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Pierre Demarty (Traducteur)
EAN : 9782246756415
400 pages
Grasset (01/02/2011)
3.27/5   122 notes
Résumé :
Onze histoires croisées racontant les mésaventures hilarantes de personnages pathétiques, incompétents et abonnés à l’infortune. Tous gravitent autour d’un journal anonyme et farfelu basé à Rome. Par exemple, Lloyd Burko, vieux correspondant à Paris, est au bout du rouleau et prêt à tout pour vendre un article, Winston Cheung, un pigiste débutant, est vampirisé par un reporter.
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,27

sur 122 notes
Les Imperfectionnistes m'a été chaudement recommandé par mon libraire qui, une fois de plus, a eu raison de le faire (aussi éclectiques soient-ils, il connaît bien mes goûts... peut-être le signe que j'y vais trop souvent; fermons la parenthèse).

Sous la forme de portraits successifs, Tom Rachman raconte la vie de onze intervenants dans la vie d'un quotidien international de langue anglaise, sis à Rome. Entre, s'intercale le récit du journal proprement dit depuis sa création par l'homme d'affaires américain Cyrus Ott et sa gestion et son maintien en dents de scie par ses successeurs.

Dans la galerie des employés, on trouve un correspondant à Paris au bout du rouleau, le rédacteur de la rubrique nécrologique face à un drame personnel qui le métamorphose du tout au tout, une rédactrice en chef ambitieuse, dynamique et autoritaire, un pigiste néophyte au Caire qui ne connaît rien au journalisme, est diplômé de primatologie, ne parle pas arabe et se retrouve aux prises avec un vieux routard du reportage sans gêne et horripilant au possible. Et d'autres, DRH chargée de faire tomber les têtes par mesure d'économie, une fidèle lectrice qui lit le journal avec tellement de méticulosité que fin 2006, elle en est au 23 avril 1994 et découvre les massacres au Rwanda...
Si l'auteur met une touche d'ironie dans la plupart de ses portraits, c'est surtout l'amertume qui reste en bouche en fin de lecture. Amertume de vies consacrées à faire vivre ce petit journal, parfois au détriment de son couple, désillusion des années défilant, amertume d'ouvrir les yeux sur certains aspects de son existence qu'il aurait mieux valu ne pas voir. Parfois la lucidité, même recherchée, voire exigée, fait plus souffrir qu'autre chose.

Sans tomber dans une sinistrose intégrale - merci le zeste d'ironie et la présence de quelques scènes cocasses - Les Imperfectionnistes n'est pas pour autant un livre qui ravigote un moral en berne. Ce qui n'empêche la qualité de narration et le talent de l'auteur à brosser des portraits crédibles et tous incarnés. C'est également un demi-siècle d'histoire du journalisme à travers ce petit quotidien, avec tous les bouleversements survenus dans le métier. A commencer par les changements technologiques : passage de la machine à écrire à l'ordinateur, concurrence de la télévision et des chaînes d'infos en continu, énorme claque avec l'arrivée d'Internet et la question digne d'Hamlet : être ou ne pas être sur le Net?
C'est aussi la vie au jour le jour du journalisme : rédaction, corrections, bouclage, impression, recherche d'un bon sujet ou - Graal - d'un scoop, les complaintes financières, etc.

En conclusion, ce roman est une réussite, se maintenant un équilibre tout du long. On s'attache aux personnages en observant leur face publique / face cachée, leur mesquinerie, leur pathétique, leurs failles et leur tendresse. Pas toujours très gai mais à l'image de la vie qui est rarement un chemin parsemé de pétales de roses.
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Passionnante cette chronique sur le journalisme. Quel joli livre tissé de grandeur et de petitesse.

11 petites histoires qui s'entrecroisent et se complètent narrant les vies de 11 personnages. 11 petites briques pour cimenter 50 années d'existence d'un quotidien international basé à Rome.

Tom Rachman, journaliste lui-même et ayant travaillé à "l'International Herald Tribune" à Paris sait de quoi il parle quand il nous conte l'épopée de ce journal.
Et si le début est un peu abscons et laborieux, au fur et à mesure que se déroulent les récits, le lecteur est happé dans un microcosme passionnant où se joue les drames de la comédie humaine.
Et on applaudit des deux mains, et on se réjouit et on en redemande.

Chacun des 11 chapitres nous laisse entendre une voix des contributeurs dudit quotidien. On regrettera qu'il n'y en ait pas 22 ou 33 pour pouvoir les entendre plus longtemps ces voix tant les personnages, même les plus infects, sont attachants. Tant on veut connaître la suite. Tant on se projette dans certaines tranches de vie.

En filigrane, Rachman nous conte les décennies de création, de grandeur et de décadence de ce quotidien confronté aux évolutions de son époque. Très actuel, tant la presse, notamment la quotidienne, n'a toujours pas trouvé son modèle économique moderne. Et on peut imaginer que les situations décrites dans ce roman résonnent dans de nombreuses salles de rédaction.

Parfois triste, parfois lumineux, un peu sordide, quelquefois amusant, souvent pathétique, ce roman ne laisse pas indifférent tant ses voix sont multiples. Et belles finalement. Des voix qui luttent, des voix qui souffrent, des voix qui blessent, des voix qui hurlent, des voix qui pleurent, des voix qui s'élèvent, des voix qui aiment, des voix qui trahissent...

De l'absurde, de l'humour, de la détresse, de la joie, de l'amour. Bref la vie, la vraie, la belle, la grande, la petite, la perfide, la magnifique. 3,5/5
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Cela avait pourtant bien démarré!
Le style est plutôt original avec un format à mi chemin entre les nouvelles et le roman choral.
Certains personnages sont extrêmement bien développés constituant des chapitres plutôt drôles et cyniques, un peu à l'image de l'humour british pure souche.

La dynamique de la branche journalistique avec sa concurrence, ses coups bas, ses jeux de pouvoir et d'opportunisme est bien exploitée.
L'auteur aborde le passage au numérique et l'arrivée des infos via les réseaux sociaux, menaçant ainsi la survie de la presse écrite.

J'ai abandonné cette lecture à la moitié, car les histoires mêlées finissent par s'essouffler et devenir très inégales.

L'attrait initial du brassage de personnages dans les histoires communes finit par devenir un tantinet lassant et cela traîne en longueur sans en apporter un intérêt à l'ensemble.
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Scotché !
J'ai découvert par surprise ce roman déjà un peu ancien (2010) et j'ai été bluffé. Il est très original par son sujet, une vrai réflexion sur la presse écrite et son destin, et par sa forme. Il s'agit en effet non pas d'un roman choral traditionnel comme il s 'en publie tant. Non, il y de longs chapitres consacré à chaque fois à un personnage d'un même journal, le rédacteur en chef, le correcteur, un correspondant permanent...Et ces personnages n'ont le droit qu'à un chapitre, mais on retrouve souvent ces personnages au détour d'un autre chapitre. Et surtout, là où c'est très fort, c'est que chaque chapitre constitue une vraie nouvelle. Et elles sont remarquables, d'une grande force. C'est à chaque fois très profond, et toujours surprenant. On pourrait les lire seules sans problème et ce serait déjà passionnant.
J'ai oublié de dire que le journal,autour duquel se déroule ce roman est une sorte de pendant au International Herald Tribune. L'action se situe à Rome ce roman combine à la fois un certain charme anglo-saxon et un charme romain certain.
Au fond ce à quoi cela peut assez faire penser c'est au cinéma italien et à ces chefs-d'oeuvre des années 1960 comme les Monstres ou les Nouveaux monstres, de courts métrages à l'intérieur d'un même film, unis par une certaine vision de l'humanité, de l'humour et une belle profondeur...
En revanche pour la comparaison avec Tom Wolfe (dixit la 4ème de couverture), le journaliste devait avoir fumé la moquette. Pour moi, rien à voir. Mais dans un tout autre style, voici un livre remarquable.
Etonnant que les éditeurs français n'aient pas publié (sauf un) ses autres ouvrages...
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Ce premier roman retrace l'histoire d'un quotidien international, rédigé en anglais et créé à Rome en 1953, pour les beaux yeux de Betty, l'amour secret du fondateur. L'évolution historique de l'entreprise au cours des cinquante dernières années s'intercale avec le portrait de 11 des acteurs de cette salle de rédaction , de la secrétaire de rédaction parano, d'un candidat pigiste qui se fait tout rafler (poste et matériel) au Caire par un escroc, d'un correspondant bluffeur affublé d'un fils menteur, d'une lectrice compulsive du quotidien (dans l'ordre et exhaustivement, ce qui fait qu'elle a 10 ans de retard), ou d'un correcteur obsessionnel. Ces portraits sont dressés avec une grande virtuosité, les rendant criant de vérité et surtout familiers pour le lecteur qui y reconnaîtra un collègue de bureau, un chef ou un client. Ils sont faits de tout ce qui participe aux particularités d'un individu, dans ses faiblesses, ses craintes ou ses obsessions. L'ironie n'y est jamais blessante, et les failles mises en évidence rendent les personnages plutôt attachants.

Le talent d'écriture de Tom Rachman est indéniable et procure un grand plaisir de lecture. La construction du roman, avec l'alternance de l'histoire proprement dite du journal et des portraits , où s'entrecroisent des personnages secondaires que l'on peut suivre d'un récit à l'autre, participe a cet intérêt : impossible de s'ennuyer. C'est de plus une analyse intéressante de l'évolution de la presse écrite sur ces cinquante dernières années, pointant l'arrivée des nouvelles technologies avec les actuelles menaces avérées de ce secteur, qui risque à terme de disparaitre.
On y trouve aussi de nombreuses allusions à la situation d'expatrié qui modifie la perception du monde environnant et et peut donner lieu à des difficultés d'intégration.
L'auteur sait de quoi il parle puisqu'il a été lui même journaliste et a travaillé dans de nombreux pays

Ce roman qui est passé assez inaperçu en France lors de sa sortie en janvier 2011, à rencontré un grand succès à l'étranger et en particulier aux Etats-unis, ou les droits cinématographiques ont été acquis par Brad Pitt
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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critiques presse (1)
LaPresse
18 mai 2015
Rachman sait manoeuvrer sur un fil ténu le suspense et se rachète avec un dénouement à la hauteur des attentes.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Internet... Quelle invention incroyable, non ? dit-il en s'éclaircissant la voix. Vous saviez que ça a été mis au point par l'armée américaine ? Non, c'est vrai. J'ai lu ça quelque part. Ils voulaient été sûrs qu'en cas de guerre nucléaire, les gens pourraient toujours avoir accès au porno.
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- Non, ce que je redoute vraiment, c'est le temps. Le voilà, le vrai démon : toujours à nous cravacher quand on préférerait flâner, si bien que le présent défile à toute allure, impossible à saisir , et que soudain tout est du passé, du passé qui ne tient pas en place, qui se glisse dans tous ces récits mensongers. Mon propre passé - pas un seul instant il ne me paraît réel. La personne qui l'a vécu, ce n'est pas moi. Comme si celle que je suis ne cessait de se dissoudre.
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"on naît seul et on meurt seul" - rien n'est plus faux. Nous sommes cernés de monde au moment de naître et cernés de monde au moment de mourir. C'est entre les deux que nous sommes seuls
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Mais, ce que je voulais dire, voyez-vous, c'est qu'il y a un grand malentendu sur la mort. Perdre la vie n'est pas la plus grande perte. Ce n'est même pas une perte. Pour les autres, peut-être, mais jamais pour soi-même. Selon notre propre perspective, l'expérience s'arrête, tout simplement. Selon notre propre perspective, il n'y a pas de perte.
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Boyd avait à peine connu son père - il n'avait que onze ans quand Ott était parti s'installer en Europe. Il n'était même pas encore né, aux temps légendaires de la gloire de son père, à l'époque où ce dernier, parti de rien, avait bâti son empire. Boyd ne connaissait de cet âge d'or que ce que lui en avaient raconté les divers courtisans occupés à chaparder les rogatons de la fortune familiale.
Mais il n'en était pas moins inspiré par cette époque mythique. Il était téméraire parce que son père l'avait été. Et il était orgueilleux pour la même raison. Mais la témérité de Boyd manquait de panache, et son orgueil manquait de dignité. Il se voulait un homme du peuple, proche du peuple, proche des gens, comme son père ; mais les gens n'avaient pour lui que méfiance, et Boyd, en retour, n'avait pour eux que mépris.
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