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Johan-Frédérik Hel-Guedj (Traducteur)
EAN : 9782264042934
864 pages
10-18 (16/02/2006)
4.01/5   194 notes
Résumé :
Instituteur au chômage, Simon ne parvient pas à oublier Anna, qu'il aime sans retour depuis dix ans. Un après-midi, sans que rien ne laisse présager de son geste, il enlève le petit garçon de la jeune femme à la sortie de l'école. Crime d'un pervers masqué en héros romantique ?

Acte désespéré d'un homme détruit par le chômage ? Ultime tentative d'un amoureux transi pour attirer l'attention de celle qu'il aime ?

Sept personnages, tous ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert cet auteur par mon libraire et j'avoue que la richesse de ce livre m'a entousiasmée. Elliott Perlman nous conte l'histoire d'un rapt d'enfant par son père qui espère par ce geste renouer une hypothétique relation avec la mère de celui-ci. Par le témoignage de personnages plus ou moins lié au kidnappeur, Perlman met en place un subtil puzzle dont chaque pièce apporte un éclairage nouveau sur la personnalité du ravisseur.
Passionnant et hypnotique.
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Cette énorme brique (près de 860 pages quand même) dormait depuis quelques années dans ma PAL. Grâce à une lecture commune, je l'ai enfin exhumée. Et quelle bonne idée ! Car même si le sujet et l'épaisseur du livre peuvent effrayer, c'est un régal à plusieurs niveaux.

Un petit résumé : Simon, jeune trentenaire, brillant diplômé, est un instituteur au chômage. Il passe ses journées à boire, à lire de la poésie, à promener son chien Empson et voir son amie Angela, une jeune prostituée. Mais surtout, il ne cesse de penser à Anna, son amour de fac, qui hante ses nuits et ses jours, malgré que leur relation a pris fin depuis plus de dix ans. Il est obsédé par elle, à un tel point qu'un jour il enlève son petit garçon, Sam, à la sortie de l'école.

Elliot Perlman, à partir de cette trame, réalise un extraordinaire roman à plusieurs voix. Mais son tour de force réside dans l'absence de répétition des scènes d'un narrateur à l'autre. Bien que chacun part du drame pour raconter son histoire, le récit avance et ne stagne pas sur l'enlèvement. L'écrivain, au travers des différents témoignages, aborde le passé, le présent mais aussi le futur de chacun de ses personnages.

Le début m'a semblé un peu fastidieux. Dès que le premier narrateur prend la parole, la confusion règne, on ignore qui parle. J'ai été contente quand cette première partie s'est terminée. Mais ensuite, tout s'enchaîne de manière fluide et cet écueil ne se reproduit plus. On est happé par l'histoire qui se (re)construit peu à peu au fil des interventions. le seul autre défaut que je pointerais est la présence de quelques longueurs dans certaines parties. Notamment celles concernant le métier du mari d'Anna, courtier en bourse ou celles traitant de la réforme du système des soins de santé en Australie. Mais au final, cela ne m'a pas tant dérangé. Il faut aussi souligner que tout n'est pas rose dans ce roman. Chacun se retrouve malmené par la vie, à des degrés divers.
Beaucoup de sujets sont abordés par l'auteur : la famille, le divorce, le chômage, la politique, le système social, les soins de santé, la shoah, le système scolaire (primaire et universitaire), la religion, … Mais surtout le système judiciaire. On peut dire que Elliot Perlman ne donne pas le beau rôle à la police et ne nous offre pas une belle image de la justice australienne. Mais ce roman est tellement vaste et complexe que citer tout ce qui est évoqué par Elliot Perlman serait impossible. Sachez seulement qu'il est d'une richesse incroyable et déborde d'idées.

La construction du roman est vraiment brillante. Plus on avance dans le récit, plus on s'aperçoit que ce qu'on pensait au départ n'était qu'illusion et que la réalité est bien plus compliquée. En plus, malgré que l'histoire soit racontée par différentes personnes, il n'y a aucune redondance tant la manière d'aborder les témoignages est originale. le romancier australien possède un véritable sens du suspens. Certaines réponses, que l'on brûle de connaître assez rapidement, ne nous sont révélées que dans les toutes dernières lignes.
Le choix du titre est très judicieux car ce roman montre en effet toute l'ambiguïté qui peut régner dans les relations humaines, les fausses impressions, les a-priori, les jugements qu'on a sur les gens. Quelque soit la personne qui parle, elles nous montrent les personnages sous des jours tellement différents que nos opinions n'arrêtent pas de se modifier au fil du roman. Et cela ne m'était jamais arrivé à ce point et sur autant de personnages !!! Et une fois la dernière page tournée, je me dis : on ne connaît jamais réellement quelqu'un ! Ce sont les circonstances et notre vécu qui façonnent notre opinion sur les gens. Et leurs actes bien sûr ! Mais là aussi, notre vécu et notre situation nous permettra de mieux excuser ou comprendre certains actes que d'autres.

Un excellent roman, vraiment, dont je conseille la lecture ! Mais prevoyez du temps devant vous ou entrecoupez la lecture par d'autres plus courtes et plus légères. Ce que j'ai fait. Je ne sais pas si j'aurais pu le lire d'une traite !

Lien : http://www.chaplum.com/ambig..
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A partir d'un fait divers relativement banal (un homme, Simon, kidnappe Sam, l'enfant de son ex pour tenter de se rapprocher d'elle...), Elliot Perlman nous offre 8 romans en un seul !
Dans une construction subtile, l'auteur, après nous avoir livré les faits bruts, le coup de folie de Simon, décortique les témoignages de 7 personnes plus ou moins liées à l'affaire, imbriquant les histoires les unes dans les autres pour former une toile complexe : on découvrira ainsi l'histoire de Joe, le mari d'Anna et père de Sam qui travaille dans la finance et joue de son bagout, puis le personnage d'Alex Klima, psychiatre ayant Simon pour patient, une call-girl atteinte de sclérose en plaque, la fille du psychiatre... On obtiendra à la fin une juxtaposition de faits de ressentis, de souffrances, de non-dits et le portrait final d'un homme complexe et d'une société australienne qui se délite
Elliot Perlman radiographie son époque et analyse les bouleversements qu'un fait divers provoque dans les existences des uns et des autres.
MAGISTRAL
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Que connait-on de l'Australie, ce lointain continent où les kangourous bondissent dans le bush de Crocodile Dundee ?
En ce qui me concerne, vraiment peu de choses, si ce n'est que je découvre la littérature contemporaine australienne avec une délectation croissante !
D'abord "la gifle" de Christos Tsiolkas, magnifiquement portée à l'écran sous la forme d'une série télé, "le secret du mari" de Liane Moriarty une délicieuse (et sulfureuse) intrigue féministe, et bien sûr mon coup de coeur 2015 "Au service surnaturel de sa majesté" , l'hilarant roman de fantasy de Daniel O'Mailey.
Aujourd'hui je découvre Elliot Perlman et son roman "Ambiguités" qui m'a littéralement envoûtée.
A partir d'un fait divers sans conséquences dramatiques, un jeune instituteur au chômage, enlève sans violence pendant quelques heures, le fils de son amour de jeunesse, l'auteur part de ce prisme pour présenter les sept personnages principaux qui gravitent autour de cet événement central et qui y sont tous liés de façon plus ou moins étroite.
Chacun parle à son tour pour évoquer son implication et sa situation dans le contexte donné, Alex, le psychiatre qui soigne l'auteur de l'acte, Joe, le père de l'enfant enlevé, Simon l'auteur du rapt...
Tous les points de vue des protagonistes sont analysés avec une telle finesse que le lecteur ne peut que se laisser submerger par l'empathie à l'égard de chacun des personnages.
L'ambiguité, concept qui donne son titre au livre, naît des interprétations différentes auxquelles peut se prêter une relation entre deux personnes et Elliot Perlman cite abondamment William Empson , poète et critique britannique qui a théorisé le concept en 1930 dans son livre "les sept types d'ambiguité".
La richesse de ce roman n'est pas seulement liée à la complexité des personnages, pas plus qu'à leur façon de théoriser leurs interactions, mais également dans les grand thèmes de société développés au fil de l'intrigue.
Qu'il s'agisse du déconstructionnisme de Derrida, de la gestion intégrée des soins hospitaliers dans un système de santé orienté vers la recherche du profit, du jazz interprété par l'inoubliable Billie Holiday, l'auteur parvient magistralement à éviter tout pédantisme tant son propos est passionnant et parfaitement intégré dans le déroulement de l'intrigue.
Ce merveilleux roman n'a pas fini de nous faire réfléchir et d'apporter la preuve que chacun de nous est multiple et que toute catégorisation définitive ne peux être que mensongère et réductrice.
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La lecture "d'Ambiguïtés" a confirmé ce que m'avait permis de découvrir celle de "La mémoire est une chienne indocile" : Elliot Perlman est un as de la fresque, expert dans l'art d'allier sans heurt densité et structure, de construire à partir de multiples points de vue un ensemble cohérent.

Il utilise comme point de départ et comme fil rouge de son récit protéiforme un événement improbable : l'enlèvement par Simon Heywood, instituteur au chômage, du petit garçon de son ex-compagne Anna, avec laquelle il n'a plus de contacts depuis dix ans. L'enfant est rapidement rendu à ses parents sans avoir subi aucun dommage ni traumatisme. La dénonciation de Simon par sa petite amie du moment, qui exerce accessoirement le plus vieux métier du monde, enflamme les médias... mais là n'est pas l'important.

Des proches de Simon ou d'Anna s'expriment à tour de rôle suite à cet acte insensé. L'analyse, tantôt des motivations de Simon, tantôt des conséquences parfois inattendues de cet acte sur l'existence des divers protagonistes, dépasse le simple cadre de l'enlèvement, qui devient le prétexte à l'élaboration d'une intrigue où de nombreux destins se croisent, s'imbriquent, s'affrontent, les héros se débattant avec leurs manquements, leurs fêlures, leurs obsessions.

La principale obsession de Simon, c'est Anna, dont il ne s'est jamais vraiment remis du brusque départ. Persuadé que la jeune femme s'est fourvoyée en le quittant pour épouser Joe, un golden boy focalisé sur sa réussite sociale, il compte sur sa -brutale- réapparition dans sa vie pour provoquer une prise de conscience...
Mais Simon est aussi hanté par l'amertume et la déception que provoque en lui la mercantilisation croissante de la société, la poursuite effrénée du profit aux dépens des valeurs humaines d'empathie, de solidarité. Ses semblables, emportés, aveuglés par les prérogatives de cet environnement matérialiste et compétitif, ont à ses yeux perdu leur capacité à s'impliquer humainement, faisant preuve vis-à-vis des autres et de leur éventuelle détresse d'une apathie et d'une indifférence qui le révoltent. Sincère et intransigeant, mais aussi lucide et réfléchi, Simon refuse de s'adapter à la dynamique d'un monde où prévaut la quête du profit et de la possession.

Pour autant, le roman d'Elliot Perlman n'oppose pas les méchants capitalistes représentés par Joe et ses confrères aux gentils rêveurs humanistes dont Simon serait le représentant.

C'est un roman sur la difficulté de l'être à accéder à la plénitude, à se réaliser en accord avec ce qu'il est profondément.

C'est un roman sur l'émouvante complexité des individus, sur les fissures qu'ils abritent, et qui finissent parfois par se transformer en béances, sur les mensonges que l'on sert aux autres comme à soi-même, mais dont personne n'est vraiment dupe, sur les compromissions censées préserver l'apparent bonheur confortable dans lequel on s'est installé en jetant derrière soi ses aspirations et ses principes.

C'est aussi un roman sur le fourvoiement, qui conduit au délitement des relations insincères que l'on entretient avec l'autre, sur l'incompréhension mutuelle, et la propension de l'individu à imaginer les désirs de l'autre selon les siens propres.

C'est, enfin, un roman sur l'héritage que laissent les parents à leurs enfants, non pas l'héritage matériel, mais cette transmission, souvent inconsciente, d'angoisses et de rejets, de souffrances et de faux-semblants, et sur la façon dont on se construit, avec, ou envers, cet héritage.

"Ambiguïtés" est un roman à la fois très intelligent et profondément humain. Elliot Perlman, en portraitiste sensible mais clairvoyant, manie la dérision et le sens du détail avec une justesse qui exhausse le caractère pitoyable et poignant des individus.

A lire, impérativement.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
le poème de Nazim Hikmet, "quelques conseils à ceux qui purgent une peine de prison", que récite Simon :

Si au lieu de te pendre par le cou
On te jette au trou
Parce que tu n'as pas renoncé à tout espoir
En ce monde, à ton pays, et aux tiens,
Si tu fais dix ou quinze ans,
Sans compter le temps qui te reste,
Tu ne diras pas,
"J'aurais mieux fait de me balancer au bout d'une corde
Comme un drapeau"-
Tu mettras un pied par terre et tu vivras.
Ce ne sera peut-être pas un plaisir,
Mais c'est ton devoir solennel
De vivre encore un jour
En dépit de l'ennemi.
Une part de toi-même vit peut-être seule, au trou,
Comme une pierre au fonds d'un puits.
Mais l'autre part de toi-même
Doit être tellement prise
Dans la fièvre du monde
Que tu frissonnes, là-dedans,
Quand dehors, à quarante jours de distance, une feuille bouge.
Attendre des lettres, là-dedans,
Chanter des chansons tristes,
Ou rester couché toute la nuit à fixer le plafond
C'est doux, mais c'est dangereux.
Regarde-moi ton visage, entre deux rasages,
Oublie ton âge,
Surveille tes pellicules
Et les nuits printanières,
Et n'oublie jamais
De manger le dernier morceau de pain -
Et aussi, n'oublie pas de rire de bon coeur.
Et qui sait,
La femme que tu aimes pourra cesser de t'aimer.
Ne dis pas que c'est trop fort :
Pour l'homme au trou,
C'est comme une brancher verte qui casse.
Au trou, songer aux roses et aux jardins,
C'est mal
Songer aux mers et aux montagnes, c'est bien.
Lis et écris sans répit,
Et je te conseille aussi de tisser et de fabriquer des miroirs.
Je veux dire, rien de t'interdit de passer
Dix ou quinze ans au trou ou plus...
Tu le peux,
Tant que le joyau
Du côté gauche de ta poitrine ne perd pas son éclat !
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[...] Une relation entre deux êtres, tout comme une relation entre deux mots, est ambigüe si elle prête à différentes interprétations. Et si deux êtres ont une perception différente de leur relation - je ne fais pas seulement allusion à l'évolution de cette relation, mais à sa nature - , alors cette différence peut affecter le cours de leur existence.
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Le gouvernement écoute le premier acteur de la finance venu qui lui annonce que, s'il veut décrocher une notation financière triple A quand il emprunte de l'argent sur le marché, il faut qu'il dépense moins dans l'éducation et tout le tremblement. Les enfants sont ce que nous avons de plus important et les gouvernements nous les volent parce qu'ils veulent collecter moins d'impôts pour gagner les élections et attirer les investisseurs.
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C’est la théorie de la capillarité, selon laquelle le bonheur de quelques-uns se répand et exerce ses effets sur le bonheur de tous.
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La décision d'échouer exprime souvent une demande d'attention. C'est aussi une forme de dépression (et ne me soutiens pas que les enfants ne sont jamais dépressifs, ou c'est que tu as vraiment tout oublié). Il y a de la colère qu'il intériorise. En se blessant, il te blesse et, s'il te blesse assez, tu vas sûrement le remarquer. Regarde. Je suis brisé. Et tu le supportes ?
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Videos de Elliot Perlman (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elliot Perlman
Bande annonce de la série Seven Types of Ambiguity (2017), adaptation du roman d'Elliot Perlman, publié en français sous le titre Ambiguïtés.
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