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EAN : 9782357801103
110 pages
Domens (01/01/2020)
4.25/5   2 notes
Résumé :
"Une bouleversante adresse aux vivants
et un témoignage sidérant sur le 4e âge"
Valérie Hernandez, La Gazette de Montpellier

Presqu'île de Crozon.
Dans un émouvant compte à rebours, l'Opposante, cette Bretonne de 97 ans, prend enfin la parole. Avec lyrisme et poésie, elle évoque, au moment de sa mort, le temps de sa jeunesse pendant l'Occupation allemande, celui des derniers jours de sa vie...
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« Dimanche, la France a déclaré la guerre au Mali. Je suis morte ce dimanche. Vendredi, vous célébrez mes funérailles à l'église, samedi, vous brûlez mon corps au funérarium, puis vous revenez au port, vous déposez mes cendres au cimetière, à côté de celles de votre père, quelle idée ! » Ainsi commence cet admirable récit,
L'Opposante de la presqu'île, Lydie Parisse (Domens 2019)
comme un long poème récité par cette femme, l'Opposante, après sa mort, survenue à l'âge de 97 ans. 97 ans, c'est une longue vie, elle en a vécu des choses, des rencontres, des drames, et gardé des secrets, surtout un qu'on découvrira d'emblée
L'Opposante de la presqu'île est un long poème en prose, d'ailleurs préfacé par le poète Serge Pey qui intitule ainsi sa préface : Une poétique de la mort.
Dès les premiers mots, le récit nous embarque, il ne nous lâchera plus. Nous sommes emportés pour une traversée d'une centaine de pages, toujours plus captivés, ballotés comme sur ma mer. La mer, très présente dans ce récit qui se passe sur la presqu'île de Crozon. Et l'ombre du manoir du grand poète Saint Pol-Roux, où l'Opposante fut servante. (Le poète y recevait les écrivains de l'époque. Blessé par un soldat allemand en juin 1940 il est hospitalisé, lorsqu'il revient, le manoir a été saccagé, tous ses écrits sont brûlés. Il en mourra d'ailleurs.)
C'est donc cette femme, anonyme mais pas quelconque, morte à 97 ans qui se raconte, qui s'adresse à ses enfants, avec cet humour des vieilles personnes à qui on ne la fait plus. Il y a le fils ainé, le gendre qui est veuf, et une autre fille, des petits et arrières petits-enfants. Une femme ordinaire, une petite vieille toute simple, ça pourrait être la grand-mère que mes enfants n'ont pas connue. Mais quel personnage, quelle noblesse, quelle présence au monde ! le lecteur s'attache à cette femme. Moi, en tout cas, je m'y suis attaché.
Au long du récit, l'Opposante revient plusieurs fois sur deux chers disparus, sur ses souffrances : celle d'un premier amour impossible pendant la guerre de 39-45, Hans, son seul amour, celle de la perte de sa seconde fille à qui elle avait donné le même prénom qu'à la première, morte de faim et de froid pendant la guerre à l'âge d'un mois. Cette seconde fille aussi mourra prématurément et l'Opposante se le reproche, mettant ça sur le fait d'avoir donné le même prénom, un prénom qui porte malheur.
Tic de langage : faut bien ! qui revient comme la fatalité. Faut bien, c'est obligé, c'est la règle, c'est notre devoir.
Ce récit est ancré dans le réel, dans le présent du monde qui entoure cette femme : les arbres, les mouettes, les hirondelles, la plage, la mer, la lande, les fleurs, la maison de retraite, les funérailles et le crématorium, le curé, les Pompes funèbres, la famille, tout est observé en détail, avec minutie, cocasserie et parfois humour.
Ce roman est parcouru en deux temps comme un balancier qui va et vient : il y a le présent qui défile, qui s'éloigne jour après jour à partir du dimanche du décès, et celui d'un passé plus lointain, de la guerre, et qui remonte, se rapproche, dix ans avant, trois ans, deux ans, un an, huit mois, six mois, neuf jours avant sa mort. Ce temps décrit la lente dégradation de son corps, la surdité qui survient, son refus de toute contrainte. Dire non, faut bien ! s'opposer à toute nourriture, aux conseils des proches, d'où ce surnom, l'Opposante. Ce livre est une leçon de mort, en même temps une leçon de vie.
Les phrases sont longues, étirées, comme un souffle, avec une respiration entre chaque virgule, ou comme la vague qui roule sur elle-même, son rythme éternel, la navette d'un métier à tisser.
C'est un petit livre qui pèse lourd, 100 pages à lire d'un trait, c'est d'une intensité, d'une densité, et en même temps d'une légèreté d'oiseau, d'une délicatesse de fleur, arrivé à la fin on n'a qu'une envie, relire depuis le début, c'est absolument fascinant.
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