Dans "Étonner les Dieux",
Ben Okri, auteur né au Nigeria que je découvre ici, revisite l'allégorie de la caverne de
Platon en endossant le rôle du philosophe, qui se détourne du monde sensible, visible, afin de découvrir la vérité derrière les illusions. Ainsi, le narrateur de ce roman, sans nom, déambule-t-il dans les rues d'une ville, qui n'est jamais ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, afin de percer le secret de l'invisibilité qui touche ses habitants.
Les livres et courts chapitres se succèdent rapidement, et rapidement, un dilemme apparaît. L'être pragmatique que je suis s'ennuie profondément de cette quête dogmatique qui multiplie les concepts sous une couche de vernis poétique. La lectrice "illuminée" que je souhaiterais être s'enthousiasme, elle, du regard novateur porté sur les choses ; l'ordinaire devient merveilleux, le moindre bruit a une odeur caractéristique, et ce ballet des sens, sublimé par une plume délicate, a de quoi rendre l'esprit saoul.
Au final, je ne sais que penser de cette lecture qui me balance encore ses échos imparfaits... à l'instar du narrateur principal : "Mais il faut bien que je comprenne ce que je viens de vivre.
- Quand on comprend une chose, elle tend à disparaitre. Seul le mystère maintient les choses en vie".