AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
L'Arche (01/01/1917)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Pièce écrite en 1917, qui montre un baleinier coincé par les glaces depuis des mois. Le capitaine refuse de faire demi-tour sous prétexte qu'il n'a pas encore stocké assez de tonneaux d'huile de baleine, tandis que les marins sont prêts à se mutiner et que sa femme perd peu à peu la raison.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après De l'huileVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après En route vers Cardiff, encore une "pièce de la mer", ce qui n'étonnera personne puisque O'Neill travailla comme marin pendant deux ans, un peu à l'instar de Melville et de Conrad - qui, lui, passa beaucoup plus de temps en mer que ses confrères.


Le capitaine Keeney dirige un baleinier d'une main de fer ; il est détesté de l'équipage. Le bateau est stoppé par les glaces, qui l'empêchent de continuer sa route vers le Nord, vers les baleines, et par conséquent vers l'huile qu'elles fournissent et qui est l'objet d'un commerce juteux. Depuis des mois que le baleinier est coincé, il est enfin possible de revenir en arrière et de prendre la route du Sud, les maigres et peu ragoûtantes provisions suffisant à peine au voyage. Les hommes sont à bout, et la femme du capitaine, qui a tenu à suivre on mari dans ce voyage, l'est encore davantage : tout le monde dit qu'elle n'est plus elle-même, qu'elle perd la tête lentement mais sûrement. Mais pas question pour l’implacable Keeney de céder à l'équipage, et de ne pas rapporter autant de tonneaux d'huile que d'habitude. Par par appât du gain, mais par une obstination qui confine à la folie. L'attachement qu'il a pour sa femme le fera cependant hésiter, mais...


Histoire d'une double descente dans la folie, De l'huile aborde un nouveau côté sombre de l'être humain. Keeney est un être qui ne veut, ne peut écouter personne, tant il est habité par une obsession malsaine. Sa femme, son pendant, perd la raison parce qu'emprisonnée dans le bateau comme dans sa vie d'épouse - si elle a voulu suivre son mari en mer, c'est parce que la vie oiseuse et solitaire qu'elle mène à terre lui est insupportable. Mais ses désirs à elle ne comptent pas, et ses aspirations à lui écrasent son entourage.


C'est aussi morbide qu'efficace. À ceci près que quelque chose m'a gênée : même sans avoir lu Moby Dick, il est impossible de ne pas penser à ce roman. Je ne sais pas si O'Neill s'est inspiré consciemment de Melville, n'ayant dégoté aucune info là-dessus ; mais le contraire serait très étonnant. Alors certes, c'est la psychologie qui prend le dessus chez O'Neill, ainsi que le contraste, qui fait symétrie, des deux personnages principaux. La critique sociale, dans une pièce qui met face à face un homme et une femme qui ne sont évidemment pas sur un pied d'égalité, est aussi d'importance. Il n'est pas question à proprement parler de métaphysique, on ne trouve pas dans cette pièce la portée de certains textes de Melville. Et je ne crois pas qu'il y ait chez O'Neill l'ambition de son aîné, mais juste la volonté de montrer très simplement, à partir d'une situation somme toute banale, comment l'être humain se tient constamment sur une corde, prêt à basculer dans le vide, ballotté entre ses désirs et ses frustrations - comme il le disait lui-même.


Cela dit, avoir en tête Moby Dick tout le temps dans la lecture, c'est justement assez frustrant. Mais pas tout à fait au point d'en perdre la raison, c'est heureux.
Commenter  J’apprécie          246

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
KENNEY, passant un bras autour de ses épaules, avec une tendresse bourrue. Allons, allons, Annie, n'aie pas peur. Tout est fini, bien fini.
MADAME KENNEY, s'éloigne de lui. Oh, je n'en peux plus ! Je ne peux plus supporter ça !
KEENEY, avec douceur. Supporter quoi, Annie ?
MADAME KENNEY, hystérique. Cette brutalité, ces brutes de marins ; ce bateau sinistre, et cette chambre, cette prison, plutôt, et ces glaces tout autour, et ce silence.
KEENEY, après l'avoir considérée en silence, à la fois perplexe et sévère. Rappelle-toi, Annie, ce n'est pas moi qui t'ai embêtée pour que tu m'accompagnes en mer.
MADAME KENNEY. Je voulais être avec toi, David, tu ne comprends pas ? Je ne voulais pas rester toute seule à la maison, comme je l'ai fait depuis six ans qu'on est mariés, rester là à attendre, à regarder, à avoir peur, sans rien pour m'occuper l'esprit, puisque la femme de David Keeney ne pouvait même plus continuer d’enseigner à l'école... Je rêvais de voguer sur l'Océan immense et majestueux. Je voulais partager avec toi cette vie rude, cette vie dangereuse. Je voulais te voir en héros, puisque c'est le nom qu'on te donne à Homeport. Et au lieu de ça, (sa voix se met à trembler) voilà tout ce que je trouve : les glaces, et le froid, et la brutalité.
Sa voix se brise.
KEENEY. Je t'avais dit comment c'était, Annie. La chasse à la baleine, c'est pas une excursion pour des dames. Je te l'avais dit, je t'avais dit aussi : "reste à la maison, c'est là qu'une femme a ce qu'il lui faut." (Il secoue la tête.) Mais tu voulais tellement...
Commenter  J’apprécie          80
MADAME KENNEY, lui met soudain les mains autour du cou et s'accroche à lui. - Tu m'aimes, David, n'est-ce pas ?
KEENEY, étonné et embarrassé. - Si je t'aime ? Pourquoi tu me demandes ça, Annie ?
MADAME KENNEY, le secouant farouchement. - Tu m'aimes, n'est-ce pas, David ? Dis ? Réponds-moi !
KEENEY. - Je suis ton mari, Annie, tu es ma femme. Après toutes ces années, qu'est-ce qu'il pourrait y avoir entre nous que l'amour ?
Commenter  J’apprécie          30

Video de Eugene O'Neill (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugene O'Neill
The Iceman Cometh, film réalisé par John Frankenheimer en 1973, d'après une pièce de théâtre écrite par Eugene O'Neill en 1939. Bande-annonce
autres livres classés : critique socialeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1297 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}