Un très beau petit livre.
L'auteur, qui vit depuis des décennies dans une maison campagnarde dans les collines entre Gênes et Alessandria, essaie dans ce bref opus de retrouver les impressions et sentiments éprouvés pendant la première année où elle y vécu. C'était le temps du retour à la nature, des sabots, des tresses et des jupes longues un peu hippies. Mais le jeune couple, ainsi que leur fils, s'est pris au jeu, a cultivé champ et potager, élevé poules, chèvres et cochons, s'est initié sérieusement à la vie rurale, et l'attrait des lieux a fait le reste, faisant naître un amour durable pour cette demeure tutélaire.
Si le thème du lien indissoluble entre la maison et l'auteur est déjà développé dans d'autres livres, ici on savoure une élégance d'expression, une finesse et une attention délicate aux sentiments fugitifs, un humour en demi-teinte, qui donnent tout son prix au recueil. Brèves notations, sensations raffinées mais authentiques, le texte se lit avec plaisir et on tombe sous le charme de ces souvenirs dépourvus de toute nostalgie, remémorés avec une grande tendresse et la distance souriante que donne l'expérience.
Bref un petit bijou, qui mériterait d'être traduit en français !
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Italien, non traduit;
Trente ans après son installation, Mavi pendibene évoque son amour pour cette maison, découverte en 1976, et l'évidence d'être arrivée "chez elle ".
L'auteur, professeur à Genova (Gênes) a quitté la ville et son confort pour la campagne et une maison vieille de cinq cents ans.
"Malgré l'inquiétude, j'ai une étrange sensation d'appartenance à ce lieu et à cette maison."
Mavi narre ses débuts, avec son petit garçon encore en Maternelle, son apprentissage de fermière ! Car elle ne se contente pas d'habiter le lieu, elle acquiert des animaux de ferme et cultive fruits et légumes.
Chaque jour c'est l'émerveillement face à sa capacité d'adaptation et face à la beauté de la nature environnante.
Sa conclusion:
"J'ai évoqué des faits sans nostalgie, sans le désir de les revivre, et mon histoire, vue du présent, s'est éloignée inexorablement, elle est devenue différente de moi.
Je ne suis plus protagoniste mais simple témoin.
Reste, indissoluble et profond, l'amour pour cette maison et pour ces lieux et la conscience, avec le temps, d'avoir fait le bon choix."
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Une librairie
Je m'en rappelle une à Gênes, rue du XX septembre.
Son apparence était habituelle, étagères reluisantes aux couvertures colorées, un libraire aimable, le silence brisé de temps à autre par le tintement de la caisse. Et puis il y avait l'escalier, un petit escalier de bois qui conduisait à l'étage du dessous : pour moi, c'était comme descendre au cœur de la terre.
Des milliers de vieux livres, couverts de poussière, s'entassaient sur des tréteaux, dans l'air le parfum des pages anciennes, quelques faibles ampoules rendaient cette atmosphère encore plus mystérieuse et fascinante.
p. 62
Nuit de neige
Je me demande si je me rappellerai un jour ce paysage et cette absence vertigineuse de sons.
J'aurai peut-être le souvenir de la colline blanchie, de la route sombre qui monte entre les arbres, des murs de neige qui barrent les sentiers et longent notre chemin, mais que restera-t-il du silence ? On se rappelle un son, un chant, une voix, mais le silence ne s'appuie sur rien, il échappe à notre mémoire, il se perd.
L'eau a gelé
Nous vivons dans une dimension oubliée, inconfortable, qui nous met face à des difficultés auxquelles nous n'aurions jamais pensé, et nous fait nous sentir forts, prêts à tout, comme si la maison nous mettait à l'épreuve, testait notre envie d'être ici.
Je commence à apprécier ce que j'ai toujours considéré comme un dû, pour le première fois, j'ai conscience de moi.
p. 40
Cette maison est devenue ma gloire, je fais la roue comme un paon chaque fois que quelqu'un s'arrête pour admirer la façade fleurie de glycine ou les petites roses jaunes qui pendentdu rebord des fenêtres.
Assise sur une pierre je pense à ceux qui ont habité cette maison, vu les hivers blancs de neige et le premier timide réveil du printemps. Et je pense à moi qui suis en train de vivre cette expérience extraordinaire, intense à effacer les peurs, tellement vraie que je me découvre à chaque instant.