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EAN : 9782369560135
342 pages
Editions Intervalles (17/02/2016)
3/5   3 notes
Résumé :
De la guerre civile chinoise à la mutinerie de Singapour, La Bataille de Penang retrace les événements dramatiques du début de la Première Guerre mondiale en Asie, au moment où les forces navales de la Grande-Bretagne, de la France, de la Russie et du Japon expulsent les Allemands de leurs possessions coloniales en Extrême-Orient et dans le Pacifique.
C’est dans ce contexte qu’apparaît le combat d’arrière-garde de l’Emden, le croiseur allemand qui coula une v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie Babelio et les éditions Intervalles pour la lecture de ce livre. Dans "La Bataille de Penang", John Robertson s'intéresse à un front méconnu de la Première guerre mondiale, l'Extrême-Orient. Il se penche plus particulièrement sur la guerre de course que mena le croiseur allemand Emden dans l'Océan indien, à la fin de l'année 1914.

Plusieurs navires corsaires allemands s'attaquèrent aux bateaux de commerce alliés dans les Caraïbes, en Afrique de l'Ouest. L'Emden fut incontestablement le plus efficace. Cela est du à la qualité de son commandant, Karl von Mûller, de ses officiers, en particulier le second, Hellmut von Mücke, et l'officier de prise, Julius Lauterbach; ces deux derniers réussirent l'exploit de rejoindre l'Allemagne, après la disparition de leur navire. Très bien entraîné et sur-motivé, l'équipage servit efficacement un commandant inspiré; le croiseur réussir à couler une trentaine de navires commerciaux avant d'être lui-même coulé aux îles Cocos.

Sa réussite est due aussi à la désorganisation des Alliés, à leurs rivalités et à la médiocrité de leur commandement. Les Britannique furent les principaux responsables de cette incurie, par mépris de leurs alliés. Ainsi le vice-amiral Jellam, qui dirigeait la flotte alliée, tint à maintenir la liberté du commerce, exposant les cargos aux attaques du croiseur allemand. Privilégiant la protection des bateaux transportant les troupes australiennes et néo-zélandaises, il ne prit des mesures que lorsque ceux-ci furent menacés. Il négligea d'informer ses alliés russes et français de ses décisions. Les navires alliés échouèrent à neutraliser l'Emden, faute de chance et d'esprit d'initiative.

Avant sa disparition, le grand exploit de l'Emden fut l'attaque surprise du port de Penang, sur la côte occidentale de la Malaisie, où il coula le croiseur russe Jemtchoug puis le torpilleur français Mousquet, alors que celui-ci rejoignait le port, faisant de nombreuses victimes parmi les marins. L'attitude des autorités du port fut scandaleuse. Elles maintinrent éclairée l'entrée du port, négligèrent d'organiser une garde, et imposèrent aux bateaux russe et français des mouillages qui empêchèrent toute résistance. Les codes de transmission radio ne furent pas transmis aux Français et aux Russes.

Le deuxième scandale de cette affaire fut que les Britanniques rejetèrent toute la responsabilité sur les Russes et les Français; il y eut une véritable campagne de presse calomnieuse contre ces derniers. Ce fut vraiment la perfide Albion. Les autorités locales françaises cherchèrent aussi des bouc émissaires parmi les commandants des vaisseaux impliqués dans l'attaque (même si une enquête ultérieur les dédouana); et le commandant du Jemtchoug fut dégradé au rang de simple soldat. Alors que le véritable coupable était le haut commandement allié.

Tout une série d’événements, la disparition de l'Emden, une révolte de soldats indiens à Singapour, évitèrent toute véritable enquête sur les fautes des autorités anglaises, Mais les Anglais durent laisser le commandement aux vrais vainqueurs de ce front, les Japonais.

L'auteur a la bonne idée de se pencher sur la vie ultérieure des protagonistes, de l'affaire, plus ou moins heureuse, et sur le sort des épaves du Jemtchoug et du Mousquet.

Je n'apprécie pas trop l'aspect physique du livre; la couverture est moche, la mise en page est vraiment minime et les photographies pas vraiment mises en valeur. Par contre je ne peux que louer l'honnêteté de l'auteur, qui n'hésite pas à critiquer l'attitude de ses compatriotes britanniques.

Le passage le plus émouvant est le compte-rendu de l'enseigne de vaisseau Tavera sur la disparition du Mousquet, montrant la violence d'un combat maritime, mais aussi le courage des officiers et des membres d'équipage, malgré une situation désespérée dés le départ.
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Penang. Une île de Malaisie située le long du détroit de Malacca, importante plateforme commerciale qui sera bientôt supplantée par Singapour mais encore très active au début du XXème siècle. Une colonie de l'Empire britannique, comme le chapelet de comptoirs charbonniers égrené tout le long de la route des Indes …

J'ai pourtant lu bien des livres sur la Grande guerre. On pense spontanément à Verdun ou à la Marne et la Somme, moins logiquement aux batailles navales, comme la bataille du Jutland. Encore plus rarement aux combats d'Extrême-Orient. Il y eut pourtant ce combat du 28 octobre 1914 entre le croiseur corsaire allemand Emden qui s'insinua dans le port de Penang pour couler le croiseur russe Jemtchoug, puis un peu plus tard le contre-torpilleur français Mousquet parti à sa suite, avant de filer au large …

Il s'agit d'un livre d'historien, lui-même marin. Il s'appuie sur de nombreux témoignages - en particulier celui du révérend William Cross, en poste à Penang avant d'officier à Singapour dans la chapelle presbytérienne proche du bâtiment YMCA où nous avons habité lors de notre dernier séjour - et est illustré de nombreuses cartes et photographies. Une façon de percevoir combien cette guerre fut mondiale, dans un contexte de la zone Pacifique encore mal connu. Et de concevoir une situation politique locale très confuse (la guerre civile en Chine, la montée en puissance du Japon), dans ces contrées si lointaines au climat si difficile pour les équipages, ainsi que des éléments technologiques tellement différents des guerres de notre temps.

La flottille française d'extrême orient est basée à Saïgon. Elle est placée sous l'autorité du vice-amiral d'escadre anglais Martyn Jerram, commandant en chef de la station de Chine. le capitaine du port de Penang est le commandant Duncan MacIntyre. Privilégiant le trafic commercial permettant d'acheminer marchandises et transports de troupes vers l'Angleterre, il encourt une grande responsabilité en laissant les feux du port, phares et balises, allumés toute la nuit.

On imagine mal les difficultés d'approvisionnement en charbon (et les questions de qualité du combustible) des navires de guerre. Tous ces bâtiments sont contraints de démonter régulièrement leurs chaudières pour les décrasser, et, tandis que les navires sont à l'arrêt, ils ne sont pas manoeuvrables, ne peuvent utiliser leur armement et sont incapables de communiquer avec la TSF … par ailleurs de faible portée, surtout par temps d'orage. Ainsi, lorsque l'Emden se glisse dans le port de Penang juste avant l'aurore, le navire russe est à l'arrêt, ses chaudières démontées, et il faut plusieurs heures aux navires français amarrés à quai pour monter en pression et passer à la contre-attaque.

D'autre part, le commandement britannique ne communique pas les codes aux alliés, français comme japonais. La seule façon d'identifier un navire est de se référer à sa silhouette, ce qui peut s'avérer difficile avec la brume de chaleur ou la nuit. Et surtout si un navire imagine de se fabriquer une cheminée factice, qui le fait confondre avec un bâtiment allié, et ne répond pas aux demandes d'identification des autorités du port … sans réaction de celles-ci.

Car c'est ce subterfuge qu'utilise le capitaine de vaisseau Karl von Müller, extraordinaire commandant du croiseur allemand Emden, dont la trajectoire confine à la légende. Il sillonne l'océan indien à la recherche de navires marchands alliés qu'il coule systématiquement, tout en restant d'une extrême courtoisie vis-à-vis des équipages qu'il recueille, soigne à son bord puis remet à des navires ou des ports neutres. Au 20 octobre 1914, l'Emden a déjà neutralisé ou coulé 23 navires de commerce. Avec ses deux navires ravitailleurs et l'excellent charbon gallois récupéré, il peut encore tenir la mer pendant une année. Il devient le cauchemar de Jerram, dont les patrouilleurs manquent à plusieurs reprises de le rencontrer …

La traque finira cependant par aboutir le 8 novembre 1914, le croiseur-cuirassé australien Sydney détruisant l'Emden qui s'échoue sur le récif de North Keeling Island.

Une odyssée de légende, des marins exceptionnels, des négligences chez les alliés, des incompréhensions et des falsifications de la part des britanniques visant à faire porter le chapeau du désastre aux Français et aux Russes … un livre d'histoire qui se dévore comme un polar …

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Quand on parle de la guerre 14-18, on pense, enfin pour ma part, France, Allemagne, tranchées, Verdun. Enfin, bref, on oublie qu'il s'agissait d'une guerre mondiale et que le théâtre des opérations n'était pas uniquement la France. Ce livre nous permet de remettre les pendules à l'heure et de revoir nos cours d'histoire.
Situons d'abord le décor du drame. Penang est une île de Malaisie. L'Allemagne, comme de nombreux pays, possède une concession en Chine qui n'est pas encore la puissance que nous connaissons mais qui attise la convoitise de nombreux pays. C'est une base commerciale très importante. L'Allemagne envoie donc son croiseur, le Emden afin de jouer les perturbateurs sur le commerce des autres nations. Un seul endroit semble propice à ce petit jeu : le détroit de Malacca alors sous dominance anglaise. C'est un étroit corridor maritime qui relie le port George Town et la péninsule malaisienne. Aussi bizarre que cela puisse paraître, mais c'était aussi le cas pour Pearl Harbor, personne ne monte vraiment la garde. Tout le monde est au repos, les feux clairs et personne ne fait attention à ce bateau qui se glisse dans la nuit. Pour excuse, nous sommes dans une zone commerciale très active et la navigation est autorisée de nuit.
Afin de passer inaperçu, l'Emden se dote d'une quatrième cheminée ce qui lui permet, de loin, de passer pour un navire anglais. Ce tour de passe passe, lui permet d'approcher au plus prêt des bateaux ancrés et d'ouvrir le feu sans trouver de résistance.
Voilà un résumé succinct de l'aventure.
C'est un récit cent pour cent historique, ce n'est pas un roman ni une histoire racontée. C'est un cours d'histoire très théorique donc ce n'est pas une lecture pour le soir. Beaucoup de personnages se croisent et il est donc difficile de se rappeler qui est qui. Beaucoup de points sont abordés : la politique du moment, les enjeux commerciaux, la guerre, les envies de certaines personnes à laisser leur empreinte dans L Histoire.
C'est très intéressant mais très difficile à lire. Je n'ai pas beaucoup eu de plaisir à lire ce livre même si j'ai appris beaucoup de choses. A réserver à un public averti.
Lien : http://jelisquoi.blogspot.fr..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Une deuxième salve arrive à bord, un coup tombe dans le poste d'équipage et crée une voie d'eau, des éclats arrivent sur la passerelle blessant monsieur de Torcy, qui tombe. Un projectile démolit le ventilateur de la chaufferie avant, des éclats traversent la chaudière et la vapeur sort par les soutes à charbon. Les machines stoppent. Monsieur Bourcier, voyant sa présence inutile dans les machines, monte sur le pont. Au moment où il met le pied sur le caillebotis, un éclat de tôle le coupe en deux.

Le reste du personnel de la machine, à l'exception de deux d'entre eux, monte sur le pont. Le personnel de la chaufferie arrière brûlé par le vapeur monte sur le pont, mais les deux premiers hommes qui y arrivent sont tués par des éclats, ainsi qu'un matelot chauffeur qui se tenait près de la cuisine. L'armement du tube avant est mis hors de combat. Derrière, le quartier-maître Heurtaux est tué au moment où il venait de dire "Et surtout, visez bien !".
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La différence essentielle entre Lauterbach et Von Muller apparait dans une conversation rapportée avec Isdale, le capitaine du Ribeira. En sa qualité d'officier de prise du croiseur allemand, Lauterbach fut le premier à aborder le navire marchand capturé. Quand Isdale lui demanda comment réagirait l'Emden s'il était découvert par un bâtiment allié, il répliqua : "Nous prendrons nos jambes à notre cou ! Nous ne sommes pas conçus pour combattre".
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