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EAN : 9789973580436
168 pages
Elyzad (23/08/2012)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Fuyant la guerre de Trente ans en Allemagne, le jeune Henry Strésor arrive dans le Paris des peintres en 1637. Il y côtoie les frères Le Nain dans leur atelier de la rue du Vieux Colombier, puis emménage chez Louis Buart, maître-peintre généreux. C'est là qu'il réalise son tableau le plus connu, "Le mangeur d'huîtres" et qu'il tombe amoureux de Catherine, la fille de son hôte.
Mais Henry Strésor est né "dans l'hérésie", c'est-à-dire le protestantisme. Il se v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est tout en nuance et poésie que Cécile Oumhani nous conte, en procédant par touches successives, comme le font dans leurs tableaux, le peintre Stresor et sa fille, qui épousera la passion de son père, la vie de cette famille d'artistes du XVIIème siècle à Paris. Et ce n'est qu'avec la touche finale que l'ombre et la lumière dans lesquelles baigne leur vie en révèlent toute la profondeur.
De cette belle évocation de la vie de Henry Strésor, Cécile Oumhani a fait un poème, un livre historique et un roman.
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Voilà un joli petit ouvrage que j'ai découvert cet été au Festival Voix de la Méditerranée de Lodève cet été.
Henry Strésor est un jeune peintre qui se forme dans l'atelier des frères le Nain. Nous sommes en 1637 à Paris et il entend ces mots résonner doucement à son oreille : Il nous plairait que vous restiez…
Henry va donc devenir l'élève de Louis le Nain et parfaire sa connaissance de la peinture, lui qui a fui, plus jeune, la Prusse dévastée par les guerres et les épidémies de peste, puis La Haye où il a fait trois années d'apprentissage.
« le matin, il entre parmi les premiers dans l'atelier des frères le Nain, affamé de l'odeur des huiles sur la toile et de ces pigments qu'il va mélanger puis étaler. le monde se crée et se recrée à l'envi ici sous les combles. Les formes émergent, la vie dont il est assoiffé explose au grand jour. »
Fasciné par les toiles des frères le Nain, il apprend à leur contact et à celles des autres élèves, comme cet Israël Silvestre qui croule sous les liasses de dessins qu'il a rapportés de Rome.

Mais Henry cache pourtant un secret. Un secret laissé là-bas, dans son Allemagne natale, et qui ne lui laisse aucun répit. Son frère Mathias était lui aussi très doué pour la peinture. Si seulement il était revenu à temps … « Il était torturé par des souvenirs indicibles que n'estompait plus le travail routinier imposé par le maître. Seules des couleurs nouvelles parviendraient à les chasser. Il sait qu'il ne s'est pas trompé en cédant à cette soif d'ailleurs qui le tenaillait. »

Heureusement il y a la maison de Louis Buart qui le loge pour le réconforter. Louis Buart est maître-peintre de son état. Il lui a proposé de travailler avec lui. Et Henry se sent tout de suite très bien dans cette demeure, aux côtés de Magdeleine, l'épouse de Louis, mais surtout de la belle Catherine, sa fille …

Henry Strésor est connu pour son tableau le Mangeur d'huîtres passé à la postérité. Cécile Oumhani s'est librement inspirée des rares éléments biographiques le concernant, mais aussi des informations sur sa fille, Anne-Renée, très douée également pour la peinture, et qui va devenir l'une des premières membres de l'ancienne Académie royale de peinture et de sculpture. La seconde partie racontera en effet l'histoire d'Anne-Renée, de sa « vaine fierté » à être « une des premières femmes reçues à l'Académie royale », l'admiration autant que la curiosité teintée de méfiance qu'elle suscite, puis son choix de rejoindre les religieuses de la Visitation de Chaillot, dont Cécile Oumhani imagine les raisons.

Avec beaucoup de style, l'auteure, qui a bénéficié d'une résidence d'écriture au Musée-Promenade de Marly-le-Roi en 2010, à l'invitation de la Maison de la Poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines, pour évoquer la vie d'Henry Strésor, nous la restitue tout en finesse et sensibilité. Un livre à recommander à tous les amateurs de peinture autant que d'histoire, comme à tous les lecteurs en quête d'une belle écriture.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Je tiens tout d'abord à préciser que j'ai eu la chance de lire ce livre grâce à Libfly, dans le cadre de l'opération La voie des indés. Les éditions Elyzad propose là encore un excellent livre. Cecile Oumahni retrace la vie de la famille Strésor avec beaucoup de finesse et de talent. Les informations sont précises et justes, cela donne toute la puissance au texte, à la retranscription de ce que fut la vie d'Henry et Anne-Renée. Mêlant peinture et religion, l'auteure a su me transporter au XVIIe siècle, dans les coulisses de la vie de palais. Je ne connaissais pas ce peintre, encore moins sa vie, son parcours et ses oeuvres. Aujourd'hui je peux dire que ce ne fut pas une lecture vaine, bien au contraire. J'ai aimé découvrir ces personnages, tout autant que la prose de l'auteur. Ses qualités littéraires sont indéniables,grâce à elle j'ai passé un agréable moment en compagnie de cet artiste dont on ne sait que peu de choses aujourd'hui.
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Une écriture empreinte de beaucoup de poésie et de finesse pour permettre au lecteur de partager le caractère et les sentiments de deux artistes peintres et de comprendre l'influence des valeurs religieuses et morales sur la vie au 17e siècle. Ce sont les histoires de vie du père, Henry Strésor, qui a fui sa Prusse natale, et qu'un secret tourmente ; et celle de sa fille Anne Marie Strésor, une des premières femmes admise à l'Académie Royale des Arts de Paris.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle s’approche du chevalet pour y contempler la toile à laquelle il travaillait il y a deux jours. Un jeune homme à la chevelure ondulée s’incline vers la table. Ses yeux bruns sont fixés sur le peintre. On devine dans ses prunelles une lueur complice. Il tient une huître dans sa main blanche et potelée. De l’autre, il porte un morceau de pain à des lèvres au vif incarnat. A peine troublé par le peintre qui l’épie, il savoure un moment de bonheur terrestre, saisi à la dérobée. Il n’a pas pris le temps de s’asseoir. On pourrait le surprendre. Le vin lui empourpre les joues. Une cruche d’étain et une bouteille clissée reposent à côté de son verre et du plat d’huîtres, non loin d’une serviette abandonnée dont les plis retombent à l’avant. Du pain déjà rompu, un radis blanc aux longues fanes … Les franges de la soierie cinabre frôlent sa jambe. La nappe immaculée est toute froissée, défaite par tant d’élan à goûter les plaisirs qu’offre la vie. Son pourpoint de velours taupe exalte l’éclat et la gourmandise de son regard, soulignés aussi par la finesse des rabats de son col.
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L'été n'est que pluie froide et maussade. La disparition des deux peintres qui l'ont naguère accueilli le mine. La vie ne serait donc qu'une suite de pertes, à peine soulagée par les fugitives lueurs de l'affection. Lorsqu'il fouille dans son passé, Strésor n'y croise que des ombres.
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Un après-midi de juillet, on vient mander Louis Buart chez la reine mère. Magdeleine est à l’église. Catherine Buart entre avec du vélin. Strésor pense que sa chair en a la pâleur d’ivoire. Elle pose la feuille sur sa planche de bois, replie les bords en dessous puis les colle avec soin. Quelques mèches sombres retombent sur son front, tandis qu’elle en découpe les coins. Le petit couteau dérape contre son pouce. Elle nettoie de son mouchoir la plaie qui saigne abondamment. Il s’approche et penché au-dessus d’elle, tamponne le liquide écarlate. Le grenat foncé de sa robe exalte la blancheur de sa gorge. Transporté, il l’enlace, s’abandonne à la douceur de sa bouche. Ses doigts ouverts suffisent à entourer sa taille moulée dans le corsage. Leurs murmures s’échappent dans le jour finissant. Ils se mélangent au vent qui se lève à la fenêtre… Les joues de Catherine Buart sont vermeilles lorsqu’elle ajuste ses manches et s’apprête à le laisser. Il l’attire vers lui et l’embrasse, affolé par sa poitrine brûlante
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Ils se croisent un matin de pluie dans l'escalier. Elle ne le voit pas, encombrée par le panier à son bras et bien trop absorbée dans ses pensées. Le tissu de sa jupe trempée s'enroule sur sa jambe. L'odeur de laine mouillée qui s'émane d'elle pénètre ses narines. Elle rosit et le salue brièvement. Inclinée au-dessus de la rambarde, elle le suit du regard. Il est sourdement irrité de son air distant, presque sec. Cet après-midi là, elle prend son luth. Il ne se souvient pas l'avoir entendue. Ou bien a-t-elle joué sans qu'il y prête attention ? Ses arpèges retentissent de plus belle. Une histoire qu'elle lui conterait avec une partition, pour démentir la fierté de son abord. Une histoire qu'il lui tarde de connaître, alors qu'il se croit près de Catherine Buart, dont les doigts déliés tirent des cordes leurs notes de soie.
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Ils se croisent un matin de pluie dans l’escalier. Elle ne le voit pas, encombrée par le panier à son bras et bien trop absorbée dans ses pensées. Le tissu de sa jupe trempée s’enroule sur sa jambe. L’odeur de laine mouillée qui s’émane d’elle pénètre ses narines. Elle rosit et le salue brièvement. Inclinée au-dessus de la rambarde, elle le suit du regard. Il est sourdement irrité de son air distant, presque sec. Cet après-midi là, elle prend son luth. Il ne se souvient pas l’avoir entendue. Ou bien a-t-elle joué sans qu’il y prête attention ? Ses arpèges retentissent de plus belle. Une histoire qu’elle conterait avec une partition, pour démentir la fierté de son abord. Une histoire qu’il lui tarde de connaître, alors qu’il se croit près de Catherine Buart, dont les doigts déliés tirent des cordes leurs notes de soie.
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Videos de Cécile Oumhani (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cécile Oumhani
[Auteurs Elyzad - Confinement] - Cécile Oumhani partage avec nous l'histoire réelle qui a inspiré son #roman "L'atelier des Strésor" et vous en lit un #extrait. Retrouvez-la ce Vendredi 3 Avril sur notre page Facebook pour un #live à partir de 18h.
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