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Maudit sois-tu tome 3 sur 3

Carlos Puerta (Autre)Philippe Pelaez (Autre)
EAN : 9791033512967
64 pages
Ankama Editions (14/01/2022)
3.28/5   9 notes
Résumé :
En 1816, sur les bords du Lac Léman, la jeune Mary Shelley s'éprend du médecin de Lord Byron, l'incroyable John Polidori. Ce dernier a réussi, avec le lieutenant Joseph Burton et le docteur Robert Darwin, à perfectionner les expériences d'Aldini : redonner la vie à des tissus morts en y diffusant un courant électrique. Mais lorsque Mary le rejette, Polidori sombre dans la folie…
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Comme Mithridate, il faut administrer le poison pour être immunisé.
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Ce tome fait suite à Maudit sois-tu, tome 2 : Moreau (2021) et c'est le dernier de la trilogie. Sa parution initiale date de 2022. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, et par Carlos Puerta pour les dessins et les couleurs. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées. Cette édition se termine avec un carnet baptisé Pour aller plus loin, comptant sept pages : le crayonné de la couverture du tome un en double page, celui du tome deux également en double page faisant ressortir la filiation avec la version [[ASIN:2302066324 Frankenstein]] illustrée par Bernie Wrightson, celui en double page du tome trois, et celui en simple page de la couverture alternative du tome un.

Torquay, mai 1815. Mary Shelley s'interroge : Quelle est sa faute ? Elle a rêvé sa fille, son bébé, engloutissant son sein, la jolie joue prolongeant le galbe de sa poitrine gonflée. Elle a rêvé son regard fixé sur le sien, ses grands yeux bleus comme hypnotisés, sondant le tréfond de son âme sans un battement de cil. Pour sa fille, elle était l'alpha et l'oméga, elle était l'absolu, elle était le tout. Elle a rêvé que sa fille était vivante. Quelle est sa faute ? Elle se souvient de ce naufrage, l'année dernière. La mer du Nord vomissait les marins du Gottfried Mehn sur la côte de Whitby. Sa langue d'écume léchait les cadavres gonflés qui roulaient en crissant sur la grève. Parmi tous ces corps désarticulés, il y en avait un qui respirait encore. Un vieux matelot qui resta entre la vie et la mort plusieurs semaines durant. L'abîme se refusait à lui. Il respirait, mais ne bougeait plus. Son coeur battait, mais personne ne l'entendait. Et le docteur Cline, ce brave docteur Cline, le ramena à la vie par des frictions, des massages, il le ramena à la vie. Cet homme était vieux, son enfant à elle était pimpant. Ce marin était laid, son bébé était un ange. Ce Lazare portait les péchés du monde, sa fille était l'innocence. Pourquoi est-elle morte ? Quelle est sa faute à elle, Mary ?

Percy Bysshe Shelley rejoint son épouse sur la plage, et elle lui confie qu'elle a rêvé qu'elle ramenait leur fille à la vie. Rome, juin 1819. de nuit, un fiacre dépose Mary Shelley affolée à la porte de John Polidori. Elle écart le domestique sur le côté et se précipite vers les appartements du docteur. En pleurs, elle lui indique que son petit William va mourir. Très calme et distant, il lui répond qu'il savait qu'elle viendrait. Il s'est arrangé pour qu'elle apprenne sa présence à Rome. Elle continue : elle a perdu son premier bébé, et puis Clara les a quittés en septembre dernier. Elle ne veut pas voir mourir un troisième enfant. Elle le supplie. Il la raille : Quelle humilité ! Est-ce la douleur qui désenfle l'immense orgueil de Mary ? Est-ce la douleur ou l'espoir ? Il exige qu'elle rampe devant lui, et alors il écoutera peut-être ses supplications. Elle l'a humilié. Sur les bords du lac Léman, dans cette maison sans âme, cette année sans été, elle l'a humilié. C'était à Cologny, en Suisse, à l'été 1816. Mary et John évoquaient la démonstration publique de Giobanni Aldini sur le corps du criminel George Foster en 1803, et le Zoonomia (1794) de Robert Darwin.

Le lecteur s'attend peu ou prou à retrouver le même déroulement que dans les deux premiers tomes : une chasse à l'homme, des voyages menant au rassemblement dans un même lieu de tous les protagonistes, et une autre grande chasse à l'homme menée par Zaroff ou un de ses descendants, avec l'aide de Moreau ou un de ses descendants. Il n'en est rien. Après un tome consacré à l'héritage du chasseur Zaroff, et un autre au docteur Moreau et à ses créatures, les auteurs se focalisent sur Mary Shelley (1797-1851), autrice qui a bel et bien existé, et qui a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de la littérature avec son roman [[ASIN:2010120329 Frankenstein ou le Prométhée moderne]] publié en 1818. Dans le tome précédent, il était déjà fait allusion à son époux Percy Bysshe Shelley, et à cet été passé dans la villa Diodati située au bord du lac Léman à Cologny, en Suisse. Ils évoquent sa vie : sa relation avec le poète Percy Bysshe Shelley, la naissance et la perte de ses enfants, sa relation potentielle avec John William Polidori, ses voyages en Europe avec son mari, sa fausse couche dans la villa Magni en juin 1822, la mort de son mari. le lecteur se rend compte que le scénariste a choisi pour raconter son histoire complète, une série de récits en abyme enchâssés les uns dans les autres au sein de la trilogie, à l'identique de la structure du roman Frankenstein. En outre, pour ce dernier tome, il déroule deux fils chronologiques en alternance : le temps présent du récit qui commence en 1815, et les événements survenus à Cologny en Suisse en 1816.

L'artiste emmène direct le lecteur dès la première page avec une vue incroyable sur la falaise du Torquay. La texture de la roche est rendue avec une sensation photoréaliste qui fait croire à une véritable photographie, y compris pour la végétation qui s'accroche. Toutefois la technique utilisée pour l'océan, puis dans les cases du dessous l'herbe ou l'étoffe de la robe de Mary Shelley montre bien que ce n'est pas une photographie. le lecteur éprouve la même sensation avec d'autres environnements : la mer du nord déchaînée qui vomit les marins du Gottfried Mehn, le parquet bien ciré de la demeure romaine où réside John Polidori en 1819, le salon de la villa Magni en Suisse avec ses fauteuils et leur tapisserie, l'immense salon du manoir familial dans le Yorkshire avec ses tapis et ses candélabres, les flancs enneigés du Monte Prado en Toscane, un magnifique vitrail dans l'église de Haworth dans le Yorkshire, le pont du petit voilier l'Ariel. Ces cases apportent une consistance incroyable au récit, l'ancrant dans un monde très réel, très concret, ayant bel et bien existé avec une consistance telle qu'il semble possible de le toucher, avec une représentation telle qu'elle donne une sensation de réalité.

Comme dans les autres tomes, Carlos Puerta sait positionner sa narration visuelle dans d'autres registres picturaux en fonction de la nature de la séquence. Il peut ciseler le visage de Mary Shelley comme s'il s'agissait d'une des plus fines statuettes du Bernin. Passer dans un registre impressionniste pour un décor végétal comme le jardin de la propriété de la villa à Cologny. Revenir à une bande dessinée très classique avec détourage encré et mise en couleurs naturaliste pour des tête-à-tête. Donner la sensation de gravures d'époque pour une scène d'extérieur. Mettre en avant les sensations lors d'une scène de crime dans un cimetière avec une mise en couleurs expressionniste. Puis contraster cette ambiance lumineuse bleutée avec celle tout en vert de la séquence suivante. Puis repasser en mode naturaliste. Et repasser en mode expressionniste avec un jaune brun lors d'une discussion étouffante. le spectre de la narration visuelle va de prises de vue évoquant un déplacement continu de la caméra (la première page avec une vue qui se rapproche progressivement de Mary Shelley), à des images isolées pour établir une situation telle la carcasse du Gottfried Mehn échouée sur la plage. L'esprit ainsi tenu en alerte, le lecteur prête attention à chaque page, en se demandant ce que l'artiste va lui offrir, va lui concocter, relevant ainsi un détail par ci par là. Par exemple, il sourit en découvrant que John Polidori est en train de lire Faust (la version de 1808) de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832).

Le scénariste parvient donc à l'origine, aux événements qui ont donné lieu à un conflit qui s'est répété à deux reprises en 1848 (tome deux) et en 2019 (tome un) et qui a affecté les descendants de ces personnes sur plusieurs générations, jusqu'à Emily Robinson, Eleonore Dabney, le docteur Josuah Cornford, et l'inspecteur Stisted. Il entrelace habilement les événements de la vie de Mary Shelley et de son époux, avec une intrigue inventée autour de John William Polidori. Il confirme la séquence relative à la mort de Percy Shelley vue dans le tome deux, et il explique comment le docteur Moreau est devenu tel qu'il apparaît par la suite. Il relie la vie de Mary Shelley à des créations littéraires, l'écriture ayant une incidence sur le monde réel. le lecteur peut également y voir le fait que l'écrivaine cristallise dans sa création plusieurs thèmes ou forces présentes dans la société de l'époque, et donc que sa vie soit façonnée par ces mêmes thèmes et ces mêmes forces. Il retrouve les sujets présentés dans le dossier en fin du tome deux : corps & âmes, le corps objet de fantasme objet de science, le savant fou, le créateur égal de Dieu. En outre, le scénariste met également en scène la force de la passion amoureuse, la haine déclenchée par l'humiliation publique, la force de l'amour maternel, la stupidité occasionnée par l'amour propre, la monstruosité d'un individu privé d'empathie, les morts arbitraires occasionnées par une épidémie, le progrès scientifique (la vaccination), etc.

A priori, le lecteur entretient quelques réserves sur cette trilogie : une histoire racontée à rebours, un mélange entre personnages de fiction (Zaroff, Moreau) et personnages réels (Mary Shelley), une haine tenace s'exprimant au travers d'une vengeance de grande ampleur. Il est très vite conquis par la qualité de la narration visuelle, la sophistication des dessins, du photoréalisme le plus confondant à l'impressionnisme, avec des séquences saisissantes par leur naturalisme ou leur touche horrifique. Il plonge sans retenue dans cet amalgame entre romans et réalité historique pour des relations indissociables de cause et conséquences entre créatrice et personnages, créatures et savant. Envoûtant.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme… Rabelais avait bien raison.

Ce dernier tome de la trilogie commence à Torquay, en 1815, où Mary Shelley pleure sa petite fille morte, se demandant quelle est sa faute.

Puis, nous la retrouverons en 1819, à Rome, suppliant John Polidori de l'aider, car son fils, le petit William, va mourir.

L'album va faire alors un petit retour en arrière, nous replongeant dans l'idylle qu'il y avait eu entre Mary et John, sur les bords du lac Léman et de la manière dont elle l'a humilié (Polidori a un gros kiki).

Et sa folie qui en a découlé, transformant Polidori en docteur Frankenstein et le poussant à commettre des meurtres pour tenter d'arriver à ses fins et faire revivre un mort. Ou d'inventer le premier vaccin en inoculant la variole de la vache à un être humain, afin qu'il soit immunisé pour cette maladie.

Les dessins de ce dernier album sont magnifiques, je suis restée scotchée sur la première case, celle avec la falaise, tant elle était réaliste, détaillés, comme une photographie. Autant les décors que les expressions des personnages sont soignées, dans cet album. Tout est extrêmement détaillé. Magnifiques !

Le scénario, lui, est plus complexe, il faut être bien attentif et suivre le déroulement de la chronologie, qui se permettra des retours en arrière pour nous éclairer sur les relations entre Shelley (Mary, son mari) et Polidori. Percy Shelley a quitté sa femme pour partir avec Mary, qui l'a trompée avec Polidori, mais Mary n'accepte pas que son époux voit d'autres femmes…

J'aurais dû relire les deux tomes précédents, afin de tout me remettre leurs événements en tête, car ce tome 3 fait le lien avec ses prédécesseurs, nous montrant le décès de Percy Shelley et comment le docteur Moreau est devenu celui qu'il est. Tout s'explique.

Évidemment, ceci n'est pas une vérité historique ! Les auteurs ont repris des personnages ayant existés pour les mélanger à des personnages de fiction, mais au moins, le récit est plausible et réaliste, même si, parfois, j'ai eu l'impression de me perdre dans le récit.

Un dernier album tout aussi gothique que les précédents. À découvrir, si vous aimez le genre (sans oublier de lire les deux précédents).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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En 1816, sur les bords du lac Leman, Mary Shelley passe l'été en compagnie du docteur Polidori et de lord Byron. A parler de galvanisée et d'électricité, elle va écrire son fameux roman Frankenstein.

Dernier tome du triptyque Maudit-sois-tu et l'on remonte encore un peu dans le temps avec ce fameux été qui créera le docteur Moreau du tome 2.
La bande dessinée alterne entre la vie émaillée de deuils de Mary Shelley, et le développement de la folie du docteur Polidori futur docteur Moreau. Mary Shelley est un personnage assez touchant surtout quand on aborde ses enfants. Polidori lui est parfois amoureux transi parfois savant fou sans éthique.
Avec beaucoup d'éléments historiques, cette histoire ne manque pas d'intérêt mais elle manque parfois de clarté.
Le dessin est beau mais dense et diminue un peu la lisibilité.
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3eme et dernier tome de cette trilogie qui nous raconte la naissance du docteur Moreau et son amour haine avec Mary Shelley. Nous sommes en 1816, Mary est attiré par le jeune docteur Politori, médecin de lord Byron. En l'observant, en l'écoutant, lui vient l'idée de son fameux roman, Frankenstein. Et la lecture de ce roman provoquera chez Politori l'envie d'aller plus loin, de défier Dieu, en créant lui même sa créature. Mais Mary se lasse et revient vers ses enfants et son mari. Ce rejet va le faire basculer dans la folie et l'entrainera dans une débauche d'expériences toujours plus douteuses dans sa quête de la création, jusqu'à la violence la plus extrème. Une histoire étonnante, mélant des personnages réels (Shelley, Darwin, Byron ...) et des purement littéraires (le docteur Moreau et Zaroff dans les deux tomes uivants). Un dessin vif et nerveux, sombre qui va à cette intrigue gothique. Bien fait.
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Pardonnez nos offenses

Philippe Pelaez referme son triptyque romantique et romanesque mêlant faits et personnages tirés de la littérature et de grands nom de la littérature qui ont marqué leur époque.

Le scénariste a construit son histoire autour du personnage de Mary Shelley, immortelle autrice de Frankenstein ou le Prométhée Moderne dont l'ombre plane sur l'album alors que de sulfureux scientifiques cherchent à poursuivre les expériences de Giovanni Aldini sur le galvanisme, faisant fi de toute morale pour parvenir à leurs fins. Alors qu'elle est ravagée par la perte de ses enfants, Mary ne voit pas que l'amour irraisonné que lui porte John Polidori allait faire de sa vie un champ de ruines…

Le formidable dessin de l'impressionnant Carlos Puerta sublime cette histoire qui tord la véracité historique pour accentuer la dramaturgie du récit et proposer une construction narrative aussi envoûtante que vertigineusement cohérente.

Maudit sois-tu est une oeuvre d'une grande richesse dont la structure chronologique atypique renforce l'intensité du propos de façon confondante en faisant remonter le lecteur aux origines du mal.
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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critiques presse (2)
BDGest
18 janvier 2022
Maudit sois-tu aborde astucieusement l’œuvre de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818). La narration à contre-courant provoque une descente de l’étrangeté contemporaine vers le réel du XIXe, voire du dépassement de « l’ordre naturel » vers la dévotion à Dieu. Contre-intuitif, malicieux et esthétique !
Lire la critique sur le site : BDGest
LigneClaire
17 janvier 2022
L’idée était à la fois intéressante et novatrice. En trois albums dont le dernier vient de sortir, Maudit sois-tu redonne un destin, l’explique à des maîtres du fantastique, personnages ou auteurs célèbres. Frankenstein, Mary Shelley, Zaroff, le docteur Moreau, Darwin, vont se croiser, se déchirer même dans une dramaturgie efficace même si parfois on flirte avec des trémolos exagérés.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Torquay, mai 1815. Quelle est ma faute ? J’ai rêvé ma fille, mon bébé, engloutissant mon sein, la jolie joue prolongeant le galbe de ma poitrine gonflée. J’ai rêvé son regard fixé sur le mien, ses grands yeux bleus comme hypnotisés, sondant le tréfond de mon âme sans un battement de cil. Pour elle, j’étais l’alpha et l’oméga, j’étais l’absolu, j’étais le tout. J’ai rêvé qu’elle était vivante. Quelle est ma faute ? Je me souviens de ce naufrage, l’année dernière. La mer du Nord vomissait les marins du Gottfried Mehn sur la côte de Whitby. Sa langue d’écume léchait les cadavres gonflés qui roulaient en crissant sur la grève. Parmi tous ces corps désarticulés, il y en avait un qui respirait encore. Un vieux matelot qui resta entre la vie et la mort plusieurs semaines durant. L’abîme se refusait à lui. Il respirait, mais ne bougeait plus. Son cœur battait, mais personne ne l’entendait. Et le docteur Cline, ce brave docteur Cline, le ramena à la vie par des frictions, des massages, il le ramena à la vie. Cet homme était vieux, mon enfant était pimpant. Ce marin était laid, mon bébé était un ange. Ce Lazare portait les péchés du monde, ma fille était l’innocence. Pourquoi est-elle morte ? Quelle est ma faute ?
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Dieu nous a donné la raison pour nous élever au-dessus des faibles, des lâches et des animaux. Et il a délégué une infirme partie de son pouvoir à ceux qui soignent, guérissent et sauvent. Comme Mithridate, il faut administrer le poison pour être immunisé. Les Grecs avaient ce mot, Pharmakon, qui désignait à la fois le poison et son remède. […] Oui, Mary. Il existe une forme moins virulente de la variole : la vaccine, que l’on retrouve chez les vaches. J’ai prélevé du pus d’une vésicule de vaccine sur le pis d’une vache du Yorkshire, puis je l’ai inoculé à un petit garçon de 8 ans. Le garçon fut pris d’une forte fièvre au bout de quelques jours et, une fois guéri, je luis ai administré sur le bras, la vraie variole. Cet enfant n’a jamais développé la maladie, contrairement à son petit frère qui en est mort l’année suivante. La frontière est ténue entre le médecin et le charlatan. Ils peuvent basculer à n’importe quel moment en dehors du champ de la science, et de la morale. Mais l’audace, Mary, est la ressource des plus grands médecins, des plus grands scientifiques. Être courageux, c’est se décider à affronter le danger. Être téméraire, c’est le braver. Mais être audacieux, c’est savoir le vaincre.
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Voyez-vous, mes amis, Betsy est une malheureuse à qui la vie n’a accordé que très peu de faveurs. Elle est obligée de faire commerce de son corps pour survivre. Quelle ironie d’être une fille de joie quand le destin ne nous réserve que tristesse. Je la soigne depuis longtemps. Je suis devenu son confident. Son confesseur même, depuis que j’entends les choses repoussantes que ses clients l’obligent à faire. Car elle est malade, voyez-vous. La syphilis, que peut-être vous connaissez sous le nom de vérole. Une maladie terrible reconnaissable par des éruptions cutanées… Un peu comme celles que vous avez derrière l’oreille droite, inspecteur. Ou des lésions sur les organes génitaux qui provoquent une certaine irritation que la friction adoucit à peine.
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Rien, ou si peu. Juste quelques ombres hésitantes et effrayées de s’être fait surprendre par l’obscurité et d’être déjà enveloppées d’un linceul de nuit. Quelques ombres aux mouvements désordonnés qui fugacent vainement mais cimetièrent à grands pas. Kas ! L’âme lutte mais elle n’a plus de prise sur le corps terrorisé. Elle ne peut le raisonner. Elle hurle silencieusement car elle sait maintenant qu’elle ne pourra jamais se détacher de cet amas de chair et de corruption. Que le corps court, court ! Il court à leur perte à tous les deux. Il n’coute plus, il n’entend rien. Il court. Elle qui aspirait à être vient de comprendre qu’elle ne sera pas car il est déjà trop tard.
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En êtes-vous sûre ? Vous étiez pourtant tous si imprégné de laudanum que vous ressembliez à des fantômes. Lord Byron, exalté, jouant avec la passion de votre sœur Claire Clarmont qui, enceinte de lui, le dévorait des yeux. Votre Percy, claustrophobe, oppressé, frénétique, qui avait préféré quitter la pièce. Et vous, Mary… Vous avez écouté mon histoire de vampire sans broncher, silencieuse. Je me suis demandé si vous m’écoutiez vraiment, d’ailleurs. Je me souviens de votre buste qui oscillait légèrement de droite à gauche. J’avais l’impression de vous hypnotiser, d’être le seul centre de votre intérêt. Et vous avez raconté votre histoire, votre Frankenstein. Quand Byron et Claire ont quitté la pièce, ce soir-là, je ne m’en étais toujours pas remis. Remis d’avoir été frappé par la foudre.
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