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EAN : 9782253156796
192 pages
Le Livre de Poche (12/10/2011)
3.3/5   81 notes
Résumé :

Au printemps de 1832, Flora, fille d’émigrés, née, élevée, mariée et devenue brutalement orpheline et veuve en Angleterre, arrive un beau jour à Jarnac pour y rouvrir Margelasse, le château de sa famille. Personne ne l’a aperçue encore dans la région quand Me Nicolas Lomont, trente ans, notaire, met son cheval en route vers Margelasse. L’histoire commence. Au début, c’est u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Autant le dire de suite : Ce roman aura été une grande et belle surprise.
J'avais déjà apprécié Françoise Sagan dans de très bons romans, mais là elle m'a estomaqué.

Les phrases sont belles, très belles. Les descriptions plus que vivantes. Les propos me plongent dans un univers romantique et ça me plaît.
Car oui, il s'agit bien là d'un grand ouvrage romantique avec ses tourments, ses amours contrariées, ses souffrances, ses espoirs, son culte du moi, sa sensibilité extrême, ses rêves, sa mélancolie.

A mon sens l'auteur peut tout à fait supporter la comparaison avec une Jane Austen, une charlotte ou une Emily Brontë, un Tourgueniev, un Goethe, un Fournier.

Un très grand travail d'écrivain pour se plonger dans le fond et la forme d'un roman du XIX ème siècle. Outre le vocabulaire et les tournures de phrase surannées, nous retrouvons ce carcan social si bien exposé par Jane Austen ; ce corset qui ôtait toute liberté, toute personnalité et sacrifiait des vies sur l'autel de l'honneur et des préjugés.

De plus l'auteure a écrit son roman à la première personne du masculin singulier et j'ai adoré sa pertinence dans les réactions provoquées chez les hommes par l'attitude des femmes. et cette ambiguïté qui peut s'installer dans le jeu de je t'aime, moi non plus. Elle m'a étonné par sa compréhension des différences entre les sexes dans l'art de la séduction.

Je ne dirais rien de l'intrigue de peur d'en dire trop long, juste que son Nicolas Lomont n'a rien à envier à un Heathcliff, un Werther, un Darcy ou une miss Dashwood.

Je dis donc : Chapeau bas madame Sagan. quelle maîtrise de la langue, du romantisme, de la psychologie et de l'inconscient collectif de cette époque.
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Ma souris a oscillé un instant entre une ou deux étoiles avant d'apposer son verdict mais même si cette première rencontre avec l'auteur ne fut hélas pas concluante, il m'était finalement pénible d'être trop sévère avec un style indéniablement marqué du signe du talent.

Le style. C'est bien là le seul bon point que j'accorde à Sagan pour cette romance "en costumes"* qui semble piétiner les plates-bandes de Stendhal. Allons, soyons moins sévère, disons qui flirte outrageusement avec l'univers du "Rouge et le Noir".

Angoulême, 1832, société bourgeoise de province d'un pays gouverné par un roi bourgeois, une société qui s'ennuie et qui semble plus à cheval sur les convenances que les aristocrates chassés quarante ans plus tôt de leurs châteaux par les révolutionnaires.

Nicolas Lomont, notaire de son état, gère les affaires d'une fille d'Émigrés, Flora de Margelasse, jeune veuve dont il s'éprend dès qu'il fait sa connaissance. Trente ans après cette rencontre, cet homme de loi intègre et passé maître dans l'art de brider ses émotions, décide de coucher dans ses mémoires l'aveu de cette passion et les affres d'un amour unilatéral.

Un triangle amoureux assez banal va servir à Françoise Sagan de socle pour dresser, à travers le regard de cet homme, des portraits psychologiques que j'ai personnellement trouvés beaucoup trop intellectualisés et qui ne m'ont pas touchée. En effet, dans ce court roman de 176 pages (édition le Livre de Poche*), il n'y eut pas que l'orage qui fut immobile mais également mon émotion. Entre ennui et désintérêt, ma lecture a progressé vaille que vaille, voulant avoir tout de même raison d'un contenu aussi mince.

J'ignore pourquoi Sagan a rédigé cet ovni, cette fantaisie qui lui a fait endosser l'habit du romancier historique et qui tranche avec le reste de son oeuvre (pour ce que j'en connais). Nul doute que cet exercice a dû lui apporter une occasion de s'imprégner du romantisme français à sa source, en cette première moitié du XIXème siècle où naît le "Mal du siècle" qui s'exprimera notamment par le désoeuvrement, l'ennui et l'exaspération sentimentale de toute une génération de jeunes gens.

Les aléas passionnels et passionnés de Flora de Margelasse sont loin d'être passionnants et m'ont laissée de marbre ; j'ai dû faire un réel effort pour me souvenir à chaque page à quelle époque et dans quel décor se situait l'action, guère aidée en cette démarche par l'auteur qui s'épargne quasiment toute description. Je suis aussi restée hermétique aux différentes expansions émotionnelles de l'ensemble des protagonistes, peu convaincue par leurs émois et agacée par leur affectation.

L'action, pour un si court roman qui aurait pu s'appeler nouvelle, se révèle trop sinusoïdale à mon goût ; parfois, je me suis presque crue au théâtre avec des rebondissements qui n'étaient que des effets de manche... Bref, vous l'aurez compris, pas très emballée.


*J'ai beau travaillé dans l'édition, je suis encore capable de me "faire avoir" par une couverture racoleuse qui n'est ici aucunement le reflet du récit qu'elle est sensée introduire. L'éditeur, par ce choix d'un buste décolleté de femme vêtue en robe "Empire" prouve seulement que, sans aucun respect pour ses lecteurs, il a choisi d'exploiter le séduisant filon qu'est l'engouement réel du public pour le monde austenien sauf que... en 1832, en France, on ne porte plus de robe "Empire". Ah, si on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, on peut encore attraper Gwen avec un bout de dentelle ! (**yeux courroucés et pensées peu amènes**)
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Nicolas Lomont, quarantenaire, nous raconte sa Flora, celle qu'il aimera par-dessus tout, celle qu'il na pas su, n'a pas osé conquérir, celle qu'il a vu se pâmer d'amour pour un autre, celle qu'il n'aura jamais, mais dont il ne se défera pas.

Il nous la raconte avec tendresse et toute la galanterie d'un gentilhomme.

Flora et son histoire d'amour fou avec Gildas laboureur-poète, chevalier-paysan, liaison non contre nature mais contre l'ordre social d'alors.

La passion - ses errements - ses libertés

Il va nous raconter aussi la belle Marthe qui se cache sous des habits de chambrière.
Son audace, sa sensualité qui attire tous les hommes et qui va semer la zizanie parmi ses admirateurs.

Sombres et funestes destins que ceux-ci, après un mariage où s'oppose une voix.

Serais ce la voix de la vengeance contre la "bonne société"?

Agréable à lire - chapitres courts
Ecriture qui allie romance, fougue et lyrisme par le truchement de la voix du notaire de province.
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Quand une autrice réputée pour la modernité de son écriture et des sujets traités se frotte de relater une histoire d'amour à travers la plume d'un notaire d'Angoulême, Nicolas Lormont, confessant sa passion sans retour pour une jeune veuve, Flora. Mais au-delà de l'amour elle se pique d'affronter les classes sociales de province, certains se jouant des attirances des autres, d'une belle soubrette faisant tourner les sangs de la bourgeoisie jusqu'à un dénouement dans la pure tradition des drames romantiques. Je préfère quand elle écrit sur "sa génération", dans son époque et j'ai lu cette oeuvre avec plaisir et comme un clin d'oeil aux drames romanesques d'un autre temps.
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Françoise Sagan fait partie de ces grandes écrivaines françaises dont je découvre en fait que je ne connais pas grand-chose en dehors de leurs écrits phares. J'ai donc entreprit d'aller piocher un peu dans son côté méconnu et j'ai fait une très belle pioche avec Un orage immobile.


Connue avant tout pour Bonjour Tristesse texte très personnel et très féminin, Françoise Sagan a une palette bien plus riche en fait comme le démontre ce court roman où on se croirait vraiment sous la plume d'un auteur du XIXe siècle. Après une voix très féminine, place également à une voix exclusivement masculine. Après le récit d'une adolescence sur le point de s'achever, place à un récit plus adulte et mature. C'est deux se font bizarrement écho comme les opposés l'un de l'autre, ils se rejoignent cependant la portée de la plume de l'autrice.

J'ai beaucoup aimé le poids et le jeu des mots de l'autrice dans ce roman. J'ai été totalement emportée par sa langue retranscrite à travers ce narrateur, vieux notaire qui se rappelle les souvenirs d'une passion inassouvie et de l'amour pour un autre de l'objet de ses désirs, le tout dans un décor XIXe particulièrement réussi. Avec peu d'effets et d'efforts, on a l'impression, l'autrice nous transporte dans cette époque oubliée où la femme est tellement objet de désir et si peu objet de liberté. Nous allons à la rencontre d'une jeune veuve anglaise, marquise de son état, venue se ressourcer en Aquitaine, qui va vite être l'objet de l'attention des hommes de son voisinage mais qui va porter le sien sur un homme surprenant.

Récit d'un amour au-delà des conditions sociales, Un orage immobile est aussi celui d'amours déçus et malheureux. Nous suivons en effet dans une riche première partie la déception amoureuse que l'on voit poindre chez notre héros narrateur, puis dans une seconde partie une déception plus surprenante. Françoise Sagan se met merveilleusement dans la peau du romancier romantique du XIXe pour nous conter cela et fait preuve d'une belle richesse et d'économie à la fois de mots et de scène pour le faire revivre à travers les souvenirs de son héros. C'est poignant. J'ai beaucoup aimé la profondeur qu'elle a vite su donner à ses personnages en peu de pages. On saisit bien la naïveté sentimentale du narrateur, la détresse de l'objet de son affection, leur emportement rapide à tout deux quand le coeur s'emballe et le bonheur d'être amoureux.

Le récit n'est cependant pas tout rose et quand l'autrice relate les déceptions de ses personnages elle le fait avec tout autant de talent et avec un savant goût pour la mise en scène et les retournements inattendus au sein de cette bourgeoisie tellement jugeante et malaisante, pour qui le statut et les apparences comptent tant. J'ai aimé la façon dont elle met le doigt sur leur pauvreté d'esprit, leur pauvreté intellectuelle et au contraire dont elle souligne la vigueur d'autres personnages venant de monde inattendu et sachant faire preuve d'une belle rage de vivre. Cependant rien n'est aussi simple chez Sagan et elle fera preuve avec nous d'une belle roublardise que je vous laisse découvrir, qui ainsi fait basculer nos coeurs à plusieurs reprises et nous fait sortir un peu lessivés de tout cela, avec en tête un seul personnage admirable et pur mais au destin funeste.

Texte surprenant qui, comme le dit la critique, emprunte volontiers à Stendhal pour son romantisme âpre et à Maupassant pour sa description de la société bourgeoise aquitaine. J'ai été touchée par la richesse et la virtuosité de la plume de l'autrice, ses choix narratifs et ses thématiques critiques sous-jacentes dans un univers tellement nuancé. Une belle découverte !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Malgré quelques orages, Louis-Philippe règne sur la France, les riches sont riches, les pauvres sont pauvres comme d'habitude, et les bourgeois sont contents, ce qui est le seul baromètre politique de ce pays.
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[Incipit.]

Si un lecteur découvre un jour ces pages - si quelque aveugle vanité d'auteur ou quelque aléa du destin m'empêche de les détruire - qu'il sache d'abord que c'est plus pour me le rappeler que pour le relater que j'entame le récit de l'été 1832 et des années qui suivirent. Qu'il sache surtout que je souhaite à ceux qui y participèrent, ceux qui furent les bourreaux, les victimes ou, comme moi, les impuissants témoins, que je ne leur souhaite qu'une chose : l'oubli. Un oubli définitif, un furieux oubli, un oubli de plomb aussi écrasant que le fut ce premier été, dans cette si douce province d'Aquitaine, au climat pourtant si tempéré.
Je suis âgé, hors d'état d'aimer comme de l'être. Et l'on ne me croira pas si je prétends, comme tant d'hommes de mon âge, en être satisfait. Eh bien, on aura tort. Car dans quelques années, lorsqu'on enfouira ce qui aura été mon corps terrestre sous les cyprès du petit cimetière de Nersac, s'il se trouve alors, en même temps qu'une bonne âme pour pleurer ma mort, un esprit méchant pour s'en réjouir, celui-ci se réjouira pour rien. C'est à la fin d'un cadavre qu'il aura assisté. Il y a déjà trente ans que je suis mort. Il y a trente ans que je ne fais que survivre à ces étés brûlants.
En 1832, j'avais trente ans. Je n'étais qu'un jeune homme âgé, et niais de surcroît, célibataire, héritier d'une des meilleures charges de notaire de la province, bon parti, voire bel homme, si l'on recherchait la santé plus que l'élégance ; je présentais aux regards des cheveux plantés bas sur un front de hauteur convenable, des yeux de chien de chasse que je voulais hautains, une bouche saine et un menton un peu galochard, tout cela porté par de larges épaules, un corps vigoureux, d'une vigueur qu'attestait un teint vermeil. Seul point d'orgueil pour moi : de longues mains aux doigts déliés et que les femmes disaient belles. Les femmes... enfin ce que j'en savais après quelques séjours d'étudiant à Paris, une longue et sotte passion pour une Circé de province, aujourd'hui déjà vieille, quelques passades avec des épouses déçues, et des regards condescendants vers les tendrons que j'étais censé épouser bientôt. La seule femme que j'eusse aimée vraiment s'appelait Élisa. Elle était chambrière de ma mère, mais après un an d'amours tremblantes, et malgré mes supplications, Élisa m'avait fui en même temps qu'un scandale qui n'aurait peut-être jamais éclaté. Élisa, et elle seule, m'avait un peu aimé, un peu déglacé sur les choses de l'amour. Mais fort peu. Le reste de mon existence ne m'avait dans ce domaine qu'affolé ou frustré - sort que je croyais partager avec tous les célibataires provinciaux de mon âge, de mon milieu et de mon époque.
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Certaines femmes naissent veuves comme d'autres mères, comme d'autres naissent vieilles filles, comme d'autres naissent épouses, et d'autres maîtresses.
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J'ai toujours eu des réveils lents et difficiles et j'ai toujours promené un corps d'animal invertébré pendant une heure, entre mon cabinet de toilette et ma chambre, avant de descendre à l'étude [...].
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Car il est vrai, hélas, que le sarcasme s'avère presque inévitable dans ce que peut dire un homme à propos d'une femme qui ne lui a pas cédé.
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Extrait du livre audio « La Laisse » de Françoise Sagan lu par Stéphane Ronchewski. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-laisse-9791035413873/
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