Estérel. le nom sonne comme une caresse. Un doux mistral qui viendrait vous envelopper délicatement. Une promesse de refuge, une rade méritée après une éreintante traversée. Des odeurs de thym, de lavande et de marjolaine.
Le port, c'est un EHPAD,
La rude traversée, c'est la vie.
Pendant un an,
Gilles Rochier partage, en voisin, la vie de pensionnaires grabataires dans les circonstances de confinement morbides que l'on sait.
Les pages reproduites et scotchées d'une éphéméride sur un fond irrégulier de couleur à la craie bleu ciel ponctuent le récit. Elles ouvrent chaque séquence en y précisant le contexte.
Le dessin occupe l'espace sans contours, anarchiquement. Rehaussé parcimonieusement d'un crayonné noir, le graphisme mélange au crayon gras le bleu et le rouge sur un fond blanc hypnotique.
Entre non-dit et pudeur,
Gilles Rochier décrit le vide existentiel de certaine journée, la solitude de la vieillesse, s'interroge sur le sens de la vie malgré le dévouement du personnel. Les résidents n'apparaissent qu'en pointillé dans le récit même s'ils en sont les protagonistes.
L'EHPAD est un « pays » dont les frontières sont hermétiques une fois franchies...et on aurait aimé en savoir plus.