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EAN : 9791097469283
180 pages
En exergue éditions (21/04/2023)
2.8/5   5 notes
Résumé :
Le 30 avril 1993, Monica Seles est victime d'une agression au couteau en plein match à Hambourg. Véritable ovni du circuit féminin, numéro 1 mondiale avant ses 18 ans, Seles s'est forgée dans l'adversité, au sein de ce qui allait devenir l'ex-République fédérale socialiste de Yougoslavie. Adolescente poursuivie par les tabloïds, moquée pour ses cris, elle remporte huit tournois du grand chelem en moins de trois ans.

En trois parties (crépuscule, nuit,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
David Rochefort l'explique page 146, il vit avec l'idée que "la littérature est l'art qui raconte ce qui aurait pu se produire" ; c'est pourtant d'un fait bien réel qu'il part : l'agression au couteau de Monica Seles, alors au summum de son art par Günter Parche, un fan de Steffi Graf. Nous sommes le 30 avril 1993 à Hambourg, il s'agit d'un tournoi plutôt mineur qu'a choisi Monica Seles pour préparer la saison de terre battue, elle revient de blessure et a dû adapter son programme en conséquence. L'agression s'est produite sur le court, lors d'un changement de côté, un match facile pour Seles qui est alors numéro 1 mondiale et vise à seulement 19 ans une quatrième victoire d'affilée un mois plus tard à Roland-Garros ce qui serait une performance inédite. Il y a dans cette rencontre dramatique tous les ingrédients pour intéresser, intriguer, captiver un écrivain : Monica Seles n'aurait pas dû être là, comment était-il possible d'entrer sur un terrain et d'approcher si près une joueuse avec un couteau ? Comment en arrive-t-on à commettre un tel acte ? Une seule chose est sûre, après cette date la trajectoire de Seles a été totalement déviée et avec elle celle du tennis féminin.
David Rochefort a épluché l'existant en matière de documentation : la presse bien sûr depuis les compte-rendus de l'agression jusqu'à ceux du procès, ainsi que les Mémoires de Monica Seles qui reviennent longuement sur l'épisode et l'effondrement psychologique qui a suivi. Charge à lui de faire revivre pour le lecteur l'univers de la jeune championne, le soutien de son entourage, les jalousies que sa précocité et ses succès suscitent, son bonheur visible de jouer. du côté de l'agresseur c'est plus compliqué, il y a moins d'éléments ou de confessions, reste à imaginer en allant chercher du côté de son contexte familiale mais également en prenant en compte le contexte géopolitique de la réunification de l'Allemagne. L'occasion pour l'auteur d'interroger la notion de fan qui est, on a tendance à l'oublier une contraction de "fanatique"... qui peut donc conduire à vouloir physiquement écarter la rivale qui empêche votre idole de gagner ce qu'elle - à votre avis - mérite tellement.
Exercice intéressant de la part de l'écrivain mais qui se heurte aux limites de la non fiction et m'a semblé parfois tourner un peu en rond. Sans compter une ou deux imprécisions dans les faits relatifs au tennis qui peuvent passer inaperçues chez les non connaisseurs mais ne manqueront pas de faire tiquer les initiés, ce qui est dommage. Je salue néanmoins l'idée de ce texte qui m'a permis de revivre cet événement si dramatique et marquant pour le tennis féminin.
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C'est une histoire de sport, une histoire autour du sport. Et ce malgré l'édifiant CV sportif de l'auteur : a réussi à être dispensé de sport au bac !

Vous, que faisiez-vous le 30 avril 1993 ? La nuit d'avant ?
Il y a fort à parier (pas à payer) qu'à moins d'être une encyclopédie sportive vivante, cette nuit et ce jour ne vous aient pas spécialement marqués. Et pourtant dès qu'on ouvre le Prix fort, on se souvient : ce jour-là Günter Parche (j'avais complètement oublié son nom) poignardait Monica Seles en plein match du tournoi de Hambourg, un mois avant Roland-Garros.
C'est leur rencontre dramatique (à quelques centimètres près l'arme touchait la colonne vertébrale de la joueuse) et ce qui y a mené, que nous raconte David Rochefort.

Pour faire vivre ses deux protagonistes, l'auteur utilise le discours indirect libre à la deuxième personne (sic). Juste pour dire que c'est une surprise et qu'elle est bonne ! Cela permet une proximité plus grande du lecteur, incarnée, avec le sujet du récit : Monica Seles dans une première partie, Günter Parche dans la seconde.

Ce qui ressort le plus concernant Seles, c'est sa jeunesse, sa fougue, son sérieux souriant, son engagement professionnel. Elle est sur le circuit depuis ses quinze ans. D'abord envoyée en Floride pour se perfectionner, elle y est malheureuse ; sa famille la rejoint ; les Seles prendront la nationalité américaine en 94. Son père devient son entraîneur. Quelques mois avant Hambourg, elle a vécu sa première cabale médiatique pour avoir refusé de participer à Wimbledon 92 à cause d'une blessure. Mal guérie d'une infection virale contractée à Paris-Bercy en janvier 93, elle a renoncé à Barcelone pour être prête pour Roland-Garros.
En plus des nombreux documents presse et vidéo disponibles sur le parcours de la championne, David Rochefort (il avait dix ans au moment du drame) s'est nourri des livres que Seles a publiés sur sa propre histoire.

Günter Parche est autrement plus difficile à cerner. Totalement inconnu avant le 30 avril 1993, ce sont seulement les comptes rendus judiciaires et quelques articles de presse après l'affaire qui dessinent le personnage. On apprend qu'il a été abandonné par sa mère à l'âge de dix ans ! de son père, on ne sait rien. Simple ouvrier, il vit chez sa tante dans une petite ville de l'Est. À partir de 1986, il développe une fixation monomaniaque sur Steffi Graf.

Deux parcours qui n'auraient jamais dû se télescoper, avec pour chacun des contextes géopolitiques particuliers et troublés ; comme un point commun entre eux, malgré tout. L'une est née en Yougoslavie (1973), l'autre en République Démocratique Allemande (1954).
Seles ne vit pas directement la chute des régimes communistes, ni l'éclatement annoncé de la Yougoslavie avec les premiers combats en Slovénie et Croatie de 91 ; elle est protégée par son engagement dans les tournois, l'entraînement intensif, les voyages en tous sens, et bientôt sa naturalisation américaine.
Par contre, Parche se retrouve au chômage à la chute du Mur en 89 à cause de la Réunification. Presque un soulagement pour lui qui peut alors se consacrer encore plus intensément à sa passion pour Steffi Graf. Il vit alors ses années d'or (d'adoration) jusqu'à 1992, quand son idole s'incline devant la petite yougoslave et perd sa place de numéro 1.

La troisième partie est écrite à la première personne (narrateur-auteur). David Rochefort y fait d'abord son coming-out de fan... de heavy metal, livre ses réflexions sur la fiction littéraire, l'infinité des possibles, et observe que jusqu'ici les âges d'or culturels se sont conclus par un drame sanglant : tennis féminin (Hambourg, 1993), contre-culture des années 60 (meurtre de Sharon Tate et concert d'Altamont, 1969), heavy metal (carnage de Marysville Ohio, 2004).

Et puisqu'il faut bien y arriver, un dernier court chapitre intitulé Réalité en guise d'épilogue tragique : 30 avril 1993, 18h49.

Ce sera une réalité injuste pour Seles qui ne méritait pas de payer si cher pour quelques années de succès ébouriffants. Blessure, dépression (son père meurt d'un cancer quatre ans après avoir été diagnostiqué à Hambourg à l'hôpital où on soigne sa fille), abandon par ses sponsors. Elle ne reviendra jamais sur le devant de la scène au niveau auquel elle était parvenue en 92. Ne regagnera plus jamais Roland-Garros.

Parche sera condamné à deux ans avec sursis pour mise en danger de la vie d'autrui ! Même pas pour tentative d'homicide... Il a gagné (mais en est-il seulement conscient ?). Comme il l'avait voulu, programmé, préparé, il a éliminé la rivale de sa déesse qui retrouve ainsi sa place de numéro 1 du tennis féminin.


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Tout d'abord, un grand merci à la masse critique babelio pour l'envoi de ce livre.

J'avais très envie de le lire car étant jeune, j'avais été choqué par le geste de ce fan envers la numéro, un mondial de tennis.
J'étais donc curieuse d'en connaître un peu plus sur cette affaire, Monica Seles.
L'auteur découpe ici son ouvrage en plusieurs parties dans lesquelles il va successivement décrire chacun des protagonistes, ainsi que le contexte social et politique de l'époque.
Ce parti pris est assez intéressant, car il a le mérite de nous plonger directement dans l'histoire.

Pour autant, je me suis plutôt ennuyée et j'attendais peut-être un peu plus de ressenti, mais pour cela il me faudra lire la biographie de la tennisman.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ta saison 1992 avait été tellement extraordinaire – tu avais presque tout gagné – que cette nouvelle année, ç’avait été comme passer sur un chemin déjà balisé, il fallait suivre une trace déjà écrite. Il ne s’agissait plus de conquérir mais de régner, de défendre ton territoire ; tout autour de toi, des ennemis rôdaient, qui voulaient te faire chuter, prêts à tous les coups, toutes les bassesses. Il y avait la presse, il y avait les autres joueuses (et qui a cru que les joueuses étaient solidaires ? sur le circuit, chacun est seul), il y avait des milliers de gens qui avaient intérêt à ce que tu trébuches. C’étaient les jeux du cirque, et tu avais voulu être à cette place, en plein centre, en pleine lumière, tenant dans tes mains un précieux trésor que tous voulaient t’arracher. C’étaient les ferias, les lâchers de taureaux, la grande chasse sanguinaire au trophée. Il fal‐lait être rusée, calculatrice, parfois méchante, pour le conserver. Ou très pure et très innocente.
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J’avais treize ans et j’écoutais du heavy metal, j’étais tout le temps en colère et je tenais à le faire savoir : j’avais achevé ma mue en panneau publicitaire ambulant après avoir recouvert ma veste en jean de stickers Iron Maiden, Sepultura, AC/DC, Megadeth ou Pearl Jam. Je restais dans ma chambre, caressais la lame d’un couteau qu’on m’avait offert et rêvais à de grands holocaustes qui apaiseraient ma soif de destruction. Je passais des après‐midi à regarder en boucle des cassettes vidéo : le concert de Metallica à Moscou en 1991, deux mois avant la disparition de l’Union soviétique, devant environ un million de personnes, la foule en délire et les policiers russes un peu débordés qui frappaient à coups de matraques tout ce qui bougeait, des concerts piratés d’Iron Maiden, des lives à Donington enregistrés sur MTV. J’avais acheté pour cent quatre‐vingts francs une cassette vidéo du documentaire sur l’enregistrement du Black Album de Metallica, que j’avais visionnée des centaines de fois. Je me couchais le soir en me repassant les images du film que je connaissais par cœur, y apportant une unique et modeste modification : je m’incluais dans le tableau et par la magie du rêve, j’étais moi aussi pré‐ sent dans le studio d’enregistrement et partageais une bière avec James Hetfield, tapait des high five avec Bob Rock et gratifiait mes amis nocturnes de solos de guitare de toute beauté.
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C’est aussi ce qui fait la plus grande joie de la lecture : entrer en résonance avec des personnages étrangers à soi, des groupes sociaux et des époques qui ne sont pas les siens, et se laisser porter dans cet espace‐temps indéterminé dans lequel on peut soi‐même devenir une aventurière intrépide, un homme politique rongé par l’ambition, un séducteur en proie à la culpabilité, etc. Les romans ouvrent la fenêtre vers ces autres univers et nous permettent d’y vivre en pensée, d’imaginer ce qu’aurait pu être notre existence.
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Et puis en 1989, une jeune joueuse a débarqué sur le circuit que tu n'avais pas vue venir. Horrible. Moche. Trop maigre (aucune femme ne devrait être aussi maigre, pensais-tu). Trop petite, d'une taille ridicule par rapport à Steffi. Indécente avec ses cris de porc qui dérangeaient tout le monde et puaient le vice. Une femme ne devrait pas crier comme ça. Seize ans.
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Dans les locaux du Collège Franco-britannique de la Cité internationale universitaire de Paris, Olivier BARROT reçoit David ROCHEFORT pour son premier roman, "La paresse et l'oubli" (édition Gallimard). L'ouvrage décrit le passage à l'âge adulte d'un adolescent, dans les beaux quartiers de Neuilly. de brèves images d'illustration ponctuent l'entretien.
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