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EAN : 9782081274907
327 pages
Flammarion (21/03/2012)
3.47/5   15 notes
Résumé :
Les religions sont trop utiles, trop efficaces et trop intelligentes pour être abandonnées aux seuls croyants. Envisagées comme sagesses à l'usage de tous, elles engendrent des sentiments de communauté humaine, encouragent la vertu et luttent contre le matérialisme de la société de consommation.
Au lieu de moquer les religions, athées et agnostiques feraient mieux de "piller" les bonnes idées dont elles regorgent. Mêlant la plus grande impiété et le plus gran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Alain de Botton se lance dans l'écriture d'un livre sur les bienfaits de la religion, se positionnant comme un athée. A mon avis l'auteur pourtant n'est pas un athée, mais plutôt un agnostique. Alain de Botton parle à juste titre de l'influence sur les âmes de l'art religieux, qui en dehors de la foi n'a pas le même effet sur l'âme.

Je peux à peine être d'accord avec certaines des idées exposées dans le livre. En effet, le rôle socialisant de la religion, son principe moral ne peut guère être surestimé. Mais lorsque l'auteur se met à fantasmer sur la structure d'une société idéale du futur (au fond, bien sûr, athée), alors ses projets ne provoquent que l'étonnement.

A la fin du livre, De Botton cite comme exemple qui devrait inspirer la société de l'avenir l'église séculière dont le concept a été esquissé par Auguste Comte. Au lieu d'images de saints, des bustes de personnes talentueuses du passé, tant dans le domaine de l'art que des scientifiques, sont exposés dans cette église. Selon l'auteur, les gens d'une société plus harmonieuse que la société actuelle pourraient venir dans de tels endroits pour penser à l'éternel. Alain de Botton aime beaucoup l'ambiance de la messe catholique, où règne un sentiment de communauté parmi les paroissiens et où leur besoin de confession et de consolation est satisfait par les prêtres. De Botton aimerait recréer la même atmosphère dans une église laïque.Mais c'est pas de chance ! Si vous enlevez le sentiment religieux de la messe, c'est-à-dire celui qui inspire et améliore les gens, alors que restera-t-il ?

L'auteur est allé trop loin dans ses fantasmes. Il me semble qu'il n'a pas suffisamment étudié la nature du sentiment religieux et qu'il connaît mal les gens et leurs réactions. Les émotions que nous ressentons lors d'un concert de rock s'apparentent à une inspiration religieuse, et ce n'est pas sans raison. La musique qui porte la charge d'une idée est un bon substitut à l'orientation religieuse. De Botton propose une enveloppe, une cérémonie, la privant de son contenu intime. Il émascule en effet les rituels religieux, les privant de tout sens. Personnellement, je ne serais pas une habituée de l'église laïque de Botton-Comte.
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Que d'énergie vaine et d'intelligence puérile les athées ont déployées afin d'infirmer la vraisemblance et la rationalité des credo des religions et de démontrer la simplicité benoîte des croyants ! Leurs efforts résultent en somme dans une société sécularisée en perte de sens, dont les membres sont globalement malheureux voire malades, et souvent dans le renforcement et la radicalisation desdites religions que l'on croyait déclinantes. Si chaque nouvelle religion a su piller et s'approprier si habilement les recettes culturelles, rituelles, spirituelles et temporelles voire même carrément politiques et organisationnelles précédemment en vigueur pour subvenir aux besoins profonds de ses fidèles et asseoir ainsi son autorité absolue, quelles sont ces nécessités injustement oubliées, inopportunément négligées ou hâtivement sacrifiées sur l'autel de la Raison, et quelles leçons pouvons-nous tirer des religions pour soulager les maux de l'humanité de façon laïque et non dogmatique ?
Autour de dix thématiques : I. « Sagesse sans doctrine », II. « Communauté », III. « Vertu », IV. « Éducation », V. « Tendresse », VI. « Pessimisme », VII. « [Remise en] Perspective », VIII. « Art », IX. « Architecture », « X. Institutions », et avec l'appui précieux, comme d'habitude, d'un riche et splendide appareil iconographique de grande intelligence, l'auteur déroule cette double démarche d'observation critique (des besoins individuels et des lacunes sociales) et de proposition (d'inspiration et de laïcisation voire de pillage de traditions et de pratiques religieuses) en s'inspirant principalement du judaïsme, du christianisme et du bouddhisme. À la toute fin de l'ouvrage, il inscrit son procédé dans l'héritage direct (mais lui aussi soumis à examen critique) d'Auguste Comte, ce « philosophe français visionnaire, excentrique et qui ne disposait que par intermittence de toutes ses facultés mentales » (p. 303)... qui se proclama « grand-prêtre » de la Religion de l'Humanité, qui aurait dû être financée et soutenue par la nouvelle aristocratie de son temps : les banquiers...
Dans le détail, voici une citation tirée de la conclusion qui liste les avantages à tirer des religions évoquées plus haut :
« […] comment engendrer des sentiments de communauté humaine, comment encourager la vertu, comment lutter contre le penchant actuel pour les valeurs commerciales dans la publicité, comment choisir des saints laïques et y avoir recours, comment repenser les stratégies des universités et notre façon d'envisager l'éducation cultuelle, comment revoir la conception des établissements hôteliers, comment mieux reconnaître nos propres besoins enfantins, comment renoncer à une partie de notre optimisme contre-productif, comment acquérir un sens des proportions à travers le sublime et le transcendant, comment réorganiser les musées, comment utiliser l'architecture pour préserver les valeurs – et, enfin, comment unir les efforts dispersés d'individus soucieux du soin des âmes et les organiser sous l'égide d'institutions. » (p. 314)
À mon sens, fatalement, la partie propositive de chaque thème est plus embryonnaire que la partie descriptive, en dépit de l'effort évident de fournir des recettes le plus possible concrètes, empiriques et parfois immédiates d'application en apparence. Parfois, ces recettes ont l'inconvénient de ne rien remettre en cause du système productiviste, et par conséquent de prétendre soigner des maux créés par le capitalisme en en augmentant encore l'envergure d'application : dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie, ses recettes risquent d'être très vite appliquées effectivement, mais sans doute non sans le détournement habituel que le capitalisme opère du spirituel et du transcendant !
Toutefois, les mérites évidents de cet essai, outre l'érudition, l'humour et la verve habituels, résident dans son habileté à établir des ponts parfois surprenants entre une façon de penser et d'agir dérivées des traditions religieuses, et des problématiques psychologiques et sociologiques plutôt évidentes : je pense particulièrement à la fonction des arts, de la littérature et plus particulièrement de leur enseignement. Je me demande enfin si, comme l'auteur le regrette au sujet d'Auguste Comte, le péril intrinsèque d'indisposer à la fois les croyants et les athées qu'il semble redouter dans sa démarche ne relève que d'une tentative de captatio benevolentiae, ou s'il a effectivement un fondement objectif. Personnellement, je me sens dorénavant totalement acquis à la cause...
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Ce petit guide des religions à l'usage des mécréants est tout sauf ça. Voici un essai remarquable sur les religions. Très bien écrit dans un style clair de pure vulgarisation il en devient un documentaire ludique, agréable et complet. Alain de Botton décrit les religions dans une envergure quasi sociétale enracinée également dans nos cultures. Ce livre devient un fabuleux outil, profond et riche. Cet essai est le levier des plus belles compréhensions possibles des religions mises à plat, sans fioritures, dans leurs originelles conceptions laïques. Détournées des toutes religiosités ces dernières deviennent des habits de beauté profanes. Il n'y a pas dans cet essai de la place pour l'endoctrinement, juste l'Histoire avec un grand H. ce livre devient majeur et incontournable pour qui veut connaître la pureté des images et des explications dénudées de toutes orientations. On peut le lire en toute confiance. On apprend beaucoup d'éléments sur les habitus des religions et ce qu'on a fait d'elles. On tient un documentaire sérieux en mains, on s'étonne d'y trouver tant de richesses qui se lisent facilement comme si l'auteur était face à nous en train de nous faire une sacrée conférence. Ce livre peut être lu plusieurs fois, annoté. Il peut servir de support pour tout travail autour de l'histoire de notre propre humanité.
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François Noudelmann reçoit Alain de Botton à propos de son Petit guide des religions à l'usage des mécréants, paru en mars2012 chez Flammarion.
Je ne sais pas si aujourd'hui j'ai écouté une émission faite par un philosophe où un « religieux philosophe » tant le parti pris est évident les non sens flagrants lorsque Mr de Botton dit sans la moindre retenue : « Quand on est athée, faut-il rejeter en bloc les religions ? »Certainement oui, étant agnostique donc mécréant moi-même, je me refuse de prendre en considération, des recommandations des valeurs inspirées par un" dieu "? mais écrites interprétées par des hommes au fil des siécles.Mr de Botton dit encore il faut suivre les religieux parce que « les laïques ....ne suivent pas leurs propres recommandations…. » Là je m'étouffe qui peut contredire les faits historiques montrant bien que les religions ont assi leur dominations par la peur, la violence, l'autoritarisme, le totalitarisme ?Aux mécréants Mr de Botton devrait rappeler ces évidences et leur recommander de prendre leur destin en main se méfier voir rejeter les gourous et autres « bons apôtres » .(Cela dit il faut évidement respecter les religions en tant que courant d'idées mais en se gardant de tout prosélytisme.)
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Notre monde actuel, profane ,nous conduit à une frénésie intellectuelle, culturelle, hédoniste et à la frustration et à l angoisse. Nous avons voulu effacer les leçons des religions, ce que peuvent apporter la lenteur, la répétition, l engagement, l
approfondissement. Inutile de revenir aux dogmes religieux, la culture, les livres, les concerts peuvent être la base d une vraie vie spirituelle si nous prenons la peine de les intégrer dans notre vie non pas comme des objets de consommation mais comme des éléments vraiment capables de changer notre vie. J ai trouvé cet essai vraiment fantastique dans sa simplicité, sa profondeur et son originalité.
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critiques presse (1)
Bibliobs
15 mai 2012
Déconcertant, brillant, nostalgique, Alain de Botton est un descendant revendiqué d'Auguste Comte, fondateur de la religion de l'Humanité. Le pari est passionnant, et il se double d'un talent délicieux pour l'autodérision.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
6. « C'est un aspect singulièrement regrettable du monde moderne que, alors que certains de nos besoins les plus futiles (de shampooing et de crème hydratante, par exemple, ou bien de sauce à pâtes et de lunettes de soleil) sont satisfaits par des marques extrêmement bien gérées, nos besoins essentiels soient laissés au soin désorganisé et imprévisible d'acteurs isolés. Pour avoir une éloquente illustration des effets pratiques de l'image de marque et du contrôle de qualité qui l'accompagne généralement, il suffit de comparer le domaine fragmenté et très variable de la psychothérapie avec le rituel élégamment exécuté de la confession dans la religion catholique. La confession, bien réglée dans tous ses détails depuis la fin du XIVe siècle grâce à une succession d'ordonnances papales et de manuels publiés par le Vatican, est un exemple du genre de service fiable qui n'allait devenir la norme pour les biens de consommation que vers le milieu du XXe siècle. Tout, de la disposition du confessionnal jusqu'au ton de la voix adopté par le prêtre, est gouverné par des règles explicites, destinées à assurer à tous les catholiques, de Melbourne à Anchorage, que leurs attentes relatives à un examen rédempteur de leur âme ne seront pas déçues. Rien de tel n'existe pour notre plus proche équivalent profane. » (p. 290)
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Les religions méritent notre attention pour leur pure ambition conceptuelle : pour avoir changé le monde comme peu d'institutions profanes l'ont jamais fait. Elles sont parvenues à combiner des théories morales et métaphysiques avec un engagement pratique dans des domaines aussi divers que l'éducation, la mode, la politique, les voyages, l'hôtellerie, les cérémonies initiatiques, les publication d'ouvrages, l'art et l'architecture... Pour ceux qui s'intéressent à la propagation et à l'impact des idées, il est difficile de ne pas être fascinés par les exemples des mouvements intellectuels et pédagogiques les plus florissant que la planète ait jamais connus.
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1. « Mais, sous la gaieté [des cérémonies religieuses], il y a souvent aussi un noyau de tristesse chez les personnes au centre du rituel, car elles renoncent probablement à une certaine liberté ou à un certain avantage pour le bien de la communauté dans son ensemble. Le rituel est en vérité une forme de compensation, un moment de transition où la perte peut être adoucie et digérée.
On ne peut guère assister à la plupart des mariages sans se rendre compte que ces célébrations marquent aussi à quelque niveau une perte, l'enterrement d'une liberté sexuelle et d'une curiosité individuelle afin de pouvoir avoir des enfants et une stabilité sociale, perte à laquelle la communauté répond sous la forme compensatrice de cadeaux et de discours. » (p. 60)
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Une des pertes le plus vivement ressenties par la société moderne est celle d'un sentiment communautaire. On a tendance à penser qu'il exista autrefois une réelle sociabilité qui a été remplacée par un implacable anonymat, un état où les gens continuent d'avoir des contact avec les autres essentiellement pour des motifs limités, individualistes : pour un gain financier, un avancement social ou un amour presque romanesque.
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3. « Dans la sphère profane, sans doute lisons-nous les bons livres, mais nous évitons trop souvent de leur poser des questions directes et suffisamment communes, néo-religieuses, parce que nous sommes gênés de reconnaître la vraie nature de nos besoins intimes. Nous sommes fatidiquement épris d'ambiguïté, acceptant sans sourciller le dogme moderniste selon lequel le grand art ne doit pas avoir de contenu moral ni le désir de changer son public. Notre résistance à une méthodologie parabolique vient d'une confuse aversion pour l'utilité, le didactisme et la simplicité, et de la croyance incontestée que tout ce qu'un enfant pourrait comprendre est nécessairement puéril. » (p. 118)
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Splendeur et misère du travail Marque-page 01-04-2011
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