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Dominique Vittoz (Traducteur)
EAN : 9782020985000
156 pages
Seuil (01/04/2010)
2.82/5   19 notes
Résumé :
" Attendre n'est pas mon fort.
Attendre sans savoir a été la plus grande incapacité de ma vie ", déclare l'héroïne de ce roman. Et pourtant. Enseignante en formation continue, Maria se dépense sans compter pour ses classes de camionneurs et de femmes de ménage en quête d'une seconde chance. Enceinte à quarante-deux ans, elle accouche d'une grande prématurée. Commence alors la traversée d'un temps suspendu: pendant deux mois, derrière le hublot de la couveuse,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Comment rester dans la sobriété et la retenue quand il s'agit, pour une mère,  d'évoquer ce "spazio bianco"- le titre italien du récit- cet espace blanc,  entre vie et mort , entre venue au monde  et accès à la vie, ce temps menacé, interminable, ce temps suspendu où son enfant prématuré est  placé en soins intensifs dans un service de néonatalité?

Un 'spazio bianco' où chaque progrès est une mise en danger, chaque pas vers l'autonomie digestive, respiratoire, cardiaque , une épreuve de vérité ?

La narratrice du "Temps suspendu" évite soigneusement les pièges du mélo, de l'auto- apitoiement, de la dramatisation.

Son récit, même,  ne manque ni de dureté ni de colère. Dans cette parenthèse éprouvante  Maria, la narratrice,  sait se ménager des pauses où faire exister, avec un volontarisme appuyé,  sa vie de femme, de formatrice engagée socialement,  dessinant ainsi  les contours d'un caractère bien trempé- elle n 'est pas fille d'ouvrier communiste, élevée dans un quartier populaire de Naples, diplômée  à la force du poignet , pour des prunes.
 
Pas d'émotion à fleur de peau, pas d'effusions. Une ironie parfois mordante, des échanges secs comme des reprises de volée,  avec les médecins.  Chacun reste dans son rôle: les bébés luttent, les mères attendent, les médecins soignent. Et c'est ce parti-pris de retenue, cette factualité qui m'a plu..et qui a dû aussi en désarçonner plus d'une.

Valeria Parrella m'a été "recommandée"si j'ose dire par Elena Ferrante, dans son "Frantumaglia". C'est intéressant de découvrir des auteurs par filiations et rebonds: après Simona Vinci, après  Michela Murgia, voici donc Parrella, napolitaine, fille du peuple, intellectuelle , comme Ferrante,  et  féministe " comme elle, "de  cette façon subtile qui ne se déclare jamais" Et elle ajoute,  par la bouche de Maria : "J'avais progressé  à ma façon  parmi les hommes, pour ne me priver de rien. Mais je sentais qu'on avait toujours tout faux: en se mariant et en restant seul, en se fiançant et en aimant, en tombant amoureux et en s'épaulant , en se défiant,  en gagnant et en perdant, en protégeant et en cherchant protection. Et que jamais je ne serais disposée à défendre rien de tout cela."

Le temps suspendu n'est pas le récit d'une souffrance de femme, c'est celui de la souffrance d'une femme comme celle-là : un récit pudique, lucide, parfois plein de dérision. Jamais convenu, jamais démonstratif.

Et qui cueille notre empathie  à l'improviste. Sans la solliciter jamais.
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Ce livre fait un peu plus de 150 pages, pourtant je n' ai pas réussi à le finir j' en ai lu une petite centaine seulement. Je n' ai plus du tout envie de poursuivre cette lecture alors que je suis pratiquement arrivée au bout. D' abord, je n' apprécie pas l' écriture je la trouve très fade, sans aucun style.

De la forme dont l' histoire a été traitée, elle ne présente pas trop d' intérêt à mes yeux, pourtant le sujet est grave et intéressant à aborder.

Etre dans l' incertitude, ne pas savoir si son enfant né prématurément survivra, c' est certainement difficile à évoquer et cela mérite une pudeur extrême dans les mots employés. Ici c' était froid, distant, sans aucun ménagement, à quoi cela rime-t-il?



L' histoire est trop décousue à mon sens, je me perdais entre des réfléxions disparates de la mère sur ses visites, des retours sur son passé qui arrivent sans crier gare, son adolescence, et ses cours du soir... Il y a comme un flot de pensées continues sans liens entre elles, c' est assez déroutant. C' est un être perdu c' est certain, qui cherche dans ses cogitations des réponses à sa souffrance, mais je n' ai pas réussi à avoir d' empathie, à éprouver de la compassion pour sa faiblesse.



Parfois il arrive de voir ce genre de procédés en écriture, où rien ne semble avoir de sens, peut- être qu' en creusant plus j' aurais trouvé une unité, un moyen de comprendre ce personnage qu' est Maria, assez ambigü dans ses sentiments. Je n' arrive pas bien à saisir si elle est véritablement bouleversée par ce coup du sort, si elle espère réellement que sa fille survive, ou si elle n' attend qu' une libération face à cette angoisse qui l' étreint, même si elle doit se solder par la mort de sa fille... Peut- être un peu des trois... peut- être que c' est cela qui m' a agacé chez elle, le fait qu' elle n' extériorise pas et rumine son malheur...



J' aurais voulu savoir si Irene survit biensûr, mais j' ai l' impression que mon temps se trouve précisément suspendu par cette lecture, qui me laisse absolument de marbre dans un sujet pourtant assez sensible... C' est de mauvais augure lorsque je perds totalement ma curiosité et c' est bien le cas en l' espèce! Donc j' abandonne.



Je n' en conseille pas la lecture, et j' ajoute que ce livre ne suscite pas de grands émois sur la blogoshère d' après quelques billets lus ici et la...

Dommage que le contenu ne soit pas à la hauteur de la couverture que j' apprécie vraiment...



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« Vous le savez ?
- Je ne le sais pas, mais tu ne le sais pas non plus. Quelqu'un le sait-il ? »

A Naples, une femme enseignante en formation continue, accouche d'une enfant prématurée.

Le livre dure deux mois, non le simple temps de l'attente, mais le temps de l'âpreté des relations, de la rencontre, d'un quotidien résistant ou souriant.

Avec talent Valeria Parrella nous narre un court moment de vie de femme non réduite à sa peut-être relation de mère avec Irène.

Une histoire de hargne, de non-laissé aller et de regards tendus dans un espace ou le temps domine et impose son rythme lent, comme une suspension…

« J'avais répondu :
Je vous laisse faire.
- le bébé va naître vivant, mais il pourrait mourir tout de suite, survivre avec de graves handicaps ou n'avoir aucun problème, vous le savez ?
- Oui, je sais.
- Vous le savez, madame ?
- Je devais accoucher dans trois mois.
- le bébé sera aussitôt envoyé en soins intensifs néonatals. »
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Maria, 42 ans, professeur de français dans un centre de formation continue napolitain, accouche d'une petite fille prématurée, née à 6 mois de grossesse.
Un sujet délicat qui ne peut que toucher chaque femme mais aussi les anciens bébés que nous sommes, prématurés ou non! Valeria Parrella aborde ce thème du nourrisson prématuré avec beaucoup de délicatesse et de retenue, sans tomber dans le pathos. Tout est dit pourtant à travers ce "temps suspendu" à l'avenir de la petite Irène et la souffrance de "ne pas savoir"! Tout le roman repose sur le "savoir", avec un jeu d'écho subtil entre le métier de Maria qui enseigne l'italien à des adultes laissés pour compte, parfois des immigrés, et son aventure personnelle de mère en devenir -ou pas. J'ai beaucoup aimé le clin d'oeil dans l'épilogue quand elle dit à son élève qui passe son examen : "Tu mets des points de suspension et moi, je vais boire mon café" !

Il est certain que ce roman ne peut pas laisser indifférent !

J'en ai beaucoup apprécié les petits moments d'humour (avec l'histoire des joints cachés sous les draps d'un landeau, par exemple) et de voir défiler la vie napolitaine, malgré ce temps suspendu à une petite fille et l'espoir qui est toujours présent dans ce livre, c'est ce qui fait son charme. Et le lecteur en est bien récompensé !
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Maria a 42 ans et elle est enceinte. Un choix tardif, un père qui n'assume pas et une petite fille qui arrivera trop vite. Irène est prématurée et va devoir vivre en couveuse, relié à la mécanique médicale, luttant entre la vie et la mort.
Sa mère, seule et plongée dans l'attente et l'incertitude, nous confie alors des bribes de sa vie, de son travail et de l'insupportable attente.

Dans ce texte touchant, l'auteur nous entraine dans le quotidien des mères de prématurés. On vit avec Maria les visites quotidiennes à l'hopital, le manque de compassion des médecins qui n'osent se prononcer, le soutien mutuel entre mères, les amis qu'on n'osent plus appeler car la situation n'évolue pas, et surtout l'incertitude quant à l'avenir de la petite Irène.
Une incertitude qui rend folle, qui empêche de penser, de travailler, qui exige des réponses même négatives, des statistiques, qui ne viennent pas.

Maria va vivre pendant 2 mois dans une sorte d'état intermédiaire, un temps suspendu, à attendre la deuxième naissance de sa fille. On sent qu'elle n'ose pas s'attacher encore à ce petit être qui peut disparaitre du jour au lendemain, à ce bébé qu'elle n'a pourtant pas encore serré dans ces bras.

La construction du roman évoque à elle-seule ce refus de s'impliquer trop. L'ambiance cottonneuse de ce roman ne tombe pas dans le voyeurisme ou le larmoyant. L'auteur sait ouvrir des espaces plus légers dans sa narration. Au lieu de s'enfoncer trop dans ses sentiments difficiles, Maria fuit la douleur en se remémorant son passé, son enfance. Elle évoque son travail de professeur en formation continue, ses relations amicales avec ses étudiants : des immigrés, des travailleurs en marge qui cherchent tous à rebondir et qui, à leur façon, vont symboliser un autre genre de combat. Ils auront en commun la même envie de s'en sortir et de trouver leur place.

Même s'il a manqué du petit truc qui fait la différence, "Le temps suspendu" est un doux récit mélancolique et pudique d'une belle plume en devenir.

" Si les yeux coulaient, c'était à cause de cette tension oculaire de cabinet des merveilles. Et nous là-dedans, nous étions des expériences de médecins sorciers, des mains entrant par les hublots pour ramener à la vie ce dont nous avions accouché. Nous étions prisonnières d'un ghetto et aucune de nous ne possédait le mot à introduire dans la bouche de son golem. "
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le moniteur était une boîte grise ou bleue, montée sur un support comme un baffle de chaîne stéréo, d’où partaient des fils qui, avec cent autres, entraient dans les couveuses. J’avais vu plus souvent leurs couleurs que les yeux d’Irene.

Quand, certains jours, je la trouvais allongée sur le ventre et pas sur le dos, j'étais d'abord perdue, puis émue, à la pensée qu'elle avait un dos. Irène sentait le plastique humide et surchauffé, certains soirs, je rentrais à la maison le milieu de l'avant-bras marqué d'un profond sillon bleuâtre, dû au poids de mon bras sur le bord des hublots. Je ne portais plus de montre, parce que le lavage antiseptique prévoyait qu'on l'enlève et que nous vivions pour le lavage antiseptique. Je mesurais les jours qui passaient à la taille de la main d'Irène serrant une des mes phalanges.

Les infirmières ne voulaient pas que nos approchions les autres couveuses. Elles appliquaient la règlementation sur le respect de la confidentialité en nous enjoignant, comme à des commères sur le marché : « Occupez-vous de vos affaires. » Alors, entre nous, on s’appelait en douce, on surveillait du coin de l’œil le moment où elles papotaient du dernier fiancé de Simona Ventura, et on se confiait une inquiétude, on se montrait une preuve.

Ayant vite appris à déchiffrer le langage des machines, je transmis en quelques phrases ce savoir séditieux à Rosa, à Mina et à la première maman. Je leur expliquai qu’une modification de la courbe ne signifiait pas que nos bébés allaient plus mal, mais seulement que le signal n'était pas bon. Que la saturation était la quantité d'oxygène arrivant dans les tissus donnée par le chiffre qui clignotait en haut. Que la fréquence de la respiration était un renseignement secondaire par rapport aux autres indicateurs. Une diode clignotait, noire sur fond clair, on aurait dit le point d'insertion de Word sur un écran d'ordinateur. Au début de la page, quand va s'écrire le premier verbe : c'était le cœur qui battait.

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C'était le temps qui avait manqué à mes élèves napolitains, ils s'étaient arrêtés au nécessaire, et étaient allés travailler ou vendre de la cocaïne en renonçant aux nuances. Ils partageaient pupitres et salles de classe avec des Sri Lankais qui s'efforçaient d'articuler de leur mieux un phonème étranger à leur langue, comme si apprendre à bien prononcer pouvait prolonger la durée de leur visa ou leur procurer une couverture sociale.
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Il n’empêche, j’avais dégotté ce vasistas et nous y avons cohabité dans un silence presque total.

C’est là que j’ai contemplé la ville, tous les jours pendant trois mois, par bouffées régulières rythmant mes onze heures : mille fois je me suis amusée à chercher - tiens, où est la cathédrale, et la coupole de la galerie Umberto I, et l’ancienne artère romaine ?-, sans jamais m’ennuyer.

L’odeur de nicotine sur mes mains ne partait pas au lavage antiseptique, même quand je retroussais mes manches et me savonnais les bras jusqu’aux coude pendant deux minutes, ainsi que l’exigeait le protocole des soins intensifs. Elle s’exhalait de ma blouse bleue à la première émotion et traversait mon masque quand l’angoisse précipitait ma respiration.

On me l’a reproché. Mais un jeune toubib aux yeux très bleus m’a demandé une cigarette et je la lui ai donnée comme on passe le pain à table.
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- D'accord, mais d'ici là, que comptez vous faire?
- Attendre.
- Ça, je peux le faire moi aussi.
- Vous pouvez espérer, madame.
- Écoutez, à chacun son travail, faites le vôtre. Moi, je fais le mien. Et laissons le sien au prêtre .
- À présent, vous nous détestez, c'est normal.
- Non, ce n'est pas de cela qu'il s'agit: il faut que vous appreniez à parler de ce que vous connaissez. 'Détester, esperer', c'est quoi, ces mots? Enfin, un peu de sérieux. Faites l'effort d'en rester aux mots de votre métier. Quand c'est le cas - docteur, excusez-moi si je pleure, ce n'est pas une raison pour penser que ce que je dis est moins vrai, et vous tous ici, excusez-moi si je pleure- , quand vous employez votre vocabulaire, qu'on dit 'spécialisé', là vous n'êtes jamais ridicules."
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Si les yeux coulaient, c'etait à cause de cette tension oculaire de cabinet des merveilles. Et nous là-dedans, nous étions des experiences de médecins sorciers, des mains entrant par les hublots pour ramener à la vie ce dont nous avions accouché. Nous étions prisonnières d'un ghetto et aucune de nous ne possédait le mot à introduire dans la bouche de son Golem.
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