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Jacques Papy (Traducteur)
EAN : 9782869305137
159 pages
Payot et Rivages (02/11/1991)
3.58/5   52 notes
Résumé :

Dans ces douze contes, Ambrose Bierce a oublié son cynisme et sa misanthropie pour laisser la place à un sens profond de la misère humaine, une étude subtile du mécanisme de la peur, une incursion troublante dans le royaume du surnaturel. " Ambrose Bierce compte au nombre de ceux pour lesquels écrire est un art difficile et qui mérite tous nos soins. Ce fossoyeur impénitent, ce familier de la mort, ce compagnon des ombres, est un des derniers classiques ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ma lecture des fameux "Contes noirs" d'Ambrose Bierce s'est révélée un peu décevante ; peut-être que j'en attendais trop.

Je ne reprocherai pas à Bierce de ne pas terroriser le lecteur du XXIème siècle, puisque l'horreur et l'épouvante ont bien changé de formes depuis la fin du XIXème. Et je reconnais volontiers l'aspect original de ces courtes histoires, qui prennent racine dans le quotidien de l'Amérique profonde. Beaucoup des personnages ont en commun, qu'ils se montrent superstitieux, sceptiques ou dotés d'un bon sens dont ils se prévalent haut et fort, de devenir les victimes de leur imagination, imagination souvent mise à mal par des mises en scène macabres - un pari, l'idée de voir un proche mourir, une visite au cimetière, par exemple, pouvant constituer la base de ces mises en scène, réelles ou fantasmées. Régulièrement, donc, les personnages des "Contes noirs", anti-héros typiques de l'époque de la Frontière, deviendront leur propre victime.

Là où ça coince, c'est que les scénarios prennent une forme très répétitive, monotone, qui lasse. Serait-ce dû au choix des nouvelles pour constituer ce recueil dont la publication ne doit rien à Ambrose Bierce, puisqu'il s'agit d'une sélection pour une édition en français ? Il reste donc à savoir si les autres nouvelles d'Ambrose Bierce se démarquent de celles-ci - ce que deux nouvelles que j'ai lues indépendamment de celles-ci me porteraient à croire. Toujours est-il que dans les "Contes noirs", seul le récit "Un habitant de Carcosa", empreint d'une poésie morbide et nostalgique, sort vraiment du lot.

Mais, même si l'édition française est fautive, j'ai le sentiment que, malgré l'ambiance que l'auteur sait instiller dans ses histoires, et qui font d'ailleurs leur principal intérêt, on est loin d'éprouver l'inquiétude que peut communiquer, par exemple, "Le voleur de cadavres" de Stevenson. Conclusion : encore un auteur à suivre !



Liens vers des citations en rapport avec cette critique :
https://www.babelio.com/auteur/Ambrose-Bierce/2700/citations/1261932
https://www.babelio.com/auteur/Ambrose-Bierce/2700/citations/1260875
https://www.babelio.com/auteur/Ambrose-Bierce/2700/citations/1262151
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CONTES NOIRS d'AMBROSE BIERCE
12 nouvelles.
Armstrong reconnaissait qu'il était enterré mais il n'était pas mort. Dans la nuit deux étudiants en médecine et l'homme à tout faire du cimetière commencèrent à creuser…
Murdock vers 1830 vivait avec sa femme dans une cabane en forêt. Un soir il l'a trouvé malade et elle décède rapidement. En se préparant à l'enterrer il voit une lumière à sa fenêtre, il tire…
Dans un quartier de San Francisco il y a une falaise en forme de visage, tous les jours un homme quitte le »nez » à 14.00 pour se rendre dans une fabrique. Quand il se déplace on sent une noblesse dans ses gestes en dépit d'une pauvreté évidente, il s'agit de John Hardshaw qui trente ans auparavant vivait avec sa femme dans un endroit luxueux, une histoire incroyable…
A cet endroit, il y eut jusqu'à 30000 hommes et deux femmes mais celui qui arriva aujourd'hui passa inaperçu malgré son allure, il descendit de son âne, planta quelques piquets et délimita une »concession ». Il s'appelait Doman, un vieux copain lui avait indiqué de l'or libre sous la tombe de Scary, alors il commença à creuser et il l'aperçut…
Tout le monde savait que la maison Manton était hantée, dix ans plus tôt il avait égorgé femme et enfants. Ce sera le lieu choisi par deux hommes pour régler une affaire d'honneur, dans le noir, tout ça pour une histoire d'orteil…
Un homme riche raconte que jeune, sa mère avait été étranglée chez eux sans qu'on retrouve l'assassin qui n'avait rien volé. Un jour il aperçoit une lumière qu'il est seul à voir, un médium explique…
John était mort en scène, il aurait apprécié le cercueil en acajou avec une plaque de verre. Amis, parents, pasteur, un dernier coup d'oeil et là…
Un écrivain parle avec un lecteur dans un tramway qui aime ses nouvelles fantastiques. Il lui dit que pour les apprécier vraiment il faut être de nuit en forêt, ce qu'ils font un soir où au même moment un jeune garçon cherche une vache égarée…
Helberson prétend qu'aucun homme né d'une femme ne peut passer une nuit avec un cadavre dans une maison abandonnée sans lumière, un homme relève le défi…
Baryton est riche et a la passion des serpents. Il lit un article de presse sur la suggestivité potentielle des serpents, il n'y croit pas. En récupérant un livre tombé sous son bureau il distingue deux points lumineux…

BIERCE nous entraîne dans un monde à mi chemin de Poe et de Lovecraft. Il utilise tous les mécanismes de la peur, active le surnaturel, l'action est souvent statique mais pour les amateurs de fantastique et d'horreur c'est un recueil a ne pas manquer.
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[Préface et traduction de l'anglais (États-Unis) par Jacques Papy]

L'écrivain belge Bernard Quiriny se réjouit dans le Magazine Littéraire (juillet-août 2016) que les douze Contes noirs d'Ambrose Bierce reviennent hanter les librairies. Cet auteur de récits fantastiques peut figurer aux côtés d'un maître tel que Poe et son beau style m'a rappelé Hawthorne. En beaucoup moins prolixe toutefois, car Bierce réussit dans certaines de ses nouvelles ("Par une nuit d'été", "Les funérailles de John Mortonson") à condenser la terreur en un minimum de mots.

Terreur, le thème est posé, Ambrose Bierce démonte le mécanisme de la peur avec minutie. Sans recourir aux méthodes gore, il pratique à la manière d'un Hitchcock et se montre très convaincant, comme le souligne la préface : "Son procédé est simple : il consiste à entasser les détails concrets pour rendre le récit plus réel, et nous passons ensuite, sans en avoir nettement conscience, dans le domaine du surréel.", réussissant "ce tour de force de nous fasciner par des récits absolument statiques dans lesquels il ne se passe presque rien."

Il parvient même à rendre crédible l'autre côté, faisant s'exprimer les morts à la première personne, esprits languissants qui hantent leurs lieux de vie dans un crépuscule éternel, pour induire ce constat que "la vérité que nous cherchons en vain ici-bas nous sera également refusée au-delà de la tombe". Les incursions troublantes dans le royaume du surnaturel se font sans le cynisme ni la misanthropie qu'a manifestés Bierce dans d'autres oeuvres et il montre de la compassion pour la misère humaine.

Un rien suffit à susciter l'angoisse, les personnages s'enferment eux-mêmes dans la panique, savoir-faire de psychologue : "La peur vient du dedans : elle n'est que vaine chimère", écrit Papy. Les nouvelles sont d'un genre qui me galvanise car leur centre de gravité est dans la chute, avec élégance. Avec de l'humour aussi, noir bien entendu, et pour vous en convaincre, il suffit de citer l'incipit du premier conte du recueil : "Le fait qu'Henry Amstrong fût enterré ne lui semblait pas prouver qu'il fût mort : il avait toujours été difficile à convaincre."

Par-delà son oeuvre fantastique, Bierce fut d'ailleurs un des meilleurs humoristes de son temps. Bizarrement, on sait peu de la disparition de ce bon écrivain, il aurait rejoint l'armée de Pancho Villa au Mexique en 1910. Jacques Papy l'a fait connaître chez nous dans les années cinquante avec une cinquantaine de traductions dont ces "Contes noirs". L'essentiel de Bierce est aujourd'hui disponible en poche.
Lien : http://christianwery.blogspo..
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Il s'agit d'un recueil de nouvelles, la plupart très courtes. Elles touchent toutes plus ou moins au fantastique. Elles sont remplies de cadavres vrais ou supposés tels, de revenants, de maisons hantées, de morts mystérieuses. Il n'y a pas d'intrigues à proprement parlé, plutôt des descriptions de situations terrifiantes, réellement ou par le fait de l'imagination des protagonistes. On ne voit jamais d'intervention de forces du mal mais uniquement leurs effets.

Ces histoires sont plutôt bien écrites, elles se lisent très bien, peut être aussi parce qu'elles sont très courtes. Dans la plupart d'entre elles le doute subsiste sur ce qui s'est vraiment passé, ce qui pourrait constituer leur charme, mais ce qui à la longue paraît un peu frustrant, car j'ai trouvé certaines un peu trop elliptiques.

C'est un fantastique un peu à l'ancienne, où une porte qui grince ou une chandelle qui s'éteint suffisait à faire mourir les gens de frayeur.
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En parcourant le wiki, vous apprendrez beaucoup sur cet auteur, contemporain de Mark Twain, disparu à plus de 70 ans en partant rejoindre l'armée de Pancho Villa.

12 petits contes, aussi savoureux mais moins cyniques que les autres oeuvres de Bierce, pas vagabonds mais presque:

Par une nuit d'été
La fenêtre condamnée
Histoire de Fou
Les funérailles de John Mortonson
Le décor approprié
Veillée funèbre
L'homme et le serpent
Une sacrée garce
Le troisième orteil du pied droit
L'inconnu
La route au clair de lune
Un habitant de carcosa

(...)
http://lelabo.blogspot.com/2007/01/histoires-doutretombe.html
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Comme l'horloge d'une église voisine sonnait neuf heures avec une indolence qui paraissait impliquer une telle indifférence à la fuite du temps qu'on ne pouvait guère s'empêcher de se demander pourquoi elle se donnait la peine de sonner, l'unique porte de la chambre s'ouvrit, puis un homme entra et se dirigea vers le cadavre. Pendant qu'il avançait, la porte sembla se refermer d’elle-même : il y eut le grincement d'une clé qu'on tourne avec difficulté, et le claquement du pêne entrant brusquement dans sa gâche. Vint ensuite un bruit de pas qui s’éloignaient dans le couloir, et l'homme se trouva, selon toute apparence, prisonnier. Il s'avança jusqu'à la table où il s'arrêta un moment pour regarder le cadavre ; puis, haussant légèrement les épaules, il gagna une des fenêtres et leva le store. Des ténèbres compactes régnaient au-dehors ; les vitres étaient couvertes de poussière, mais, après les avoir essuyées, il put voir que la fenêtre état consolidée par de solides barreaux de fer scellés dans la maçonnerie à quelques pouces du verre. Il examina l'autre fenêtre. Elle était toute pareille à la première. Ceci ne provoqua pas chez lui une grande curiosité, car il ne souleva même pas le châssis. S'il était prisonnier, c'était un prisonnier docile. Ayant terminé son inspection de la pièce, il approcha de lui le guéridon où se trouvait la bougie et se mit à lire.

Veillée funèbre
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L'endroit tout entier offrait cet aspect cru et rébarbatif d'une ville arrêtée en plein développement, par lequel un pays neuf remplace la grâce solennelle des ruines causées par le temps. Partout où restait la moindre surface du sol primitif, des ronces et des mauvaises herbes avaient poussé dru et recouvert la scène. De leur ombre malsaine et humide, le visiteur curieux en la matière aurait pu retirer d’innombrables souvenirs de l'ancienne splendeur du camp : bottes dépareillées enduites de moisissure verte et débordant de feuilles pourrissantes ; ça et là un vieux chapeau de feutre ; lambeaux épars d'une chemise de flanelle ; boîtes à sardines férocement mutilées ; et une surprenante profusion de bouteilles réparties en tous lieux avec une impartialité vraiment universelle.

Une sacrée garce
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Au-dessus des yeux, son front bas était couturé de rides horizontales qui devenaient verticales au-dessus du nez. Ses épais sourcils noirs suivaient la même loi : en effet, ils se seraient rejoints s'ils ne s'éteint dirigés vers le haut à l'endroit qui, autrement, eût été leur point de contact. Profondément enfoncés sous les sourcil on voyait briller, à la lumière douteuse, deux yeux de couleur incertaine, mais manifestement trop petits. Leur expression avait quelque chose de repoussant que n'amélioraient pas la bouche cruelle et la large mâchoire. Le nez pouvait passer, en tant que nez ; on n'attend pas grand-chose d'un nez.

Le troisième orteil du pied droit
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Le fait qu'Henry Amstrong fût enterré ne lui semblait pas prouver qu'il fût mort : il avait toujours été difficile à convaincre. Le témoignage de ses sens l'obligea à admettre qu'il était bel et bien enterré. Sa position (couché sur le dos, les mains jointes sur sa poitrine et attachés par un lien qu'il rompit aisément sans amener aucun changement avantageux à sa situation), l’emprisonnement rigoureux de toute sa personne, les noires ténèbres et le profond silence du lieu où il se trouvait : tout cela constituait un ensemble de preuves indiscutables qu'il acceptait sans ergoter.

Par une nuit d'été
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