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EAN : 9782876530164
150 pages
La Table ronde (03/05/1988)
4/5   3 notes
Résumé :
Après avoir embrassé les idéaux et la violence de Mai 68, le jeune Daniel Rondeau est parti travailler en usine en Lorraine. Il voulait " disparaître pou renaître, autrement, dans la brutalité ouvrière ".
Manœuvre de force ou emballeur, la révolution qu'il appelait de toutes ses forces et de toute son âme ne viendra pas. L'essentiel est ailleurs, dansl'éthique et la foi. Le peuple est un secret. Rondeau le déchiffre sur des visages, dans des tournures et des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Nous haïssions la démocratie formelle. Nous vénérions le peuple. Nous nous acharnions à découvrir sur les lèvres des sans-voix des principes de raison. leurs balbutiements nous protégèrent de nous-mêmes." (p. 48)

Ce temps de retrait et de pause forcée... nous permet, entre mille choses, de
revisiter nos rayonnages et de redécouvrir "nos oubliés"... Ainsi, en rangeant des étagères en hauteur, j'ai retrouvé ce texte de la jeunesse engagée de Daniel Rondeau, qui alla volontairement, comme moult étudiants, travailler en usine. Il avait 20 ans...C'était "Mai 1968"...

"Totor était l'ancêtre de notre petite bande. Quarante-trois ans de travail, à la même place, l'avaient façonné.Tout d'une pièce, sans fioritures, à la fois rond et carré, râblé et court sur pattes, bougon, imprégné d'esprit
maison sans avoir en rien renoncé à son individualisme, c'était Gabin en bleus de travail. "(p. 87)

Des descriptions bienveillantes envers les ouvriers qu'il a côtoyés pendant ces années personnelles de formation en "milieu prolétaire" !...Très surprise et heureuse de découvrir cet aspect de l'oeuvre de Daniel Rondeau...Très engagé dans l'histoire du monde ouvrier... Je ne regrette qu'une chose... que cet ouvrage choisi ait attendu " ma lecture" tant de temps, de façon totalement injustifiée !

"Ces trois kilomètres, répétés quatre fois par jour, me dérouillaient l'esprit. j'avais voulu venir au peuple ?
J'y étais. Ce parcours était ma voie royale. Il menait tout droit à un compagnonnage épais et parfois fraternel"

Une très belle surprise ( à retardement) sur cette thématique de ces soixante-huitards, partant travailler à l'usine...pour comprendre et défendre le monde ouvrier, oublié. J'en ai lu un certain nombre, mais j'avais négligé celui-ci !

Un livre très personnel, plein d'enthousiasme dans les premiers temps... écrit des années après son vécu...Surgit inévitablement une sorte de forte désillusion mélancolique...

"Cette sortie d'usine coïncida avec l'auto-dissolution de la Gauche prolétarienne. J'étais deux fois dehors. Nos belles idées refroidissaient d'un seul coup. Les événements leur avaient mis du plomb dans l'aile. L'énergie ne m'avait jamais fait défaut. Après cette douloureuse matinée, j'en manquais. J'imaginais difficilement l'avenir.
J'avais tenté d'être un militant concret de la démocratie directe. Je retrouve aujourd'hui dans Péguy une citation qui nous serait allée comme un gant: "Nous voulions qu'un assainissement du monde ouvrier, remontant de
proche en proche, assaînit le monde bourgeois et ainsi toute la société, et la cité même." (" L'Enthousiasme", Quai Voltaire, mai 1988, p. 128)

Très heureusement surprise d'avoir fait connaissance avec cette part engagée de l'auteur. Je regarderai ses autres écrits touchant l'histoire ouvrière !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Qu'avions-nous fait ? Nous étions entrés dans les usines avec notre orgueil dans la poche. Nous avions rabaissé notre caquet. Dépouillés de tout, pauvres comme job, nous avions fait montre de solides vertus, à la française, pour conquérir le ciel sur la terre. Soljenitsyne, au moment où un lampiste de la CGT. ouvrait le portail de Permali, refermait avec fracas les portes d'un rêve depuis longtemps défigué. L'histoire , repartant dans un autre sens, liquidait cette vieille succession nommée révolution. Le gauchisme, avait-on dit, était la maladie infantile du communisme. Maladie infantile, mais mortelle. Ce fut notre dernier tribut à la politique. (p. 129)
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Je profitais largement de cette marche qui m'emmenait vers l'usine. Le grand air achevait de me réveiller. Le vent de l'est me tannait le coeur, je me simplifiais. J'étais intégralement libre. J'éprouvais chaque jour les bienfaits du dressage que je m'imposais. Je gagnais de la force. Je me rabotais. (p. 82)
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Totor était l'ancêtre de notre petite bande. Quarante-trois ans de travail, à la même place, l'avaient façonné. Tout d'une pièce, sans fioritures, à la fois rond et carré, râblé et court sur pattes, bougon, imprégné d'esprit maison sans avoir en rien renoncé à son individualisme, c'était Gabin en bleus de travail. (p. 87)
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Je commençais à songer à de plus rudes décors. Notre vie ne me convenait plus. Allais-je rester pour toujours un commis voyageur de la colère, qui rentrait le soir à Paris boire avec ses amis et dormir dans un lit tiède ? Non pas . Notre action n'avait qu'une logique: l'usine. Je voulais poser ma tête sur le billot des établis, disparaître pour renaître, autrement, dans la brutalité ouvrière. Nous avons rassemblé nos affaires dans une cantine, salué Mme Leblanc, notre concierge, sans faire de phrases, et un soir de juin pris la route des aciéries de l'Est. J'avais vingt-ans. (p. 27)
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nous haïssions la démocratie formelle. Nous vénérions le peuple. Nous nous acharnions à découvrir sur les lèvres des sans-voix des principes de raison. leurs balbutiements nous protégèrent de nous-mêmes. (p. 48)
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Videos de Daniel Rondeau (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Rondeau
Daniel Rondeau vous présente son ouvrage "Arrière-pays" aux éditions Grasset. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2254081/daniel-rondeau-arriere-pays
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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