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EAN : 9782226188526
196 pages
Albin Michel (01/10/2008)
3.85/5   10 notes
Résumé :

De la porcherie au poulailler, du ball-trap au canard vivant aux sophistications de l'insémination artificielle, des violeurs de dindons aux gaveurs, des élevages de 100000 dindes à ceux de 30000 vaches, c'est un voyage au pays de la chair que nous propose Marie Rouanet. Il fallait sa plume tranchante et son regard sans concession pour nous mener dans l'enfer des élevages, et dans l'intelligence glacée de la science.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre est un précurseur du végétarisme, mais malheureusement je ne pense pas que les carnivores convaincus se dirigent vers ce genre de lecture.
Et pourtant, il le faudrait…

Mauvaises nouvelles de la chair » ne nous cachent rien des méthodes indignes d'élevage industriel ni des conditions d'abattage des animaux,

Comme m'a fait remarquer une personne du site qui m'est très chère,
« Après l'obligation du service militaire, on devrait instaurer l'obligation de l'usine à viande ».

Une chose est certaine, après la lecture de ce livre, vous ne considérerez plus jamais de la même façon les rayons boucherie ou charcuterie, vous imaginerez forcément toute la souffrance qui se cache derrière.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le premier porcelet frétillant vient au monde, tout de suite doté d'un vif regard, le nez chercheur, courant sur ses petites pattes de rat. Bientôt, la mère est entourée du fourmillement de ses petits. Truies et gorets sont d'une propreté de bonbon à la guimauve. Un éclairage doux baigne une porcherie qui sent bon-il ne faut d'ailleurs plus dire porcherie mais nurserie.
La fermière en tenue stérile, paisible et compétente, surveille soigneusement. Elle inscrit sur une ardoise, à la craie au-dessus de chaque nid-ou berceau-le nombre de porcelets et le modifie, au fur et à mesure des changements, décès ou augmentation lorsque l'on confie à une truie moins prolifique des petits venus d'une autre qui en a trop pour le nombre de ses tétines.
A deux heures, le porcelet est édenté. Sinon il pourrait blesser sa nourrice et, devenu adulte, ses compagnons de destin.
Dans les quarante-huit heures, tant qu'il est sous la protection du colostrum, il est équeuté. Le petit-ou gros-cochon à la queue en tire-bouchon n'existe plus. Si l'on vous sert au restaurant une queue de porc aux lentilles, vous trouverez une queue toute droite. Mais qui regarde son assiette en songeant que le morceau de viande qui la remplit vient d'un animal vivant ?
Le petit tortillon, dépourvu de terminaisons nerveuses, pourrait être mordu-ou du moins mordillé-plus tard par une camarade de captivité. C'est tentant ce petit machin qui remue quand on s'ennuie. Mais si une goutte de sang arrivait à la plaie, le jeu se transformerait en cannibalisme. Donc équeutage de la partie vrillée. Il protège le porc de ses mauvais instincts. Vous avez quoi contre la camisole physique ou chimique ? contre la lobotomie ? Vous ne voulez pas être protégé contre vous-même ? Comment ? Ah ! Orange mécanique et Vol au-dessus d'un nid de coucou. Je vois. Vous êtes un idéaliste. Donc un obscurantiste. Ne sommes-nous pas chez les cochons ?
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Les anciennes Pythies s'exprimaient par énigmes, souvent brèves et délicates à interpréter. Les nouvelles feignent la limpidité et écrivent en lettres menues, en énumération interminable la liste des composants. Cela procure une sensation soulageante de clarté. On peut se demander si elles sont vraiment lues, si leur présence seule ne suffit pas à rassurer par leur côté exhaustif. Dextrose de blé, sirop de glucose de blé, conservateur E250, antioxydant, nitrate de potassium, salpêtre, ascorbate de sodium, E301. S'ils étaient mauvais pour la santé, les nommerait-on ?
Se laisser bercer d'illusions, en redemander, dans la musique ambiante, au frais l'été, au chaud l'hiver. Ne pas penser, au moins ne pas penser.
Car la connaissance est contraire au confort de l'âme. La saucisse, je la vois sortir à soixante kilomètres à l'heure des usines de Bretagne où l'élevage intensif a pollué toutes les nappes phréatiques. Les côtelettes d'agneau bêlent dans ma tête comme je les entends bêler dans les camions qui les emportent vers les élevages ou vers l'abattoir, c'est moins grave. Une cuisse de dinde aussi grosse qu'un gigot d'agneau ? Je vois le mâle reproducteur renversé sur les genoux du branleur, son regard noir hébété. Je vois l'éclair de la mort dans l'oeil du dindon de Noël. Taches sombres aux pattes des poulets : ulcères des crispations sur le grillage. Brochettes : on a utilisé les poulets blessés. Carrés de potage faits avec les carcasses des pondeuses. Jambon de poulet : la chair bouillie des volailles innombrables a été pressée, amalgamée, puis tranchée en manière de jambon blanc.
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C'est cet ami qui m'alerta sur la ressemblance du gavage avec un viol. Et sur le fait que ceux qui le pratiquaient vivaient des émotions ambiguës et malsaines. Cet entonnoir qui pénètre, cette bouillie qui fait gonfler un rejeton monstrueux...
- Autrefois, seules les femmes gavaient. Accroupies, elles serraient l'animal entre leurs cuisses...
Il raconte comment leur main faisait couler la nourriture de haut en bas d'un geste qui ressemblait à une caresse sur le cou long et musculeux. Comment ne pas penser à l'homme, comment ne pas penser avec l'entonnoir à ce qu'elles avaient si longtemps subi sans s'imaginer qu'elles puissent s'y dérober : recevoir la semence à contrecoeur. Et elles continuaient à enfoncer le maïs.
- Comme si elles disaient : "Toi aussi, là, tu y passeras." Une sorte de vengeance par personne interposée. Sans qu'il y ait de mots, bien sûr.
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Je regardais, ces jours-ci, l'image d'une ouvrière chinoise endormie au milieu des morceaux de poupées qu'elle avait la charge de monter, bref repos durant une épuisante journée. Quand elle mourra, quelle aura été sa vie ? Et j'ose mettre, en face de cette vie de femme, celle des volailles dont elle se nourrit dont la chair garnit le sandwich qu'elle avale entre deux gestes pour assembler têtes et corps, jambes et bras, pour un euro la journée.
Misère sur misère, morceaux de poupées, morceaux de poulets. Lorsque l'on songe à la mort on ne peut que s'interroger sur la vie.
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A l'abattoir, le cochon doit peser quatre-vingt-dix kilos-cent au maximum. Les côtelettes doivent peser cent grammes et les filets ne pas dépasser sept à huit centimètres de diamètre. C'est l'exigence des supers et hypers qui affirment qu'il s'agit là du goût de la clientèle. On a tellement répété à l'acheteur qu'il désirait ces dimensions qu'au bout de quelque temps il le croit et répète que c'est cela qu'il lui faut.
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