Un court mais très enrichissant essai, écrit par, comme son nom l'indique, une « juge de trente ans ». Il a paru dans la collection « Raconter la vie » de
Pierre Rosanvallon puisque c'est bien de ça dont il s'agit : raconter le quotidien du magistrat.
Et à cet égard, tout y passe : de la première audience qui suscite bien des émotions et du stress, à la place des femmes dans la magistrature, en passant par les commentaires désobligeants des tiers, du comportement à adopter, de la tenue à porter, du vocabulaire à employer. C'est la vie du magistrat, sans artifice, que nous donne à lire
Céline Roux. Presque même sans trop peu d'artifices pour ceux qui y aspirent, il faut avoir fait déjà des stages peut-être pour s'être confronté à la réalité du métier sinon vous risqueriez bien d'être désemparés. Il y a des difficultés du métier qu'on imagine mais qu'on ne peut pas vivre sans entrer en fonction : la peur de l'erreur notamment, comment ne pas douter d'un jugement rendu quand on sait qu'il peut provoquer l'irréversible -à savoir la privation de liberté-. Il y a bien des procédures de dédommagement mais que signifie l'argent quand on vous a privé de votre vie pendant un temps ?
Dans ce récit, fonction oblige, l'auteure et magistrate est sobre et juste. Elle ponctue son récit d'anecdotes judiciaires et personnelles, tantôt touchantes, tantôt révoltantes. Son récit est très visuel : on l'imagine très bien dans le métro avec sa valise et ses sacs de dossiers. Les chapitres évoquent chacun un thème, chaque fois très parlant. Elle se révèle très humble dans son récit, révélant une humanité déconcertante que peu de gens attribuent, à tort, à la fonction de juge. C'est un être humain avant tout, avec de très belles mais aussi très grandes responsabilités.
En dépit d'un récit qui évoque bon nombre de difficultés, elle finit sur une note positive puisque ce métier, elle l'a choisi ; puisque de ce métier, selon ses propres mots, elle en retire plus que ce qu'elle ne donne.
Lien :
https://littecritiques.wordp..