L'auteur chante le monde, la nature, les éléments et surtout les bords de mer, qu'ils soient écossais, bretons, canadiens... Il encense tous les lieux dans lequel la quintessence du monde prend vie. L'auteur cherche à se fondre dans les éléments pour ne plus faire qu'un avec le monde. Accéder à une compréhension intuitive.
- Un chant mélodieux inoubliable qui nous enjoint à mieux observer ce qui nous entoure pour nous éloigner des contingences matérielles et, enfin, flirter avec le spirituel...
- La dimension écologique n'est pas absente de ces pages :
"Colloque à la Hague :
"En 1900 l'Himalaya avait 10 000 glaciers
à présent 2000 de moins
au cours du dernier siècle et demi
la masse glaciaire des Alpes s'est réduite de moitié
les glaciers de l'Alaska
ont diminué de vingt pour cent ces cinquante dernières années."
ils disent que le planète se réchauffe
ils prévoient des tempêtes et des inondations
de nombreuses terres basses vont disparaître
assis en ce lieu
sur un promontoire rocheux de l'Europe
je regarde passer les nuages
et j'écoute la rumeur de la mer." (Deux lettres de montagne)
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Le livre que j'emporte avec moi partout, j'adore l'écriture de Kenneth. Je l'ai rencontré plusieurs fois aux Ecaussinnes, il était copain avec un amis et a vécu plusieurs jours chez lui. Sa lecture est plein de vie et de rencontre.
A lire.......
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Les anthologies, c'est toujours un peu comme un buffet froid, on se sert un peu plus que de raison et cela ne tiens pas au corps comme un solide repas. Quelques belles pages à déguster:- bois d'hiver, la vallée des bouleaux.
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« Je suis las de lieux
Où l’homme se donne en spectacle
J’ai assez vu le théâtre humain
Les gesticulations de ses pantins
Toutes leurs petites histoires
Ce qui m’intéresse à présent
Ce sont les champs silencieux
Qui s’étendent alentour
Les mouvements de la mer
Le ciel semé d’étoiles
Le rapport entre mon corps et l’univers
Entre les nébuleuses et mon cerveau. » (Le testament d’Ovide)
Bois d’hiver
J’ai mis les livres de côté
et je vois les dernières pommes
tomber des arbres gelés
j’ai vu aussi les glands darder
leurs pousses rouges
dans le sol dur
et l’écorce des bouleaux blancs
fut pour moi plus que tous les livres
et ce que là je lus
dénuda mon cœur au soleil d’hiver
et ouvrit ma cervelle au vent
et tout à coup
tout à coup je sus dans ce bois d’hiver
que j’avais toujours été là
avant les livres
comme après les livres
il y aura un bois d’hiver
et mon cœur nu
et ma cervelle ouverte au vent.
l'homme a besoin d'arrimer son savoir
mais il lui faut un espace vide
dans lequel se mouvoir
je vivais et marchais
comme jamais encore
devenais un peu plus qu'humain
connaissais une plus large identité
les traces du caribou sur la neige
le vol des oies sauvages
l'érable rouge à l'automne
mordu par le gel
tout cela me devint plus réel
plus réellement moi
que mon nom même
[Labrador]
Le manifeste chaoticiste
Vague, vent, aile
plonge
vite
jeu antijeu
idées - énergies
bleue, jaune, blanche
la lumière
change
nul savoir, Monsieur
être là seulement
en dehors de
ce que tu étais
cet espace
plein d'évènements
pratique originaire
quoi ?
mots sans langage
syntaxe fragmentaire
et pourtant cohérence
poème - chaos
ceci
qui vient
ereignis
hah !
regarde, écoute
aile blanche
toit rouge
l'écriture, la chose sûre
a chose vue, entendue
la chose pensée
élevée
vers ce qui n'est pas
métaphysique
mais claritas
le bel aujourd'hui
ils sont tous là
les penseurs
ceux de l'Anfang
ils se tordent dans le varech
volent dans la lumière
voyagent avec le vent
rassemblement
colloque de la côte
vers e poème pluriel
choeur
coruscations
( et le Chinois où est-il ?
là-haut sur la colline
dévalant vers la mer
fong chouei)
ce jour
sorti de l'histoire
le crayon
est taillé
l'oeil
lavé
la main confirmée
pas de restes
économie de la présence
ici ceci espace dégagé
pas de schèmes
anarchique
et pourtant archaïque
(anarchie archaïque -
le plus beau des paradoxes)
Pélage
émerge d'un buisson de houx lumineux
Erigene
se promène sur la plage
sunt lumina
l'esprit
s'inspire
le paysage
s'éclaire
le paysage de l'esprit
existe
(nulle raison, nulle angoisse)
qui quoi
sans pourquoi
et les questions
sont fraîches
comme le cri
de la mouette sur le promontoire
kiia! kiia!
kiia! kiia!
un rire dans la gorge
un rire nouveau
(citations, citations
chez elles dans cette topographie
au-delà des nations)
blancheur
voilà le sens
mais blancheur écrite
comme l'écorce du bouleau
comme la crête de la vague
lignes et bruits
original
(nul modèle, nul idéal)
éventuel
rien ne manque
et ce corps-esprit
peut tout dire
de toutes les manières
tous les chemins
mènent ici
le ciel s'est brisé
et la terre
dans la mer lavée
est diamant tout entière.
pp 182-186
Cent jours passés
par les grèves et les montagnes
à l'affût
du héron et du cormoran
puis écrire ceci
à la lisière du monde
dans un silence devenu
une seconde nature
et connaître à la fin
dedans le crâne, dedans les os
le sentier du vide.
[Lettre à un vieux calligraphe]