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EAN : 9782021114096
608 pages
Seuil (29/04/2022)
4.17/5   9 notes
Résumé :
J’ai choisi, à Paris, douze lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants de mon existence. Chaque mois, je décris deux de ces lieux ; une première fois, sur place (dans un café ou dans la rue même) je décris « ce que je vois » de la manière la plus neutre possible, j’énumère les magasins, quelques détails d’architecture, quelques micro-événements (une voiture de pompiers qui passe, une dame qui attac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lieux est sans conteste d'un grand intérêt pour comprendre l'oeuvre de Georges Pérec, mais pas vraiment d'un grand intérêt littéraire, en ce qu'il fait surtout partie d'un nouveau défi que s'était lancé, comme il a toujours su si bien le faire, l'écrivain.

Défi plus qu'ambitieux, comme il le reconnaît lui-même dès le début du projet, de s'intéresser à douze lieux parisiens, pendant douze ans, avec à chaque fois deux postures bien différentes : un regard autobiographique porté sur ce lieu, en lien avec des souvenirs vécus, plus ou moins vagues ; un regard géographique, en un sens avec quelque chose de sociologique porté sur ce même lieu, en le décrivant simplement au fil des ans - ce qui a changé, ou pas, en ce lieu -.

Projet avorté, qui va lui-même décrire les raisons de l'échec au fil des ans et des pages, qui montre la difficulté de raconter douze lieux pendant douze ans - le projet s'arrête en effet bien avant terme, et est de plus en plus souvent falsifié par des descriptions n'ayant pas du tout eu lieu aux dates prévues : ainsi, alors que la partie "Souvenir" reste étoffée, la partie "Réel" est de plus en plus succincte, ne devenant plus qu'une série de listes d'immeubles, magasins, sans aucune comparaison faite d'une partie à l'autre.

J'ai apprécié découvrir ce projet, bien qu'inachevé, en ce qu'il apporte une pierre à l'édifice Pérec, mais il n'en reste pas moins parfois, et sans surprise, rébarbatif, de fait pas toujours facile à lire.
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De 1969 à 1975, Georges Perec se lance dans un vaste chantier (comme il en a souvent l'idée et l'habitude) qui est de décrire un lieu dans Paris, lieu qui est important pour lui, soit qu'il y a vécu, soit qu'il y passe souvent ou qu'il l'a largement fréquenté.
le but est de décrire l'endroit de visu, comme ses « tentatives d'épuisement d'un lieu » et d'écrire une version « souvenir » à n'importe quel autre endroit. Pour ne pas être tenté d'aller voir ce qu'il a déjà écrit, Perec s'est proposé d'enfermer tout cela dans des enveloppes scellées.
Pour le lecteur, c'est assez étrange. Jamais on n'a lu pareil ouvrage (en tout cas à ce que j'en sais) et très vite l'idée d'enquête se met en place. On regarde le plan de Paris inclus dans la très belle édition de la collection « librairie du XXIe siècle » des éditions du Seuil. On peut aussi consulter le fameux « carré latin d'ordre 12 » oú alternent « réel » et « souvenir ». On se promène dans Paris, du nord au sud, d'est en ouest et on peut comparer les souvenirs. Il m'est même arrivé d'utiliser un moteur de recherche célèbre pour avoir une vue de certains lieux de nos jours, à la recherche des indications que Perec a données il y a plus d'un demi-siècle. Forte a été -comme l'auteur l'a fait- de laisser tomber cette lecture en se disant « à quoi bon » ? Après tout ce sont les souvenirs personnels de Perec, des verres qu'il a bus ici et là avec tel ou tel, ses souvenirs d'enfance et ses amours contrariées. C'est le roman de sa vie. On touche l'homme tellement intimement qu'il en devient un personnage qui nous ressemble sous bien des aspects et le plus vrai étant cette paresse qui s'installe, ce chantier semble vite devenir un véritable pensum pour l'écrivain. Il prend du retard sur son programme, il a d'autres choses à faire, notamment prendre part à la réalisation d'un film sur « un homme qui dort », si bien qu'il craque cinq ans avant l'échéance qui devait être 1981, l'année 1973 ayant été gommée de « l'agenda » sur le carré latin de type 12.
Voyage dans l'espace et le temps, comment Paris a-t-il évolué dans cette décennie des années soixante-dix ? Ce sont des immeubles grand standing qui remplacent les vieilles bâtisses haussmanniennes, des boutiques qui disparaissent, le porno qui s'installe, et au passage, on note le nom de chanteurs et comédiens de l'époque via les colonnes Morris dans l'oeil de l'auteur qui liste les numéros de rue pour dire ce qui s'y trouve, un cordonnier, une poissonnerie, une boucherie chevaline… Il sera même pris à parti par une bignolle zélée qui lui dit que c'est illégal, bientôt soutenue par le reste du quartier présent. Prendre des notes dans la rue peut être un métier dangereux et surtout on n'aime pas trop les écrivains.
Comme toujours avec Perec, on se fait avoir par son acte créatif. Comme on s'embarque. On abandonne. Et puis on reprend le livre. Les souvenirs s'épuisent, ne laissent plus qu'une petite trace, un mot ou deux, le réel les remplace parfois douloureusement.
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"(...) il ne reste pas de trace des lieux que j'ai habités (ils n'ont pas gardé ma trace même si j'ai gardé la leur) ; j'ai choisi pour terre natale des lieux publics, des lieux communs. (...) Lieux d'enfance, faux lieux, non-lieux d'enfance (...)"

12 lieux, 12 ans. En 1969, Perec se lance dans une nouvelle expérience : décrire scrupuleusement une douzaine de lieux parisiens porteurs de sens (pour lui) puis évoquer les souvenirs personnels qui leur sont rattachés. Chaque mois -en suivant la combinaison contrainte d'un bi-carré latin d'ordre 12- l'écrivain enfermera dans des enveloppes scellées le fruit de ses perec/rinations. Une fois le projet achevé, l'ensemble devait former un objet biographique à la fois extime et intime.

Las, Perec n'ira pas jusqu'au bout : fatigué par l'exercice, il renoncera à ces sédiments mnésiques en 1975.

Les découvrir aujourd'hui, à l'état sauvage, est une expérience à la fois émouvante et gênante.

Gênante, car ces écrits perecquiens nous sont livrés bruts (sans préjuger de ce qu'aurait pu en faire le génial écrivain) et leur lecture en est ardue : prolifération de références (un corpus de notes impressionnant répond heureusement à nos interrogations), sécheresse voire insipidité du matériau, redondance évidente des images mémorielles... Cette tentative d'épuisement de ses "loci soli" par l'écrivain nous semble souvent bien vaine.

Émouvante, évidemment ! Parmi les passages les plus sensibles de ces "itinéraires analytiques" il y a ceux consacrés à l'Île Saint-Louis et à la rue Vilin. Dans les premiers, Perec déplore la fin de ses amours avec Suzanne Lipinska (elle habitait sur l'île). Son désarroi y est palpable : ses confessions impudiques sont celles d'un diariste et on pourra s'interroger sur ce qu'en aurait conservé le secret Georges. Dans les seconds, Perec fouille inlassablement son amnésie originelle, pistant, à travers les façades condamnées du vieux quartier de son enfance, les fantômes de ses parents. Nouvelle pierre blanche sur leur cénotaphe.

Finalement fascinants, ces télescopages temporels en appellent d'autres et le lecteur ne pourra que se prêter à la même expérience en inventoriant les lieux de sa propre histoire. Perec, hermétiste capital, nous incite ainsi, post-mortem, à tendre le ressort de notre mécanisme à souvenirs.

Conceptuel et attendrissant.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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critiques presse (10)
LaLibreBelgique
06 septembre 2022
C’est une grande pièce d’archéologie littéraire, jamais publiée jusqu’ici, que Le Seuil a pu exhumer et offrir aux lecteurs.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
05 mai 2022
Ce manuscrit inédit jusqu'à aujourd'hui, c'est un demi-siècle d'une histoire littéraire intimement liée à la vie de l'écrivain et à sa postérité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
05 mai 2022
Le projet inachevé, qui occupa l'écrivain de 1969 à 1975, paraît enfin. C'est une mine d'inventions et de souvenirs qui s'offre à nous.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
05 mai 2022
Ces souvenirs inédits de l'écrivain Georges Perec, collectés entre 1969 et 1975, révèlent une surprenante aventure littéraire en forme de capsule temporelle.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Bibliobs
04 mai 2022
Ce fut son projet le plus ambitieux. « Lieux » paraît enfin dans son intégralité. Et avec ce livre-labyrinthe, c'est Georges Perec qui nous revient, quarante ans après sa mort. Tendre et poignant.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesInrocks
04 mai 2022
Puzzle géant, “Lieux” était jusque-là resté dans l’ombre. L’auteur de “La Vie mode d’emploi” était décédé avant d’avoir pu le mettre en forme.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Lexpress
02 mai 2022
C'est un projet "monstre", fantasque, exaltant, mythique qu'imagine Georges Perec en juillet 1969 : décrire, pendant douze ans, 12 lieux parisiens (place, rue, carrefour), tous liés à un souvenir important ou à un événement marquant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
02 mai 2022
Ce projet littéraire inachevé voit le jour quarante ans après la mort de son auteur, Georges Perec : "Lieux", dont l'écriture s'est étalée sur douze ans. Une exploration de douze lieux parisiens dans laquelle le lecteur peut choisir son parcours de lecture.
Lire la critique sur le site : Culturebox
En ligne ou en bloc de 600 pages, ce monstre d'écrivain livre d'outre-tombe son carnet d'adresses intime.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LaPresse
29 avril 2022
Imposant volume que cette œuvre de l’auteur de La disparition, aux éditions du Seuil : 612 pages, une centaine d’illustrations couleur, 1,3 kg. Lieux est pourtant inachevé. Le projet, ambitieux, consistait à décrire 24 endroits de sa ville natale, Paris, deux par mois, pendant 12 ans. Soit 288 textes à la fin.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lieux
Mai 69
N° 9
Le passage Choiseul1
Réel

Lundi 26 mai2
16 h 10

Recopié 69 boulevard Beauséjour (chez Esther)3
Le 30 mai 1969 à 11 h 30

Arrivée en métro, station Quatre-Septembre, venant du Pont de Levallois (interview à Courbevoie).

Entrée par la rue de Choiseul :

à gauche

La Garopull4 » (fermé)
« Solea » chaussures
à droite

Café Bar
« A. Lecoq » (?)
Photo Ciné « Choiseul Kodak »
Bas Mouchoirs Fourrures « Verne »
à gauche

Parapluies « Marie-Louise »
« Les Bas Mireille »
Pédicure
à droite

Graveur Imprimeur « E. Boisnard »
« Maison fondée en 1825 par Thibous »
à gauche et à droite

« Papeterie du Bon Marché »
à gauche

Papeterie (suite)
à droite

« Parfumerie de Choiseul » Maison Deffau
à droite

« Offset Publicitaire et Commercial »
(Varityper5, IBM)
à gauche

« Au Tissage »
à droite Nos 69-71

Mercerie Rubans
à gauche

Pipes
« Kame Boutique » (tricots)
« Yvette Chaussures »
« Prêt-à-porter Morgane »
« Loisirs Livres » (on n’y voit pas La Disparition en devanture6)
à droite N° 67

« Maroquinerie Soldes Super Remises
Liquidation Totale » « Gaston Bled »
(le magasin est déjà fermé, l’intérieur
est déjà en démolition)
« Bouffes Parisiens » Quatre pièces sur jardin de Barillet [et] Grédy
N° 59

Parfumerie « Patricia »
Horloger bijoutier
55 « Pique-Puces » (vêtements) « Soldes »
gauche

Chapeaux (sans nom sur la façade)
58 « G. Bausat » « Ville et Sport » (tailleur)« Cl. Lavrut » « Dessin Matériel de Bureau »
(petit passage – passage Sainte-Anne – vers la BN)

droite

« Barlett Chaussures » (quatre boutiques)
gauche

50 « Mini Boutique » (vêtements)
48 Chaussures « Mireille »
46 Horlogerie Bijouterie « Demollières »
« La Gorgerette » (lingerie)
droite

Sortie
« Talon Minute »
39-41 « À la Confiance » « Nouveautés Utiles »
(surtout des cristaux)
35-37 « Cactus Bazar7 »
33 Circulaires Photocopies
gauche

38-40-42 « Catherine Harley8 » (3 boutiques dont une d’annexion toute récente)


36-34 « Le Jeune De Bridiers Successeurs » Jouets Mercerie


32 « Ridivoile » (Rideaux)


30-28 « Cover Girl Bazar »


26 « Pingouin Stemm » (lainages)
à droite

23 à 31 Boutiques à louer cinq arcades peintes en vert ; aux murs du papier imitant la pierre de taille ou la meulière
(ex. librairie « Lemerre »9)


21 Optique


19 « Éric Conseil » (immobilier)
à gauche

24 « Opéra Linge » (chemisier)


22-20 « Laure Lingerie »


12 à 18 « Barlett Chaussures »


10-8 « La Chemise de France »
à droite

15-17 « Groupement des Amateurs de
Théâtre Timy » (agence)


13 « Detreze Maroquinier » « Bail à céder
Soldes »


11 « Vitos » (lingerie)


7 et 9 en installation
5
3 } café
le 5 est en train d’être repeint en rouge bordeaux
1
à gauche

6 Gardien du passage
(remaillage ?)


4-2 « Madeleine Desfontaines Modiste »
Fin à 16 h 45
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Je dois faire confiance à mon oubli comme à ma mémoire, c'est-à-dire au temps. Chaque lieu choisi s'incruste. Ils ne me quittent plus. Je dois pourtant, d'une année sur l'autre, apprendre à les perdre et à les retrouver, oublier ce que j'en ai dit, savoir les surprendre, me surprendre.

Je ne sais pas très bien à quoi rime ce projet : fixer des instants intacts, les soumettre à l'épreuve du temps : perdre le temps retrouvė, figer sur une grille arbitraire mais nécessaire pourtant, des lieux, des époques, des instants, tous loin.
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Si j’essaie de m’interroger sur mon peu de goût pour les voyages (mais où est-il ce voyage ?), je peux d’abord répondre que les paysages et les panoramas sont les choses au monde les mieux partagés, que les monuments ne sont pas beaucoup plus, d’abord, que les cartes postales très agrandies, et qu’un être humain (a human being) ne se découvre qu’au terme d’un assez long chemin.
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Je ne veux pas oublier. Peut-être est-ce le noyau de tout ce livre : garder intact, répéter chaque année les mêmes souvenirs, évoquer les mêmes visages, les mêmes minuscules évènements, rassembler tout dans une mémoire souveraine, démentielle.
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Difficulté de se souvenir de la manière dont on a été habillé.
Faire l’histoire de ses vêtements comme on peut raconter l’histoire de ses meubles, des lieux où l’on a vécu, des femmes que l’on a longtemps aimées, des livres dans lesquels on s’est plongé tout entier pendant des semaines ou des mois (Volcano, Temps perdu, Leiris, Kafka, Cent ans de solitude, il n’y a pas tellement d’etc.) et qui évidemment constitutifs de ce que l’on devient.
Qu’est-ce que tu deviens ?
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