Le siècle des moralistes

Le Siècle des moralistes nous conduit à étudier en parallèle Les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal, Les Caractères de la Bruyère et les Maximes de la Rochefoucauld. Malgré leurs individualités éclatantes, ces oeuvres ont plusieurs points communs dont l'étude enrichit la lecture de chacune.

Leurs auteurs interrogent la "morale" en se centrant sur le monde humain (l'amour propre, le divertissement, etc.), la morale de "l'honnête homme", et ils le font sans avoir un statut particulier les autorisant à le faire (ils ne sont ni clercs ni universitaires). Surtout, leur discours n'est pas prescriptif mais critique (moraliste n'est pas moralisateur). Ils prêtent attention à l'infinie mutation des choses, aux détails, aux conséquences pratiques qui transforment les intentions et les principes, ils mènent une réflexion sur le discours moral.

Et ceci les amène à de nouvelles formes d'écriture, très différentes d'un traité de morale. Ils refusent la continuité méthodique et choisissent souvent une forme de brièveté (sauf Montaigne et ses "farcissures") pour refléter les limites de la connaissance.

Ils vont loin dans la "déconstruction" du discours : incapacité d'établir le vrai dans un discours structuré, irrationalité de la société humaine (dont le fonctionnement repose sur "l'imagination" et la force), l'expérience humaine même se trouve disqualifiée, préfiguration de l'inconscient. Leur morale a autant affaire à l'illusion et la désillusion qu'au bien et au mal.

Bref un livre très intéressant qui permet au lecteur de travailler sur "le fond et la forme" de ces oeuvres.