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EAN : 9782362792595
Alma Editeur (22/03/2018)
3.84/5   67 notes
Résumé :
Les fantômes sont au cœur de ce nouveau recueil de la Collection Jean Ray. Mais le " maître des effrayants vertiges " bouscule joyeusement les conventions du genre. Ces fantômes-là s'enracinent dans un monde bien concret. On se méfiera désormais de la choucroute ou de la bonne petite liqueur digestive...
" Les histoires de fantômes, qu'on imagine avoir inventées d'un bout à l'autre, peuvent enclore une réalité " confie Jean Ray à ses lecteurs. Ajoutant : " Ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je n'avais jusqu'alors jamais entendu parler de Jean Ray, celui que les critiques de l'époque ont surnommé le "Allan Poe belge" et pour cause, j'ai appris en lisant la postface que la maison d'édition chez laquelle il a été publié avait fait faillite peu de temps après ses publications. Est-ce parce qu'il s'est attaqué aux forces obscures ou pour son esprit de collaboration durant la Seconde Guerre mondiale ? L'on se saura jamais mais j'aurais plutôt tendance à opter pour la première option car sachez qu'en vous plongeant dans cette lecture, vous allez vous heurter à vos pires cauchemars, vous rendre dans un univers que vous ne pensiez pas pouvoir se matérialiser devant vous et pourtant, les personnages de cet ouvrage, personnes réelles (?) y ont été confrontées et témoignent, si elles n'ont pas succombé.

Ce sont ici une dizaine de nouvelles que le lecteur découvre dans le "livre des fantômes" suivies d'une dizaine d'autres réunies dans la partie "...et autres textes" qui n'en sont pas moins effrayantes. Que dire sans trop en dire si ce n'est que chacune de ces nouvelles fait intervenir, par des propos qui se veulent véridiques, des phénomènes étranges, invoquant l'Au-Delà ou encore des malédictions. Une écriture digne d'Edgar Allan Poe, j'en concède mais qui pourtant possède son indépendance propre. Aussi, ici, ni plagiat, juste une vague source d'inspiration peut-être et encore, rien n'est moins sûr.

Il va sans dire que je ne peux que vous recommander cette lecture si vous n'êtes pas trop superstitieux et ne craigniez qu'il vous arrive un quelconque malheur par la suite. En ce qui me concerne et maintenant que cette lecture est achevée, je ne peux plus revenir en arrière. Maintenant, je sais ! Aussi, si vous avez d'autres de mes nouvelles dans les jours, voire les mois qui viennent, c'est que cela se sera bien passé et que vous n'aurez plus à vous inquiéter pour moi, à moins que je ne me sois perdue dans l'une de ces "rues" étranges ou que j'aurais pris le risque de m'aventurer dans un "carrefour" tard la nuit (petit clin d'oeil à deux des nouvelles de l'auteur !!
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Lorsque je l'avais informée que j'entamais ce livre, une de mes proches amies, Belge d'origine, connaissant bien les écrits de l'auteur, m'avait confié en avoir gardé un très joli souvenir de lecture. Précisant également que les histoires de Jean Ray, plus poétiques qu'effrayantes, s'apparentaient dans leur style à celles d'Edgar Poe. Confirmation m'en a d'ailleurs été donnée en 4ème de couverture : "Il meurt à Gand le 17 septembre 1964. Un vibrant hommage lui est rendu par Les cahiers de l'Herne en 1980, le plaçant dans la descendance de Hoffmann, Poe et Lovecraft."
Et, là, j'appréhende un petit peu car la lecture des "Histoires extraordinaires" de Poe ne m'avait laissé qu'une impression tiédasse et certaines m'avaient même carrément ennuyée.
Fort heureusement, cet ennui m'a été épargné dans les histoires de Jean Ray car je les ai trouvées originales et, pour la plupart, captivantes. La seule analogie que je pourrais faire avec celles d'Edgar Poe est dans la manière de les conter, naturellement marquée fin 19ème siècle.
Et je dirais que c'est tant mieux car je suis une pétocharde de première et ce style d'écriture légèrement obsolète m'a évité de trop m'impliquer et de cauchemarder. Laquelle écriture est néanmoins élégante et fluide même si elle est truffée de termes ou d'expressions qui n'ont plus cours aujourd'hui. Tel, entre autres, que "des vieilles pimpesouées" que mon précieux dico m'a révélé être "des vieilles mijaurées".

Bien que cette lecture ne sera pas un coup de coeur pour ce qui me concerne, elle m'a procuré un agréable moment et permis de découvrir un maître du genre.
Avec mes plus sincères remerciements à ALMA Éditeur ainsi qu'à l'équipe de Babelio pour leur investissement dans la gestion, ô combien active, de leur site.
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Publié en 1947, le Livre des fantômes est un recueil de nouvelles de Jean Ray, le fameux écrivain belge d'histoires fantastiques à tendance horrifique.

Il est bien difficile de résumer un recueil avec autant de nouvelles, de taille et de qualité très variées. Jean Ray multiplie les rencontres fortuites avec des revenants le plus souvent animés d'intention pas forcément mauvaise, mais nécessitant de foutre la frousse à un certain nombre de personnes. le plus souvent, cela est mérité, car l'auteur part souvent d'un fait divers qui a mené à une disparition ou une mort fortuite. Or, le fantôme, contrairement à la « populace » n'oublie rien et jamais.
Clairement, ce Livre des fantômes est le volume le plus faible parmi ceux réédités par Alma. En même temps (comme dirait l'autre), il est difficile de s'éloigner de la thématique du recueil : les revenants sont parmi nous et chaque récit nous relate une histoire de fantômes venant hanter le protagoniste. Cela passe le plus souvent par une narration extérieure : un témoin raconte ce qui est arrivé au malheureux, ou à la malheureuse (cas bien plus rare). Les ambiances ont franchement tendance à se répéter encore et encore, sentiment qui n'apparaissait pas dans d'autres recueils comme Les Contes du whisky.

Un recueil lu bien vite, pour une déception qu'il faut espérer pouvoir oublier aussi rapidement. Il n'empêche que la collection Jean Ray chez Alma est à découvrir, notamment par Malpertuis ou Les Contes du whisky.

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Un des protagonistes de la nouvelle "Ronde de nuit à Koenigstein" se nomme "Dunkelwitz", qui signifie en allemand "plaisanterie sombre". On pourrait ainsi qualifier les contes de Jean Ray, en raison de l'humour noir qui les sous-tend. Un démon n'apprécie pas la compagnie et joue des tours aux locataires d'un château de la forêt noire, la mort personnifiée se cache sous les traits affables d'un oncle qui se montre plutôt bon vivant, l'auteur lui-même se met en scène pour raconter sa "vraie" rencontre avec un fantôme récurrent. Jean Ray expérimente sans cesse, s'adresse au lecteur, n'hésite pas à interrompre ses récits en plein milieu et à résumer la fin. Même le spectre du "Cousin passeroux" est littéralement coupé en deux. Des disruptions qui suscitent l'épouvante et/ou le rire jaune. La nouvelle "Rues" quant à elle semble cataloguer ces voies anodines qui sont en réalité des portes sur le monde des ténèbres, prolongeant ainsi l'exploration de la célèbre "ruelle ténébreuse".
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Après une érudite préface modestement signée Les éditeurs, et dont la paternité est révélée dans la postface, préface qui se veut l'historique du Roman noir, lequel n'a rien à voir à cette appellation qui est une forme moderne du roman policier social, et est dénommé de nos jours roman gothique, peut-être à cause d'une origine germanique, nous entrons dans le vif du sujet

Publié en 1947 par une petite maison d'éditions belge qui fit faillite, cet ouvrage, qui ne comportait que des textes originaux, tentait de redorer un blason littéraire mis à mal après les années de guerre. Ce n'est pas tant qu'il s'occupa de politique durant l'Occupation, mais le fait qu'il collabora à des revues, dont Cassandre, qui étaient d'obédience germanique.

Or, et même si Arnaud Huftier fournit une explication selon laquelle Jean Ray pratiquait l'antisémitisme à travers ses personnages pour fournir un aspect scientifique, il est dommage que juste après guerre l'on puisse lire dans M. Wohlmut et Franz Benschneider, ce genre de phrases :

M. Wohlmut ne s'en étonna pas : les juifs polonais qui fréquentaient les marchés d'Holzmüde, affreux bonshommes gluants de crasse et de plique, offraient souvent en vente les plus étonnants objets.

Plus loin M. Benschneider affirme :

Ces juifs polonais, que Dieu confonde pour leur rapacité et leur malhonnêteté, ont parfois de bonnes choses.

C'est peu et c'est beaucoup dans un contexte qui se relevait difficilement des années nazies, et que les Juifs, Français et Polonais, avaient particulièrement soufferts de leurs exactions. Bien sûr on peut prétendre que Jean Ray ne se faisait que le porte-parole d'une partie de la population, et qu'il s'agit de fictions, mais quand même cela gêne aux entournures. de nos jours cet aspect est ressenti de manière plus prégnante, voire outrageante qu'il y a trente ou quarante ans. Les temps changent, les mentalités aussi.

Ce petit malaise évacué, malaise que ne ressentiront pas forcément tous les lecteurs, visitons quelques-unes de ces nouvelles, ou contes, dans lesquelles les fantômes font leur apparition de manière plus ou moins évanescente, des impressions dues à diverses circonstances.

Qui de nous, en effet, n'a jamais aperçu un individu que personne d'autre dans notre entourage distinguait. C'est ce qui produit dans Mon fantôme à moi, conte dans lequel Jean Ray se met personnellement en scène, revenant sur des épisodes marquants de son enfance ou de son adolescence, au cours desquels il voit, ou croit voir, un homme au foulard rouge. Les personnes à qui il en parle refusent de le croire ou au contraire sont apeurées, or peu après un incident dramatique se produit.

Maison à vendre est une histoire qui lui aurait été rapportée par un démonographe éclairé. Un fieffé voleur sauve un jour de la noyade le vieux chien d'un juge intègre et intraitable pour qui les circonstances atténuantes n'avaient pas cours dans les procès qu'il instruisait. Or lors du procès qui oppose ce détrousseur au juge, celui-ci ne pratique pas le reconnaissance, et il punit le sauveteur d'une peine de prison. le juge habitait une vieille maison et lors de son décès, de nombreuses années plus tard, Merrick, le condamné, sorti de prison et qui s'est enrichi, achète cette demeure puis la met en location. Mais c'est un homme rancunier qui a mûri sa vengeance et l'histoire se perpétue après le décès du juge.

Les fantômes peuvent également revenir et hanter, sinon plus, les prisons et le bourreau qui officie à Pentonville ne se plaint pas car il arrive à sa centième victime. Une histoire narrée dans La nuit de Pentonville.

Dans La choucroute, Jean Ray nous offre deux interprétations de la Bible. Celle du Buisson ardent avec cette choucroute que veut déguster le narrateur qui se retrouve dans une taverne située dans une petite ville déserte, aux volets qui s'ouvrent sur des murailles, et dont il est l'unique client. Or cette choucroute flambée par les soins du serveur qui ensuite s'éclipse, devient brûlante et le narrateur n'a d'autre recours que la fuite, tentant toutefois de boire. Il casse une bouteille mais dépité se rend compte qu'elle est constituée de verre plein. Un éclat atterrit dans ses vêtements. L'épilogue pourrait être une parodie de cette parabole entre Jacob et Esaü, le droit d'aînesse vendu contre un plat de lentilles.

Complétant le recueil initial du Livre des fantômes, titré également Gost book, des contes éparpillés et des poèmes sont proposés au lecteur qui découvrira une autre facette de Jean Ray. Mise à part ma petite réserve initiale, voici un nouvel opus digne de figurer dans la bibliothèque de tout amateur d'étrange et de mystérieux.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
"Mais en cette sinistre matière, l'humour ne perd pas ses droits, témoin cette histoire écossaise :
Passant de nuit par un carrefour, Mac Tacish voit Mac Duff pendu à un arbre. Il est déjà rigide et froid.
_Pour enterrer un pendu, Mac Gregor, le fossoyeur, prend un shelling, mais il s'est pendu à un carrefour, il exige une demi-couronne, monologue Mac Tavish, et il s'en va, sans plus s'occuper du cadavre. Le lendemain on retrouve Mac Duff pendu à un saule au bord d'une prairie. Il fait bon de finir toute chose en gaieté, dit le proverbe.
Un proverbe écossais d'ailleurs...

(Nouvelle "La hantise des carrefours")
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"Car c'est dans cet espace riche d'une dimension inconnue, mais néanmoins entrevu par notre intelligence, que se situe LA PEUR, cette formidable gardienne qui s'est attachée à l'Etre Immense, et dont, par humaine sottise, nous voulons nier l'essence tutélaire."

(Nouvelle "Des rues")
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"La logique est un corollaire de la raison humaine, et nous avons bien tort de la demander aux puissances inconnues qui, parfois, s'immiscent dans nos destinées."

(Extrait de la nouvelle "L'histoire de Marshall Grove")
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L’idée de notre heure suprême n’est pénible que parce qu’elle fait cesser toutes les fonctions qui nous mettent en rapport avec ce qui nous entoure. C’est la privation de ces fonctions qui sème l’épouvante et l’effroi sur le bord de notre tombe.
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Le premier récit de ce livre peut lui servir de préface. Bien que l'apparition insolite dans ma vie de "l'homme au foulard rouge" m'ait causé plus d'appréhension que de plaisir, j'éprouve une certaine satisfaction à pouvoir ouvrir un recueil d'histoires de fantômes par un texte qui ne doit rien à l'imagination.
"Mon fantôme à moi" m'a quitté depuis plus de trente ans, c'est à dire que, depuis, il ne s'est plus manifesté de façon tangible. Je n'irai pas pourtant jusqu'à prétendre que sa présence occulte soit supprimée.
- Comment êtes vous venu au roman noir, aux histoires fantastiques et hantées ? m'ont demandé quelques amis.
Je n'en sais rien...
(extrait de la préface de l'auteur insérée dans l'édition parue chez "Marabout" en 1966)
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