Hors-normes, c'est ce que furent les parents d'
Elie Robert-Nicoud. L'écrivain-boxeur a gardé d'eux le meilleur et leur lance comme à nous son discret cri du coeur.
Un balèze, un poids-lourd d'1m86 qui a boxé avant de peindre (ou peint après avoir boxé, au choix), formaté à la dure dans un orphelinat suisse où les vaches donnent plutôt des coups que du chocolat au lait (les vaches étant ici bien-sûr les bipèdes chargés de son "éducation", ces gens qu'on appelle hommes plutôt que les mammifères bonasses aux grosses mamelles).
Une petite pépite de moins d'1m50 aux poumons poussifs mais à l'esprit vif, au coeur inflammable et à la plume alerte, une poétesse qui devint à son insu quasiment une icône en Amérique du sud.
Voilà donc les deux humains qui vont contre toute attente lier à vie leurs destins, donner l'image aussi improbable que celle du couple Cerdan-Piaf, image dont on comprend bien ce qu'elle a pu avoir de fascinant pour le jeune Elie R-N, définitivement.
C'est l'image des humains à qui il doit d'être vivant, qui l'ont aimé, lui ont laissé la science de la boxe et le goût des mots.
De leur vie avant qu'ils se connaissent, de sa vie avec eux dans le Paris de Montmartre et Pigalle, ERN nous brosse un tableau haut en couleur, décontracté, accrocheur, presque poignant au final, lucide et aussi tendre envers eux- deux que souvent caustique (voire amer quand il parle de l'orphelinat) envers ce qu'ils ont vécu et le microcosme des artistes où ils lui ont fait découvrir le monde.
Il est beaucoup question et souvent un peu en vrac de personnages incarnant ce qu'on s'imagine être LA bohème.
Des figures qu'on retrouve d'ailleurs dans "La chute de Mr Fernand", un roman que je viens de finir et qu'ERN a publié sous le pseudo de
Louis Sanders.
C'est prenant de les voir vivre en vrai, ces figures, si semblables à ce qu'on a imaginé après avoir lu le polar. En fermant ce livre des vraies vies, on plussoie derrière Resnais ou Musso : on se dit que oui, "la vie est un roman".
Croquignolet en diable même, parfois...
En tous cas pour les Robert-Nicoud, aucun doute, la vie est un roman.