L'auteur fait trois propositions sur le ton du pamphlet : la première se rapporte à la nécessité du repos prônée par la Bible, où Dieu se reposa après la Création. C'est le néolithique qui, empiriquement, après avoir éprouvé qu'une terre qui a donné une fois avec abondance s'épuise peu à peu, comprit l'intérêt de la jachère, jusqu'à ce que notre XXème siècle découvre qu'en l'empoisonnant, on peut la stimuler.
Jusque-là, j'ai imaginé avec enthousiasme pouvoir donner à lire cette oeuvre aux élèves de Seconde qui doivent étudier les discours et la littérature d'idées.
Cependant la deuxième proposition est le véganisme ou du moins le végétalisme. Impeccable argumentation et qui ne me fait pas cadeau des petites lâchetés comme trouver très bien ses idées et ne pas les appliquer. Or dans une région où les aficionados sont surreprésentés, où les domaines de chasse sont nombreux et les "omnivores" font 98,4% de l'effectif, je n'ai pas vraiment envie de me battre avec des parents d'élèves qui m'accuseront de faire "du prosélytisme" auprès de leurs enfants, ou avec les 0,6% de parents végans qui me reprocheraient d'avoir ôté du corpus ce si salubre chapitre 2 intitulé "Bien-être animal, bien-être des consciences" (j'y ai songé). Rouaud y fustige l'hypocrisie de ceux qui voudraient apporter des aménagements à cette pratique (l'équivalent du film bucolique aux sacrifiés de Soleil Vert) au lieu de l'interdire directement.
La troisième proposition, qui renoue avec la première, mais dans le domaine des retraites, est encore trop chaude d'actualité politique pour que je ne la tente dans ma profession. Elle s'appuie en tout cas à nouveau sur la Bible pour rappeler que ce sabbat est un jour où l'Humain n'est pas censé arriver complètement à bout : il doit pouvoir physiquement et mentalement, spirituellement, jouir de son repos ; elle plaide pour une refonte de la retraite, qui rappelle l'approche de
Friot, vue rapidement.
J'avais quelques préjugés sur
Jean Rouaud, sans l'avoir jamais lu, et le trouver en apôtre de la décroissance, voire du véganisme m'a stupéfiée. Mais les chiffres et les proportions cités sont impitoyables et si le jour du désastre est plus proche d'année en année, je pense qu'effectivement, suivre ces trois préconisations pourrait freiner les choses. Depuis Rousseau jusqu'à Rouaud, le nombre d'intellectuels qui ont fait dater du néolithique le début de la fin (dans des domaines très variés) est impressionnant. J'aimerais citer le tiers du livre, ce qui ne serait pas juste pour un opuscule de 42 pages, et illégal. Il me reste à conseiller de le lire à ceux qui s'intéressent aux thèmes évoqués ci-dessus, et aux autres éventuellement.
Lien :
http://aufildesimages.canalb..