Eté 1945, château en bord de mer. Un jeune précepteur énigmatique et fascinant vient semer le trouble dans la famille Rivière.
Tout juste réédité, le premier livre de
Maurice Pons, lu d'une traite.
Partage d'enthousiasme, obligé, pour un livre qui mérite des lecteurs.
Merveille de narration elliptique (ou, l'art de tout dire dans les non-dits).
Merveille de finesse psychologique (ou, les personnalités rendues palpables par le regard innocent d'Hervé, élève appliqué, adolescent à l'aune frémissant de sa sensualité, narrateur qui décrit beaucoup mieux qu'il ne comprend).
On devine dès le début que ce jeune professeur bien toiletté, venu de la capitale, dupe tout son monde, qu'il change de visage comme de chemise, dès lors la question est, que recouvre cette duperie?
... Bonheur de se laisser captiver, tenir en haleine par la crispante appréhension de la découverte à venir, celle du "secret derrière la porte" de ce petit phénomène de basse-cour, tombé du ciel comme de nulle part, auréolé de son propre discours ; joli coeur faisant soupirer le poulailler ; glosotateur né, acteur raffiné, impertinent supérieur, nanti qui aime se faire choyer ; insupportable (pour le lecteur), insupportablement attachant... oui mais, qu'à cela ne tienne, les pages défilent... les indices s'accumulent... le non-dit devient CRIANT, la page va bientôt déborder...
Les scènes de fin feraient les délices du scénariste qui aurait la bonne idée de s'en emparer.
Occasion de se remettre un peu (et il ne faut ici rien en dire) dans la perspective d'époque.
Merci à
François Angelier pour sa recommandation.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-regard-culturel/le-regard-culturel-chronique-du-jeudi-18-avril-2024-4110058
... à
Christian Bourgois pour cette ressortie.
Lu dans la foulée : "
Rosa", farce singulière, autre texte de jeunesse. En postface, Pons nous dit que :
Pour moi [...] qui écris assez peu — c'est le moins que je puisse dire ! —, rien ne me semble plus réconfortant que de voir mes premiers ouvrages appréciés encore et réédités, année après année. C'est la meilleure façon de les empêcher de mourir, c'est ma façon à moi de ne pas vieillir, de retrouver, avec des générations de nouveaux lecteurs, la fervente espérance du débutant, que, comme tout écrivain, j'ai bien dû commencer par être. [...]
Par ce livre je découvre Pons.
D'une réédition l'autre, je m'attaque aux Saisons.