il y a tellement à dire entre les relations des un(e)s et des autres.

J'ai un peu moins aimé la 2ème partie, ou plutôt la fin qui vient trop vite.
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Oui c'est un coup de coeur, un de plus avec cette autrice.

Le livre des soeurs parle de l'amour filial, de l'amour en général, de l'amour familial, du pouvoir des mots aussi.

Tristane est l'aînée de la famille. Ses parents Nora et Florent se vouent un amour tel qu'il est difficile d'intégrer cette entité qu'ils représentent. S'ils ont eu Tristane c'est parce que c'est ce qu'on attendait d'un couple marié. Pas un désir mais une continuité des choses à faire. Quand ils ont eu Laetitia, là encore c'est pour faire une soeur à Tristane et non par désir d'enfants.
D'ailleurs ça se traduit rapidement dans la hie au quotidien.
Même s'ils ne sont pas des parents mauvais ils sont absents aux autres. Ils s autosuffisent.

Tristane en est consciente et va tout faire pour que sa soeur ne souffre pas et se sente aimer. A ce stade d'amour, qui pourra rivaliser ?

Mais ce n'est pas tout, il y a aussi tante Bobette, mère célibataire de 4 enfants sans emploi mais qui aime ... peut être parfois elle ne sait pas bien comment.

La vie avance, les enfants grandissent, comprennent, subissent, se soignent ou abdiquent, survivent et peut être même vivent.

C'est une histoire sans violence physique mais pas dénuée de violence. C'est une histoire de tous les amours.
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Généralement, j'aime bien l'auteure qu'est Amélie Nothomb mais je trouve qu'à force d'explorer les liens familiaux en long, en large et en travers, ses romans laissent parfois une impression de "déjà lu". Celui-ci, avec cette mère toxique (même si le père n'est pas tout blanc dans l'histoire) m'a fortement rappelé l'intrigue de "Frappe-toi le coeur".

Malgré tout, Amélie Nothomb parvient à nous prendre par les sentiments avec le personnage de Tristane. On ne peut qu'être touché par cette force de résilience qu'elle met en place pour survivre à l'indifférence de ses parents, dont l'amour est entièrement orienté vers leur couple. Pour que sa petite soeur n'en souffre pas, elle l'entourera d'une tendresse bienveillante dès sa naissance. L'affection qu'elle éprouve également pour sa tante Bobette, méprisée de tous, est admirable. Cela donne tout de même un personnage un peu surréaliste, mais n'est-ce pas la patte de l'auteure ?

Sa plume, sans être aussi caustique qu'habituellement, reste fulgurante par instant. En contrepartie j'ai vécu des moments de flou total, comme "le coup du frigo", par exemple... Cela donne, à mes yeux, un roman un peu inégal, qui, en nous faisant revisiter les années 80, se donne un air de légèreté, pour plonger l'instant d'après dans une noirceur sans fond. Pour l'hommage qu'il rend à la beauté du lien entre soeurs, je lui accorde malgré tout un 12/20.
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Depuis quelques années déjà, je boude Amélie Nothomb. Pourquoi? je n'en avais pas vraiment le souvenir jusqu'à cette lecture qui ne m'a pas emballée.
Les soeurs Tristane et Laetitia, sont en fusion totale tandis que leurs parents vivent une passion absolue.
Les soeurs jouent, apprennent à lire, font de la musique, aiment, se séparent. Elles font de leur cousine Cosette une compagne de jeu et de musique...
J'ai compris ce qui me gêne dans l'écriture de Amélie Nothomb: on glisse subrepticement du réel à l'imaginaire et les personnages ont ce petit quelque chose d'irréel qui m'empêche de m'y attacher. Tristane n'est pas terne au contraire, elle est parfaite, beaucoup trop!
Pas convaincue donc encore une fois par cette auteure.
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