AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Chloé Billon (Traducteur)
EAN : 9791038702547
256 pages
Zulma (01/02/2024)
3.28/5   34 notes
Résumé :
Si seulement elle était née ailleurs, aux États-Unis ou en Scandinavie ! Elle aurait envoyé balader sa mère… Mais dans les Balkans, on n’échappe pas à sa famille. Résultat des courses, la voilà embarquée dans la vieille Golf déglinguée du cousin Stojan pour assister aux funérailles de tante Stana. Sauf que rien ne se passe comme prévu, entre tonton Loir accroché à sa bouteille d’eau-de-vie, la Popesse, fausse dévote au regard diabolique, et Mileva qui tire à boulets... >Voir plus
Que lire après Dans le fosséVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Elle espère être rentrée de l'enterrement de tante Stana avant le début de sa série policière préférée. Elle croit naïvement que tout va se dérouler selon un programme bien établi, mais c'est bien méconnaître sa famille.

Sladjana Nina Perković nous offre une histoire rocambolesque, un road trip à travers la Bosnie complètement déjanté. Des personnages truculents, des situations invraisemblables, une bonne dose d'humour noir, un premier roman jubilatoire. Un portrait extravagant d'une famille bosniaque où il n'y en a pas un pour rattraper l'autre : tous sont fêlés ! Mais c'est aussi pour l'auteure dans cette farce de dénoncer les travers d'un pays ; le manque d'infrastructures, la bureaucratie, la corruption généralisée, le poids des traditions et notamment celui de la religion, le patriarcat et l'alcoolisme endémique.
Un moment de détente qui fait du bien.
Commenter  J’apprécie          370
Quand nous rencontrons la narratrice, elle est dans le fossé. Comment ? Pourquoi ? C'est ce que nous découvrirons dans ce qu'elle nous raconte ensuite, revenant sur les mésaventures qui l'ont menée là, alors qu'elle se rendait simplement à l'enterrement de la tante Stana pour représenter la famille, en remplacement de sa mère, brouillée avec sa soeur, et qui ne veut surtout pas la croiser.

De cette narratrice, nous ne connaîtrons que peu de choses personnelles, sinon qu'elle vivote depuis la fin de la guerre en Yougoslavie, dans sa Bosnie natale, toujours chez sa mère, bousculée par elle pour qu'elle se secoue un peu les puces, plutôt en vain... Alors cette obligation familiale ne la rend pas jouasse, les conditions dans lesquelles elle va se produire non plus, et encore, elle n'en connaît pas les conséquences !

A travers cette narratrice, paradoxalement rapprochée de nous par l'utilisation de la première personne, mais en même temps universalisée par le flou entretenu autour de son individualité, qui en fait d'elle comme une jeune bosniaque type, nous est décrite sans fard la Bosnie après guerre, dans ses non-dits, qui transpirent dans chaque geste, chaque parole, dans sa culture, qu'elle tente de conserver, dans son désir de recommencer à avancer, malgré les aléas de la vie et d'une société corrompue, qui prennent d'ailleurs un tour tragi-comique au fil du récit.

Car ce roman nous décrit en fait la Bosnie par l'intermédiaire d'un ton pince-sans-rire, très mordant, qui fait preuve de beaucoup de dérision, un ton que j'ai déjà pu lire chez nombre d'auteur.e.s des Balkans, comme si cela faisait, finalement, partie de leur vision du monde, du moins de la façon dont elles ou ils souhaitent transmettre leur vision du monde et de ce qui les entoure. Ainsi, le grotesque prend vite le pas sur le sérieux, le picaresque sur le récit d'apprentissage, la vie déjantée sur la mort burlesque, la gaieté et la fraîcheur sur la solennité attendue, finalement très rapidement déjouée, avec brio, par l'autrice.

Une excellente découverte, comme souvent avec les éditions Zulma, que je remercie de m'avoir permis de lire ce premier roman de Sladjana Nina Perkovic, en lien avec une Masse Critique Babelio.
Commenter  J’apprécie          270
Ce roman se déroule en Bosnie, dans un milieu populaire encore meurtri par la guerre civile. Mandatée par ses parents pour assister à la sépulture d'une vieille tante et surtout pour éviter une spoliation de l'héritage, la jeune narratrice monte dans la voiture de son cousin pour un voyage dantesque. Sur place, en pleine campagne et sous un déluge de pluie, elle est entraînée dans un tourbillon de folie où tous les acteurs font leur possible pour perturber la cérémonie.
Si la première partie est consacrée à la préparation et au déroulement de la sépulture, la seconde traite de la tentative de suicide du veuf qu'il convient d'empêcher pour préserver la valeur de l'héritage.
Animée par une galerie de personnages loufoques et traversée d'amusantes histoires, cette hilarante farce littéraire bosnienne stigmatise les désordres d'une société bureaucratique incapable de gérer le quotidien de ses administrés. L'auteur y fustige aussi bien l'administration locale que la corruption des forces de l'ordre ou l'anarchie qui prévaut dans les hôpitaux ou les cimetières bosniaques.
Commenter  J’apprécie          240
Il y a quelque chose de très slave dans l'enchaînement des situations de Dans le fossé de Sladjana Nina Perkovic. La référence ultime en la matière pourrait être le Kusturica de la grande époque, très à l'aise pour installer un foutoir inextricable, agrémenté de personnages hauts en couleur. le premier roman de l'autrice bosnienne est de cette veine là, même sans images, car son style très visuel s'impose à nos yeux ébahis, notamment dans plusieurs scènes totalement dingues dont celles, inénarrables, du cimetière. La jeune narratrice, globalement passive et atterrée par ce qu'elle voit, dans le capharnaüm ambiant, semble être la seule personne équilibrée de cet aréopage délirant mais il ne faut peut-être pas vraiment s'y fier. Quoi qu'il en soit, dans cette chronique familiale loufoque transparaît en arrière-plan un portrait acide du fonctionnement chaotique de la société bosnienne d'après-guerre, dans un pays où les routes de campagne sont défoncées, où l'alcool sert de médicament à la dépression et où l'avenir semble pour désespérément bouché pour le commun des citoyens, à moins d'appartenir à une caste de privilégiés. Gorgé d'humour noir et méchant, Dans le fossé avance à un rythme rapide où l'on ne s'étonne plus de rien, y compris de l'atmosphère horrifique qui règne dans les toutes dernières pages du livre. de temps à autre, Sladjana Nina Perkovic s'adresse directement au lecteur comme pour s'excuser du côté dérisoire de son intrigue et des errements de ses pitoyables personnages. Tout est parfaitement en place pour nous divertir comme le faisait en son temps, dans une manière pas si dissemblable, Arto Paasilinna. La seule chose que la romancière rate, sans doute, est son dénouement, qui ne ressemble à rien. Mais dans un récit volontairement sans queue ni tête, quoique maîtrisé, en fin de compte, la conclusion pouvait-elle être rationnelle et raisonnable ?
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
Commenter  J’apprécie          113
L'autrice enchaîne les événements comiques, proches du grotesque, avec des descriptions très visuelles et des apostrophes réussies de la narratrice au lectorat. de nombreux détails finissent par brosser un tableau désabusé de la Bosnie actuelle : infrastructures délabrées et services publics exsangues, police corrompue, chômage, marché noir…
L'apathie de la narratrice, qui rêve de pouvoir rester sous sa couette à regarder des séries policières évoque sans aucun doute une génération désenchantée, sans perspective d'avenir dans son pays et qui ne parvient littéralement pas à se faire entendre. Je n'ai toutefois pas compris le « délire paranoïaque » de la narratrice à la fin du roman et j'ai tendance à le mettre sur le compte de difficultés pour l'autrice à conclure son histoire.
En résumé, cette écrivaine me semble prometteuse, mais ce (premier) roman m'a laissée sur ma faim. Je m'attendais à davantage de rythme et j'aurais aimé des portraits plus fouillés des différents membres de la famille.
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (3)
LeMonde
04 mars 2024
Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre : tous des fêlés, des piqués, des détraqués, les personnages de Sladjana Nina Perkovic. L’éventail va de la douce dinguerie à la folie furieuse. Mais tous ont ce petit grain qui fait leur charme – et ­celui de ce premier roman aussi déjanté que maîtrisé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeSoir
20 février 2024
Le rire n’est qu’en surface dans le premier roman de Sladjana Nina Perković, qui dresse un tableau haut en couleur, et noir à la fois, de la Bosnie d’après la guerre.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Actualitte
03 janvier 2024
"Dans le Fossé" est une exploration introspective et critique de la société bosniaque contemporaine, offrant une perspective unique et souvent négligée dans la littérature moderne.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si j’étais par le plus grand des hasards née aux États-Unis, je leur ferais à tous un doigt d’honneur, j’enfourcherais ma moto, et je m’élancerais vers le soleil couchant, sur une route s’étirant en une infi- nie ligne droite. Ou, si j’avais eu la chance d’être scandinave, je tournerais les talons, harnacherais mes rennes et partirais vers le nord, vers le pays des neiges et des glaces éternelles. Là où la seule rencontre que l’on peut faire, c’est éventuellement un ours polaire ou un renard arctique. Au Japon, je me barricaderais dans ma chambre. J’ai regardé un documentaire sur les jeunes Japonais qui ont trouvé ce moyen de se soustraire aux conventions sociales qu’on leur impose. Cet état a même un nom, mais je l’ai oublié. Quoi qu’il en soit, tout cela est bien beau et bon, mais dans mon cas, complètement inconcevable. Et comment pourrait-il en être autrement ?! L’action de cette his- toire se déroule en Bosnie.
Si vous êtes peu ou prou au fait de la situation en Bosnie, alors, vous comprendrez que faire un doigt d’honneur et tourner les talons ne sert pas à grand-chose.
Commenter  J’apprécie          60
Les gens ne se sentent jamais aussi vivants qu’après un enterrement, à condition, bien entendu, que le défunt n’ait pas été un être trop proche ou trop cher. Ils ont tous dans un coin de la tête le fait que la prochaine fois, ça pourrait bien être leur tour.
Commenter  J’apprécie          130
Je compris à quel point il était stupide d’attendre de mon père qu’il aille à l’enterrement de sa tante. Ou à n’importe quel enterrement. Je ne pouvais même pas me l’imaginer se montrer à ses propres funérailles.
Commenter  J’apprécie          120
La seule chose dont l’homme doit avoir peur, c’est des hommes. Un chien ne mordra jamais sans raison. Alors qu’un homme, oui .
Commenter  J’apprécie          190
Je pense même que c’était ce que maman espérait, pour pouvoir ensuite entrer en scène et faire tout un scandale. Les situations conflictuelles, c’était sa nourriture spirituelle.
Commenter  J’apprécie          130

autres livres classés : bosnieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (124) Voir plus



Quiz Voir plus

Harry Potter pour les nuls (niveau facile)

Combien de tomes contient la série Harry Potter

6
7
8
9

7 questions
16998 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..