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Dormez en Peilz. Quel polar ! Attendez-vous à des tourbillons dans les flots du lac Léman !
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Laurence Robert nous emmène dans le canton de Vaud, sur la Riviera suisse, dans le monde de la plongée en lac.
La Suisse, c'est un bol d'air frais, un dépaysement et le plaisir de lire le français des cantons romands. le « chenu » pour la « pagaille » ou « Entre seulement ! » pour « Je t'en prie » : le charme est indéniable !
Quant à la plongée, j'ai trouvé passionnant de découvrir son univers, ses codes et les sportifs qui la pratiquent.
M'immerger dans cet environnement a été pour moi un grand plaisir.
Les extraits de la Reine des Glaces d'Andersen que cite régulièrement @
Emmanuelle Robert exacerbent la tonalité tragique de @
Dormez en Peilz. On comprend que s'approcher trop près de l'île de Peilz comporte des risques.
Et en effet, trois hommes disparaissent dans le lac. Lorsque ce qu'il reste d'eux est retrouvé, il devient évident qu'aucun n'a succombé à la suite d'un problème de paddle ou de plongée. Il s'agit d'exécutions, assez raffinées si j'ose dire !
Dès lors, la grande question est : Qui ?
Qui a bien pu tuer Zwerg, avocat puant, sans morale, misogyne et abuseur ? Et puis ensuite Corboz, homme d'affaire voyou, sans foi ni loi, recherché par Interpol ? Et après eux, Kilian, excellent plongeur, entrepreneur, père de famille à la vie privée compliquée comme on ne pourrait l'imaginer ?
Et l'autre grande question est : Pourquoi ?
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Emmanuelle Robert réussit à maintenir le suspense jusqu'à la fin du livre. Contrairement à d'autres polars déjà lus, je n'ai eu, avec celui-ci, que des intuitions malheureuses. Emettre des hypothèses, c'est le jeu. Dans @
Dormez en Peilz, aucune des miennes n'était pertinente. Et pendant ce temps, le sentiment de danger allait croissant.
L'écriture d'@
Emmanuelle Robert est visuelle, vivante. Ses personnages, faits de chair et de sang, ont des personnalités complexes. Nous entrons dans l'histoire et rapidement, nous voulons savoir ce qu'il se passe pour eux. Un sacré bon point pour un roman policier !
Tous les personnages, y compris ceux qui sont abjects, sont des êtres que l'on peut toujours saisir, si ce n'est comprendre. Nous partageons leur existence, leurs secrets et leurs ambiguïtés. On les voit, on les ressent, ils ne sont pas seulement des mots couchés sur le papier.
Les femmes, tout particulièrement, sont attachantes. Elles ont du répondant, ces belles figures féminines. Les femmes dans l'univers d'@
Emmanuelle Robert sont « d'ici et maintenant » ; elles ont la force de briser les tabous. Leur richesse intérieure, leur volonté d'indépendance nous les rendent proches et courageuses.
Certains hommes m'ont émue, parfois à cause de leurs failles et de leurs difficultés à se construire hors des stéréotypes masculins. Pour d'autres, je n'ai pas ressenti la moindre once d'empathie. Les pervers, l'autrice ne les loupe pas ! Ils en prennent pour leur grade et c'est jouissif parce que tellement mérité ! Nous voyons les faces cachées de ces hommes, leur duplicité.
Impossible de présenter tous les personnages de @Dormez en paix si nombreux et divers.
En lisant ce roman, vous rencontrerez Amir, AbFab, Sol, son mec, son chat, Max, Bernard, Aline ; des policiers, de la brigade du lac ou non, des plongeurs apnéistes ou des plongeurs avec oxygène embarqué, et encore bien d'autres personnes. Pour nous venir en aide, @
Emmanuelle Robert a dressé une liste « qui est qui ? » pour que nous nous y retrouvions avec tous ces personnages. Au départ, je trouvais cela bizarre mais en réalité, c'est très utile !
Excellente pour donner de la densité aux êtres qu'elle fait vivre, @
Emmanuelle Robert a su construire son roman de façon à ce qu'il nous tienne en haleine jusqu'au bout.
Jusqu'au bout ? Vraiment ?
Non, pas jusqu'au bout. Et c'est là où le bât blesse. le dénouement de l'intrigue n'oblitère pas la magie du roman mais la fin n'est clairement pas à la hauteur. A mon avis, cette fin est bien le seul élément de @
Dormez en Peilz qui n'est pas crédible. Et ça fait flop. C'est le seul bémol mais quelle déception !
A la fin de @
Dormez en Peilz, on sent aussi qu'@
Emmanuelle Robert a voulu nous faire profiter de quelques lumières dans le noir.
Pour AbFab et Ménélik, c'est tout à fait réussi. La plongeuse émérite est encore à l'hôpital, veillée par Ménélik, policier triathlète. L'amour inattendu et hors des normes entre ces deux sportifs de haut niveau, Ménélik a réussi à l'imposer. L'histoire est belle et on veut y croire.
En revanche, la petite fille précoce, Loriana, m'a semblé trop caricaturale pour être prise au sérieux. En ce qui la concerne, elle apporte à la fin une touche d'optimisme mais cela pourrait aussi bien passer aux oubliettes. Ou peut-être est-ce de l'humour suisse auquel je n'ai rien compris ! C'est tout à fait possible !
Mais quoiqu'il en soit, j'en redemande ! Si @
Emmanuelle Robert écrit une suite à @
Dormez en Peilz, je m'en réjouirai. Avec sa plume vive et subtile, cette écrivaine nous a concocté un bon polar ; un bon polar que l'on n'a pas envie de lâcher. Que souhaiter de plus ?
Merci à @
Emmanuelle Robert ; merci à la maison d'édition Slatkine et bien entendu, merci à @nicolasbabelio et à toute son équipe. Merci BABELIO !