Le poète grec signe un recueil autobiographique. Il évoque son pays natal, la Grèce, et ses drames familiaux : faillite, décès, maladie, folie...
Dans ses malheurs, l'auteur a rencontré l'Amour qui représente le soleil dans son obscurité. C'est à ce cher Amour qu'il écrit, lui racontant son enfance, ses tragédies et tout son bonheur de l'avoir rencontré, jusqu'à la mort...
Des mots courts, poignants, mélancoliques, tragiques mais teintés d'espoir.
Une superbe symphonie d'un poète engagé et passionné.
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Je quitterai
le blanc sommet enneigé
qui réchauffait d'un sourire nu
mon infini isolement.
Je secouerai de mes épaules
la cendre dorée des astres
comme les moineaux
secouent la neige
de leurs ailes.
Ainsi un homme, simple et
intègre
ainsi tout joyeux et innocent
je passerai
sous les acacias en fleurs
de tes caresses
et j'irai becqueter
la vitre rayonnante du
printemps.
Je serai l'enfant doux
qui sourit aux choses
et à lui même
sans réticence ni réserve.
Comme si je n'avais pas connu
les fronts mornes
des crépuscules de l'hiver
les ampoules des maisons
vides
et les passants solitaires
sous la lune
d'Août.
*Pour Jean-Paul (Fandol) grâce à qui j'ai découvert la sublime poésie de Yánnis Rítsos. Je vous invite à lire sa belle critique : "Ne pleure pas sur la Grèce".
Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la plage
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage
Comme l’aigle sur un sextant qui échoue à terre la marée
Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite
Un lendemain de carrefour sur les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont pris dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s’en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l’ombre noires des prisons
Comme l’affolement d’un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l’amant trahi la marque rouge d’une bague
Comme une lettre déchirée, éparpillée au vent des rues
Comme le hale sur les mains qui a laissé l’été disparu
Comme le regard égaré de l’être qui voit qu’il s’égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du cœur et de l’arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n’en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d’un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l’eau sale d’une mare
Comme u e injure au soleil avec la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rien n’a changé sur les eaux
Tu m’as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s’était couché dans l’étable
Comme un chien qui porte un collier aux initiales d’autrui
Un homme de foire d’autrefois empli de fureur et de bruit
V
Le carillon de la lumière
nous accueille
sur le blond bord de mer.
L'aube passe sur la plage
mouillant à peine ses pieds nus
sur la vague dorée.
Une jeune fille
a ouvert la fenêtre
et a souri à la mer.
Elle a fermé ses yeux à la lumière
pour sonder en son cœur
la lueur éteinte
de son sourire.
Écoute les simandres
des chapelles campagnardes.
Elles arrivent des lointains
des profondeurs.
Des lèvres des enfants
De l'ignorance des hirondelles
des blanches cours du dimanche
des chèvrefeuilles et des pigeonniers
des maisons humbles.
Joie joie.
Peu nous importe
ce que laissera notre baiser
à l'intérieur du temps et de la chanson.
Nous avons touché
la belle inutilité
qui ne cherche pas son utilité.
Je n’ai pas peur.
Revêtu de l’éclat
de ton adulation
je passe audacieux
à travers la forêt de la nuit.
Personne ne peut
souiller
le bord de notre couche.
Qu’ils viennent les orages
briser les miroirs des jardins.
Que la neige ferme ma porte.
Que la nuit de sa paume
recouvre
ma dernière lucarne.
Moi je montrerai à la pluie
cette rose de printemps
que dans ma main ton adulation d.posa
et je sourirai enjoué
dans mon isolement.
Quelle punition fera
disparaître à mes yeux
la trace étincelante de tes yeux?
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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