Epicurien invétéré, Lars Martin Johansson, ex-chef de la police suédoise aujourd'hui à la retraite, est victime d'un AVC qui le cloue sur un lit d'hôpital. Par une des soignantes, il apprend que l'enquête sur un crime non résolu et vieux de vingt-cinq ans pourrait être relancée. Aidé d'un ancien collègue, il se replonge sur le cas de cette fillette de neuf ans violée et assassinée mais dont l'enquête officielle a été bâclée par un flic incompétent. A partir de quelques indices recueillis sur place et des documents et interrogatoires de l'époque, Lars Martin reprend à son compte les investigations. Entre deux séances de rééducation, parfois inquiet de son état de santé générale mais soutenu par deux « garde-malades » plutôt dynamiques, il progresse grâce à un sens aigu de l'observation et de la déduction qui laissent espérer un dénouement positif.
Ce roman suédois est un petit bijou littéraire qui allie une intrigue pour le moins originale, un personnage principal particulièrement attachant, une narration fluide et des dialogues savoureux.
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C'est le récit d'une enquête policière hors norme. Hors norme d'abord parce que l'enquêteur principal - Lars Martin Johansson - ancien haut gradé de la police, maintenant à la retraite, commence l'enquête sur son lit d'hôpital. Il va la poursuivre de chez lui, mais pas franchement guéri, "poitrine oppressée, respiration pénible et mal de tête opiniâtre". Hors norme aussi, parce qu'il s'agit d'un cold case, vieux de 25 ans dont l'enquête à l'époque a été sabotée par un inspecteur incompétent. Mais "on fait avec ce qu'on a" aime à répéter Johansson. Hors norme enfin, parce qu'il va enquêter tout seul, juste assisté par un camarade de promo, Jarnebring, et par son beau-frère, Alf. Et ce, sans aucune aide notable des services de police autre que la transmission de vieux dossiers et une analyse ADN.
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Et voilà donc Johansson reprenant l'enquête du meurtre d'une fillette de neuf ans - Yasmine - avec quelques indices, les dossiers de l'affaire et surtout son expérience de super flic. Et ça commence fort avec la probable découverte du lieu du crime (jamais identifié) avec juste trois indices : une plume, un fil et une barrette de cheveux. Reste maintenant à trouver l'assassin. Certainement plus difficile. "Tu crois qu'on peut résoudre une enquête sur un meurtre commis il y a vingt-cinq ans sur un canapé?" demande Johansson à Jarnebring. La suite va nous montrer si c'est possible.
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C'est un roman policier écrit en 2010, une époque où la construction d'un roman policier était souvent linéaire, une époque où l'on faisait moins dans le spectaculaire, mais plus dans la qualité du travail d'enquête. Faire fonctionner ses petites cellules grises aurait dit Poirot. Leif G. Persson a un style tout à fait particulier. de nombreuses phrases des protagonistes, lors des dialogues, sont suivies des pensées qu'ils ont au moment où ils prononcent lesdites phrases. Ainsi "- Tu as sûrement entendu parler de l'affaire - Ça ne me dit rien, vas-y (Quelqu'un a dû m'effacer complètement la tête)." Cette technique d'écriture engendre une proximité avec les protagonistes, dont on partage ainsi les pensées. Ces pensées sont souvent teintées d'humour, ce qui allège un peu le récit qui est plombé par la convalescence difficile et omniprésente du héros. Au final, c'est un roman sérieux, attachant, mais qui risque de lasser les amateurs d'actions fortes et de rebondissements.
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Un beau défi pour cet ex-inspecteur bourru à souhait qui, depuis son lit d’hôpital, va tâcher d’y remédier. Encore quatre mots : on a beaucoup aimé.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
- S'il y a un type de crime qui nous révolte tous, c'est bien les agressions sexuelles sur les enfants. Nous sommes tous parents.
- Je suis d'accord avec toi. (Le pire cauchemar d'un parent).
- J'ai trouvé pas mal de trucs intéressants. Sais-tu par exemple combien de pédophiles ont été assassinés l'année dernière aux États-Unis?
- Non.
- Environ trois cents. Les chiffres proviennent du FBI, au cas où tu te poserais la question. A priori, c'est du solide. Ces crimes portent désormais un nom aux États-Unis : pedophile-victim-related-murders. Plus de trois cents l'année dernière. Tu sais combien ont été élucidés? C'est-à-dire ont donné lieu à des poursuites judiciaires?
- Non.
- Trois.
– Hé ho, chef ! Réveille-toi ! Nous sommes des enfants de banlieue nés dans les années quatre-vingt. Tu crois qu’on a grandi dans des familles nucléaires idéales ? Quand je suis entrée au collège, dans ma classe, sur plus de trente enfants, trois habitaient encore avec leurs deux parents. On ne vivait pas dans des lofts au centre-ville, avec des vieux bourrés de fric. Toi et moi, on ne vit pas sur la même planète.
– Oui, dit Johansson, qui pensait à ses enfants et à ses petits-enfants. Eux, au moins, ils ne sont pas concernés. Ils sont sur la même planète que moi.
- Je l'ai en suédois aussi, si ça t'intéresse : Le juge et son bourreau. Friedrich Dürrenmatt, l'auteur était suisse. Écrivain et peintre. Il est mort il y a vingt ans. Très bon écrivain et très bon peintre, insista Johansson qui aimait que les êtres qui peuplaient sa vie soient correctement catalogués, même ceux qu'il ne connaissait pas personnellement.
- Je lis rarement des livres. Mon temps libre, je le passe devant l'ordinateur.
- Lire un livre, ça ne fait pas de mal, crois-moi. S'il est mauvais, poubelle. S'il est bon, il donne à réfléchir. S'il est très bon, il peut carrément rendre meilleur. Celui-ci, figure-toi, je l'ai lu plusieurs fois.
Lire un livre, ça ne fait jamais de mal, crois moi. S'il est bon, il donne à réfléchir. S'il est très bon, il peut carrément rendre meilleur.
Erik Persson at Rencontres exobiologiques pour doctorants