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Françoise Heide (Traducteur)
EAN : 9782330177881
496 pages
Gaïa (01/03/2023)
4.04/5   26 notes
Résumé :
Forêt tropicale du Congo, 2030. Une équipe de scientifiques de différentes nationalités étudient les effets du changement climatique sur les espèces animales et végétales. Lorsque Nelson – le mâle alpha, au tempérament docile, d’un groupe de gorilles – commence à attaquer sans raison ses semblables, en dévorant même plusieurs d’entre eux, l’équipe décide de le neutraliser. Ils découvrent alors la présence d’un virus inconnu redoutable, susceptible d’effacer une gran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Auteur norvégien prolifique, Gert Nygårdshaug est surtout connu en France pour sa Trilogie de Mino parue chez J'Ai Lu. Poursuivant dans la veine anticipation qui a fait son succès, l'écrivain nous revient en France avec un éco-thriller-SF chez Gaïa/Actes Sud qui nous plonge dans un monde où crise écologique et crise économique sont plus que jamais d'actualité.
Chimera, sous ses allures de pavé, est surtout un page-turner que vous allez dévorer, soyez prévenus !

Gare au gorille
Quelque part en Afrique, c'est l'auteur lui-même, Gert Nygårdshaug, qui nous présente son projet littéraire alors qu'il enquête sur la pollution du fleuve Niger. Après un échange plus que lugubre avec Peter O'Bryan, un plongeur d'une organisation internationale chargée de monitorer la vie des océans, Gert Nygårdshaug se rappelle qu'il n'est pas le personnage central de cette histoire et s'avance quinze à vingt ans dans le futur dans le parc national des Virunga au Congo. Nous y faisons la connaissance d'une multitude de personnages appartenant au CORAC (pour COngo RAinforest Center), l'une des structures chargées par le GIEC d'étudier des zones-clé de par le monde où la biodiversité remarquable se conjugue avec le reflet de l'influence néfaste de l'homme sur le Globe. le CORAC est à la fois une station qui rend compte de l'état des Virunga mais qui tente également de trouver des solutions à la crise climatique en cours.
Et autant le dire tout de suite, la situation n'est pas brillante.
Les fleuves et les océans se meurent, l'Australie se désertifie comme la Finlande ou la Norvège, les espèces disparaissent toujours plus vite et, surtout, l'épuisement imminent du phosphore et du pétrole fait souffler un vent de panique parmi les nations qui s'écroulent. Famine, guerre, maladie. Voilà ce qui attend l'humanité dans les prochaines années…
Au CORAC pourtant, les scientifiques du monde entier se battent pour trouver une réponse à cet avenir pour le moins désespérant.
Parmi eux, le Norvégien Karl Iver Lyngvin (zoologiste), le Russe Lev Yankin (biochimiste), le Chinois Wang Chen Hu (botaniste), l'Australienne Zoe Wildt (entomologiste) ou encore la Finlandaise Aina Leptonen (primatologue).
À leur tête, un Français, Gauthier de Payens, qui tente de gérer ce centre stratégique du mieux qu'il peut et d'absorber les communications de plus en plus alarmantes qui lui parviennent du monde extérieur. Mais depuis quelques jours, ce qui occupe cette fine équipe, c'est le brusque changement de comportement d'un des gorilles du parc, Nelson, qui s'est brutalement mis à dévorer les plus jeunes de son clan avant d'en être chassé par la force. Karl Iver et Shomo Nuggee sont chargés de l'abattre et de faire des prélèvements sur sa carcasse pour analyse.
Surprise : le gorille est infecté par un tout nouveau type de virus géant, le Chimera, et son potentiel de destruction semble défier l'imagination.
Heureusement, l'infection a pu être contenu à temps. du moins, c'est ce que tous espèrent avant qu'un des petits villages alentour ne donne plus signes de vie…
Pour le reste, nous n'en dirons pas davantage car Chimera, du haut de ses 500 pages, vous réserve pas mal de surprises et se base avant tout sur un suspense à couper au couteau comme tout bon thriller qui se respecte.
Gert Nygårdshaug imagine une menace terrifiante et entre dans les détails avec une précision qui force le respect, rappelant les caractéristiques nécessaires pour produire une pandémie mondiale capable de rayer l'être humain de la surface du globe. Un sujet d'un actualité d'autant plus brûlante après l'épidémie Covid (alors que le roman a été écrit en 2011, soit près de 8 ans auparavant…). Ne croyez cependant pas qu'il s'agit d'une bête resucée de roman catastrophe. Non, Gert Nygårdshaug a bien d'autres idées derrière la tête…

Vivre et laisser vivre
Avec sa ribambelle de personnages, Chimera insiste d'abord sur la vie de ces scientifiques perdus dans une sorte d'Eden en sursis. Par leur parcours et ce qu'il est advenu de leurs pays respectifs, Gert Nygårdshaug illustre sans filtre la crise climatique. Dès son prologue musclé et intense, le Norvégien annonce la couleur. Chimera va vous mettre en face de la destruction de notre planète par l'homme et ne va pas prendre de gants.
Pour mettre l'accent sur l'urgence de la situation, le roman va également faire la part belle aux relations avec le monde extérieur et l'inactivité totale (ou presque) des organisations internationales qui sont pieds et poings liés devant l'immobilisme des nations, elles-mêmes terrifiées par les conséquences de mesures drastiques nécessaires pour sauver la Planète. Économie ou écologie, confort ou contrainte, voici le dilemme impossible à résoudre.
Particulièrement pessimiste et nihiliste, le récit de Gert Nygårdshaug va rapidement se transformer en thriller quand le virus Chimera montre ce dont il est capable et lorsque l'on commence à lire entre les lignes ce qui se profile derrière cette découverte. le Norvégien se fait l'avocat du Diable et s'interroge sur la seule solution possible à la catastrophe annoncée. Dès lors, Chimera se fait moral et éthique tout en considérant un aspect central de l'histoire : l'équilibre (ou le yin-yang/dialectique si cher au personnage haut-en-couleurs de Wang Chen Hu).
Tout se construit en opposition dans Chimera. Des scientifiques qui pensent que tout est déjà foutu et ceux qui pensent qu'une solution est encore possible, de la naissance de l'humanité à l'apparition conjointe de certaines espèces de moustiques/virus, du fait religieux et du constat scientifique… Les oppositions sont là, elles régissent le monde et assurent sa survie.
Mais doit-on intervenir ?
Gert Nygårdshaug ne se pose pas en juge et s'interroge constamment sur la situation et les limitations de notre société, et cela sur plusieurs niveaux, international, national… et individuel. Passionnant, Chimera n'est pas là pour faire dans la dentelle et l'humanité en prend pour son grade. En pensant que ce roman a été écrit en 2011 et que l'action se passe environ quinze à vingt ans plus tard, vous pouvez avoir froid dans le dos. Vraiment.
Plus important encore, Gert Nygårdshaug sait diablement bien écrire et entretenir son suspense tout du long, déplaçant le coeur de l'intrigue au gré des révélations faites aux lecteurs. Coupant son récit en chapitres courts, le Norvégien maintient un rythme soutenu et s'amuse à faire partir le lecteur sur des fausses pistes. Mais ce qui importe au final, c'est la réflexion derrière cette histoire de virus et sur ce qu'elle dit de l'homme en général.
Gert Nygårdshaug n'est pas complètement nihiliste et laisse à la fin une porte de sortie. Ou, du moins, on voudrait y croire.

Redoutable d'efficacité, impressionnant dans sa précision scientifique et tétanisant dans sa façon d'aborder l'influence de l'homme sur la Nature, Chimera est un éco-thriller qui ne vous lâche pas. Gert Nygårdshaug n'a pas peur de se confronter à demain et vous interpelle directement sur ce que vous seriez prêts à faire pour sauver le monde et l'humanité.
Seul problème au vu de la date d'écriture du roman, et si demain… était aujourd'hui ?
Lien : https://justaword.fr/chimera..
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« Chimera » est un roman qui se déroule au fin fond de la forêt tropicale congolaise où une équipe de scientifiques internationaux étudient les effets du dérèglement climatique et y découvrent un nouveau virus dévastateur. Malgré qu'il s'agisse d'une fiction, ce livre est criant de vérités.

Lorsque Nelson, un des gorilles observés, se met à devenir agressif envers ses semblables, les scientifiques n'ont d'autres choix que de le neutraliser. Ils se rendent alors compte qu'il était porteur d'une nouvelle maladie pouvant décimer la population mondiale en un rien de temps.

Traitant d'un thème plus que jamais d'actualité qu'est le dérèglement climatique, ce roman devrait être mis entre toutes les mains afin de conscientiser les plus pessimistes ! L'auteur, écologiste convaincu depuis de nombreuses années, offre un livre palpitant et empreint de réalismes. Extrêmement bien documenté, l'auteur norvégien, Gert Nygårdshaug, a su s'entourer des bonnes personnes pour en écrire un ouvrage de grande qualité.

L'auteur est connu en France depuis le milieu des années 90 grâce à la traduction française de son thriller écologiste « le zoo de Mengele », premier tome de la Trilogie de Mino. Un jeune Amazonien se vengeait des plus gros pollueurs mondiaux. Ce livre a d'ailleurs été consacré « Meilleur livre norvégien de tous les temps ». Je vous avoue que je n'ai pas encore lu cette trilogie mais il ne saurait tarder que je me la procure tant sa plume m'a convaincue.

Un second aveu que j'ai à vous faire : malgré un esprit scientifique, je ne suis pas certaine d'avoir compris toutes les explications ou subtilités dans ce domaine tant Gert Nygårdshaug n'hésite pas à aller dans les détails grâce au travail en amont qu'il a dû fournir. Alors oui, certes, c'est parfois une lecture exigeante mais elle en vaut largement la peine.

Se lisant et s'appréciant comme un thriller classique, il n'en reste pas moins qu'il pousse à la réflexion sur comment l'Homme doit cesser d'exploiter à tous vents la Terre comme il le fait encore actuellement avec la démographique plus que galopante s'il souhaite offrir un futur à sa prochaine génération.

Souvent pessimiste mais indubitablement clairvoyant, Gert Nygårdshaug dévoile un thriller écologiste captivant et saisissant.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Il est des livres qui vous rendent schizophrène. Ainsi en est-il de cette chimère, monstre à trois têtes aux augures de fin de monde.
Schizophrène parce qu'une part de vous s'acharne à tourner les pages, totalement conquise par cette histoire fascinante et érudite déroulée dans une région du Congo, tandis que, juste derrière, une voix vous murmure qu'entre ces pages se joue une réalité qui n'a rien de fictionnelle et qui vous fait horreur.
L'auteur, très engagé écologiquement, le dit en préambule. Sa rencontre avec un professeur émérite en virologie et biologie marine est à l'origine de ce roman. Les références y sont précises, documentées, pointant à chaque terme que l'on n'est pas dans de la SF de comptoir.
Dans un futur proche, tres proche, ( et d'autant plus sachant que le livre a été écrit en 2011), une communauté de scientifiques installée en forêt humide au Congo s'acharne à décompter faune et flore, tout en tentant de restaurer leur biotope.
Dans ce futur, l'Australie est un quasi désert , les changements climatiques ont parachevé leur travail d'extinction des espèces, dont des milliers ont disparu. le monde poursuit sa course folle vers des richesses toujours plus exponentielles et indécentes, mais la Chine vient de s'effondrer, mettant à mal le fragile équilibre terrien.
Depuis le parc des Virunga, les scientifiques jettent toutes leurs armes dans un combat inégal. La découverte d'un virus géant va peut-être définitivement infléchir la partie.
Je remercie infiniment @JustAWord pour la découverte de cette lecture, et confirme avec lui qu'elle est totalement addictive.
Addictive et ensorcelante. J'ai passé de longues heures happée par les questions et réflexions proposées. Mon vertige a été à la hauteur de l'abîme. Il semble évident que les seuls changements climatiques, lesquels existent depuis que notre monde est monde, ne peuvent être seuls incriminés dans ce qui ressemble fort aux prémices d'une extinction.
Aurelien Barrau, Astrophysicien et militant écologiste, le dit lors de sa prise de parole en septembre 2022 devant les membres du Medef. "Je crois que nous n'avons pas tous très bien compris ici que nous ne sommes pas la solution, nous sommes le problème. " Sapiens est indubitablement son propre fossoyeur. En être conscient ne résoud rien, mais a le mérite de rappeler les essentiels face à ce que l'ONU appelle une "situation de menace existentielle directe". C'est effectivement vertigineux, et le pari de Gert Nygardshaug nous invite à contempler inlassablement et avec respect la prodigieuse beauté du monde.
De mon côté, je vais cajoler mes fleurs...
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La première partie, courte, propose un dispositif intéressant : l'auteur se met en scène dans son roman, il se regarde et se décrit à la deuxième personne en train d'enquêter sur les déchets toxiques déversés au bord du fleuve Niger pour écrire un roman, celui que nous aurions sous les yeux. Et puis subitement changement d'avis, changement d'avatar et de map, la page suivante nous téléporte sur un autre terrain, dans un futur très proche (dans 15 ou 20 ans), au coeur de la forêt humide du parc national des Virunga au Congo.
Le CORAC, Congo Rainforest Center, est l'une des trois stations de recherches dépendant de l'ONU implantées dans les forêts humides du globe, en vue d'étudier les effets du réchauffement climatique sur la biodiversité. Il abrite la crème des botanistes, zoologistes, entomologistes, ornithologues et biochimistes du monde, nourris par un excellent chef français, ainsi que des équipements de laboratoire de pointe. Un petit paradis pour chercheurs. Ils découvrent un nouveau virus, au pouvoir léthal plus redoutable que tout ce que l'on a connu jusque-là, qui a décimé un village entier du peuple ancestral Mbuti, à l'exception d'un seul enfant.
Avec une telle matière, et avec l'étiquette de « triller écologique » affichée en quatrième de couverture, je m'attends à passer un excellent moment d'angoisse. La présentation des personnages et de leurs missions, la description du biotope de la jungle, les termes scientifiques, tout cela est d'une belle richesse, c'est solide. L'auteur porte un regard à la fois très poétique et lucide sur cette nature sacrifiée que l'on sent qu'il aime et connait. Mais entre les deux scènes choc du début (150 premières pages), et le suspens final des toutes dernières pages (50/500) jusqu'à la dernière ligne, il ne se passe presque plus rien en termes de « thriller ». Par moment on se prend à s'impatienter et à se demander quand l'histoire à laquelle on s'attend va démarrer.
Mais finalement, le sujet du roman n'est pas une dystopie apocalyptique à partir d'un virus, mais le constat de l'état de notre planète, de l'extinction massive des espèces en cours, et une préparation aux drames à venir à court terme, en particulier avec la pression démographique. Je trouve que cela est fait avec doigté et finesse dans un très beau roman.
Le point qui m'a gênée, c'est le fait de dire qu'on se fiche de savoir si c'est l'homme qui est à l'origine du réchauffement climatique ou pas (ouais, enfin, quand même…) et qu'on est sur le point de trouver les solutions techniques pour y remédier (ben voyons…).
A part cela, c'est une belle lecture, avec une immersion sensible et intelligente dans la nature et dans la science.
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Éco-thriller d'anticipation (?), écrit en 2011 (!) et dont l'histoire se déroule autour de 2030. Ce roman (scientifiquement bien documentée) qui relate l'influence néfaste de l'homme sur la nature... fait froid dans le dos, tant les "prévisions" écolo-catastrophiques de l'auteur n'ont plus rien d'anticipatoires. Demain, c'est déjà aujourd'hui. Impressionnant et effroyable !
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critiques presse (1)
Culturebox
20 mars 2023
Un roman sur la thématique du dérèglement climatique par l'auteur du "Zoo de Mengele". "Chimera", le nouveau roman de Gert Nygårdshaug, met en scène une équipe de scientifiques en pleine forêt du Congo, aux prises avec un virus redoutable.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le spectacle qui t'a arrêté alors que tu descendais la rue va te poursuivre cette nuit jusque dans ton sommeil, ce sommeil alourdi par l'alcool, où vient volontiers s'incruster brutalement une image qui refuse de se dissiper avant le réveil. Cette fois, c'était celle de deux enfants, un garçon maigre et une fillette, agenouillés tous deux près d'un chien mort, non pour s'apitoyer sur leur animal chéri qui s'est fait écraser, mais pour s'acharner au couteau sur la carcasse, dans l'intention d'en détacher des bouts de viande qu'ils rapporteront chez eux et qu'on fera cuire. Tu t'es arrêté un instant dans la poussière de la rue, en t'essuyant le front, tu étais le seul à voir ça, personne d'autre n'a eu l'air de remarquer ces gosses décharnés, tout le monde est habitué sauf toi, tu as tourné le visage et tu passes ton chemin, vers le quartier du port où tu as quelque chose à faire, comme presque tous les jours, depuis trois semaines que tu trouves dans cette petite ville, construite sur l'un des bras principaux du delta du Niger.
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On a tous dans le cœur un recoin qui ferme à double tour, mais il y a peu de gens à savoir tourner la clef pour que le mal n’en sorte pas.
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