Belle découverte d'un gigantesque styliste. Dommage qu'il soit si méconnu, car son style unique, dans l'évocation, dans la complexité, reste au service d'un fond puissant (dans ce roman il s'agit de la révolte des femmes contre un ordre masculin et militaire). Certes le scénario est parfois dur à suivre, mais le livre récompense ceux qui ont su le lire jusqu'au bout. Parfois, les flashbacks semblent se confondre, c'est à mon sens volontaire, la répétition d'un motif avec d'infimes variations permet de traiter le sujet dans toute son ampleur. J'en conseille la lecture à tous les férus de grand style ; l'ouvrage peut néanmoins rebuter les lecteurs moins chevronnés.
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Un immense manifeste stylistique, qui hurle dans le silence. Un joyau sombre qui se passe de main en main (selon coteries et fins connaisseurs, trop confidentiels) et qui vaut tous les manuels esthétiques du monde et tient en respect les plus grands du début du XXeme.
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Mais, tantôt s'agenouillant pour mieux mordre leurs tourmenteurs, tantôt s'embrochant d'elles-mêmes sur les sabres en trouvant la force de se cramponner au poignet de l'homme pour le livrer aux coups de leurs compagnes, ces femmes, rendues folles par le contact du sang sur leur nudité, n'étaient plus qu'un poulpe à cent bras. Etouffés, mordus, ne pouvant retirer leurs armes de ces corps qui mouraient sans desserrer leur étreinte, ces hussards-là ne devaient pas survivre longtemps à leur retour en ville...
N'ayant plus à redouter la rivalité des matelots étrangers, depuis que ceux-ci étaient devenus l'apanage des hussards, et découvrant une occasion de promouvoir sans risque du rang de sacrifiés au grade de victimaires, ces demi-soldes qui formaient en ville une catégorie d'impuissants et d'aigris assez analogue à la faune des écrivains ratés, n'avaient pas tardé à faire régner sur les pauvres femmes qui avaient perdu jusqu'au choix de l'encan une terreur à base de chantage.